Archives mensuelles : octobre 2014

L’Espagne, bastion du Lobby nucléaire

Santiago Vilanova *
Traduit d’espagnol en français par
Ivo Rens

 Prisonnier d’UNESA, l’association patronale des compagnies d’électricité, le Gouvernement du Premier ministre Rajoy prétend étendre jusqu’à 60 ans la vie utile des six centrales nucléaires.

Le général Franco, dictateur, et la Junte de l’Energie Nucléaire (JEN) créée en 1951 et contrôlée par des généraux putschistes, avaient prévu de construire 38 reéacteurs sur tout le territoire national. Leur objectif était de faire de l’Espagne l’une des grandes puissances nucléaires de la planète, de disposer de grandes quantités de plutonium militaire et d’entrer dans le club atomique (avec la permission du Pentagone). Pour le Etatsuniens, c’était là une bonne affaire : on vendait la technologie PWR (Pressurized Water Reactor) de la Westinghouse et la technologie BWR (Boiling Water Reactor) de la General Electric, on plaçait des crédits en dollars de la Chase Manhattan Bank et de la Eximbank et on offrait la maintenace scientifique et technologique. Au surplus, la Chevron se chargerait d’exploiter les gisements d’uranium localisés dans différentes régions d’Espagne (objectif entrepreneurial qui ne put aboutir grâce à l’opposition populaire et à celle des municipalités visées). Cette ambition du franquisme comportait, dans une certaine mesure, une cession de souveraineté au travers d’accords bilatéraux, du Traité d’amitié et de coopération et de l’installation de bases étatsuniennes sur le territoire espagnol.

Le Lobby nucléaire, héritier du franquisme.

 En dépit de la forte répression des antinucléaires et de la censure exercée sur les moyens de communication, ce plan nucléaire pharaonique – bien cararctéristique du mégalomane qu’était Franco, fasciné par l’impact des bombes atomiques sur Hisroshima et Nagasaki – ne put être mené à bien dans sa totalité. Au Pays basque (Euzkadi), la mobilisation des associations telles le Comité de défense d’une côte basque non nucléaire et l’action du groupe armé ETA empêchèrent l’entreprise électrique Iberduera de construire les centrales de Lemoniz, de Ea et de Deva. En Catalogne, les confréries de pêcheurs et d’agriculteurs parvinrent à freiner l’installation de deux réateurs à Ametlla de Mar, un des villages de pêcheurs les plus florissants du littoral de Tarragone, mais elles ne purent éviter la construction, à peu de distance de là, de la Centrale de Vandellos dans le golfe de San Jordi et de celle d’Ascó, sur l’abondant fleuve Ebro. Il y eut aussi une opposition aux projets nucléaires en Estrémadure, en Andalousie, en Navarre, en Galice et en Cantabrique. La lutte antinucléaire compta une victime, l’écopacifiste basque Galdys del Estal abattue par les tirs d’un garde civil le 3 juin 1979, lors d’une journée consacrée à la dénucléarisation d’Euskadi qui avait été organisée à Tudela, en Navarre.

La Junte de l’Energie Nucléaire et le Gouvernement de Carrero Blanco, dominée pendant les années 1960 par les technocrates de l’Opus Dei, se contentèrent d’imposer sept centrales nucléaires et un total de dix réacteurs : la Centrale de José Cabrera, à Zorita, province de Guadalajara, avec un PWR d’une puissance de 150 MW (le premier à être inauguré par Franco le 12 décembre 1968, et qui fut arrêté en 2006) ; la Centrale de Santa María de Garoña, dans la province de Burgos, avec un BWR de 466 MW, arrêté en 2013, mais qui pourrait être réactivé en 2015 ; la Centrale d’Almaraz, dans la province de Cáceres, avec deux réacteurs PWR de 980 et 984 MW ; la Centrale d’Ascó, dans la province de Tarragone, avec deux réacteurs PWR, respectivement de 1’032 et 1’027 MW, la Centrale de Cofrentes, dans la province de Valence, avec un réacteur BWR de 1’092 MW ; la Centrale de Vandellós, dans la province de Tarragone, avec un réacteur graphite-gaz de 450 MW, le seul représentant de la technologie française (arrêté en 1989 à la suite d’un grave incendie) et un PWR de 1’087 MW ; enfin, la Centrale de Trillo, dans la province de Guadalajara, avec un PWR de 1’066 MW.

Le coût financier brutal du plan énergétique initial et les grands besoins en uranium freinèrent les délires atomiques de l’Amiral Carrero Blanco. Néanmoins, le Lieutenant général Juan Vigón, directeur de l’Ecole supérieure de l’Armée et ministre de l’air des troisième et quatrième gouvernements de Franco, ainsi que le Général de division Eduardo Hernández Vidal et le Contramiral José María Otero Navascués (lequel présida la JEN de 1958 à 1974) considérèrent que le parc nucléaire civil était suffisamment important pour pouvoir disposer d’uranium enrichi et de plutonium dans les laboratoires spéciaux prévus dans un grand complexe qui serait construit à Cubo de la Solana (province de Soria). Pour camoufler le développement de l’arme nucléaire, on créa le Comité de recherches atomiques et la société secrète intitulée Etudes et patentes d’alliages spéciaux (EPALE). Au premiers rangs des scientifiques qui conseillèrent les militaires franquistes pour obtenir du plutonium figurèrent le professeur Paul Scherer, de l’Institut de physique de l’Université de Zurich (qui sera l’un des créateurs du CERN), Werner Heisenberg et Karl Wirtz de l’Institut Max Planck de Göttingen. Furent également en contact avec ces militaires, Samuel K. Allison, de l’Université de Chicago, et Bertrand Goldschmidt auquel le Général avait confié le soin d’isoler les premiers miligrammes de plutonium. (1)

L’ami américain

 La stratégie énergétique du franquisme pour contrer l’isolement international de la dictature fut d’ouvrir l’Espagne au marché nucléaire nord-américain en créant des entreprises électriques et des banques (Central, Banesto, Urquijo, Hispano-Americano…) dont les conseils d’administration étaient dans les mains de financiers qui avaient appuyé le coup d’Etat fasciste contre la République (comme le magnat Juan March qui domina la compagnie électrique FECSA – Forces Electriques de Catalogne – ou José María Oriol y Urquijo qui présida les sociétés Hidroelectrica Española et UNESA). L’appui du FMI, de la Banque mondiale et du Groupe Rockefeller à l’admission de l’Espagne au Nations Unies, le 14 décembre 1955, avait comme contrepartie une colonisation sans précédent (Accords hispano-nordaméricains ou Pacte de Madrid en 1953 et 1955 ; installations de bases étatsuniennes à Rota, Morón et Torrejón de Ardoz ; crédits pour la construction de centrales nucléaires et achat d’armements ; domination des secteurs énergétique et agricole par des succursales bancaires et des multinationales nordaméricaines)

Néanmoins, quand fut venue l’heure de la vérité, le Pentagone s’opposa brutalement à ce que l’Espagne accède au “Club atomique“ bien qu’elle eût investi des millions de dollars pour obtenir du plutonium. L’Amiral Luis Carrero Blanco, qui était destiné à succéder à Franco, aspirait à construire des sous-marins atomiques et, par conséquent, il se refusait à signer le Traité de non-prolifétaion nucléaire (TNP). La chose fut rapportée à Henry Kissinger, lors de la visite qu’il fit à Madrid le 19 décembre 1973, le jour précédant celui du décès de l’Amiral dans un attentat perpétré par l’ETA, attentat dans lequel certains analystes virent la main noire de la CIA. Se refusa également à signer le TNP le Président du Gouvernement dit “de transition démocratique“ (1976-1981) Adolfo Suárez qui, jusqu’en 1981, souhaitait doter la Force aérienne espagnole de bombes atomiques tactiques. (2)

Les pressions du Pentagone sur le Gouvernement socialiste de Felipe Gonzalez (qui opta pour l’adhésion à l’OTAN) aboutirent finalement, le 10 avril 1987, à ce que l’Espagne souscrive au TNP et renonce à son rêve atomique.

A l’époque, le modèle énergétique espagnol était déjà profondément dépendant de l’énergie nucléaire, surtout la Catalogne qui génère 17% du PIB espagnol et qui consomme 50% de l’énergie électrique produite dans les Centrales de Ascó et Vandellós.

La frauduleuse “transition démocratique“

 Les Pactes de la Moncloa, signés à Madrid le 25 octobre 1977 entre le Gouvernement d’Adolfo Suárez et les principaux partis politiques, dont le Parti communiste (qui ne s’opposa pas au contrat de fourniture à l’Espagne d’uranium enrichi passé entre la multinationale soviétique Techsnabexport et l’Entreprise nationale de l’uranium ENUSA) (3), ne modifièrent en rien les structures énergétiques héritées du franquisme et consolidèrent l’énergie nucléaire. On fit la sourde oreille aux exigences des organisations antinucléaires et écologistes qui demandaient un audit du secteur et un moratoire. Par ailleurs, la banque nordaméricaine voulait rentrer dans ses fonds en ce qui concerne les crédits qu’elle avait accordés pour la construction des centrales nucléaires et elle souhaitait continuer à dominer de l’extérieur ce secteur éminemment stratégique. (Les Etats-Unis aussi fournissaient de l’uranium enrichi à l’Espagne.)

Au fil des années, l’Entreprise nationale de l’uranium (ENUSA), créée en 1972, ainsi que Tecnatom, créée en 1957, s’étaient renforcées en intervenant dans les transactions internationales sur le nucléaire, tant dans la gestion et l’achat d’uranium enrichi que dans la fabrication de combustible et la prestation de services à divers pays, surtout latinoaméricains, allant jusqu’à exporter 65% de la production des assemblages de combustibles issus de son usine de Juzbado, dans la province de Salamanque.

Tels sont les antécédents du secteur énergétique espagnol, dirigé aujourd’hui par une oligarchie électrique qui, grâce à la complicité du Gouvernement Rajoy, a réussi à freiner le développement des énergies du soleil, surtout les centrales solaires et les parcs éoliens, de peur de perdre, avec ses ses privilèges, le négoce dérivé de l’électricité nucléaire (dominé par Endesa et Iberdrola) ainsi que celui du gaz naturel (monopolisé par Gas Natural-Fenosa).

Après l’arrivée au pouvoir du PSOE (Parti Socialiste Ouvrier Espagnol) en 1982, les programmes nucléaires ambitieux furent suspendus du fait de la pression des écologistes mobilisés par l’accident survenu dans la Centrale de Three Mile Island le 28 mars 1979 et du fait aussi de leurs coûts colossaux. Le Gouvernement de Felipe Gonzalez approuva un moratoire en 1984 puis, en 1991, le fonctionnement de sept Centrales fut paralysé. Il s’agissait des Centrales Lemoniz I et II, dans la province de Biscaye, Valdecaballeros I et II dans la povince de Badajoz, de Trillo I et II dans la province de Guadalajara, de Regodela I dans la province de Lugo et de Sáyago I dans la province de Zamora. Les pertes atteignirent 729’000 millions de pesetas de l’époque. Afin de compenser le lobby nucléaire, l’Etat introduisit en 1997, dans le cadre de son moratoire, une disposition qui permettait aux entreprises fournissant de l’électricité de répercuter sur les consommateurs les investissements consentis en prélevant, jusqu’en 2020, un pourcentage des factures d’électricité. En raison de la baisse des taux d’intérêt et du fort accroissement de la demande d’électricité qui se traduisit par l’amortissement anticipé de la dette contractée, ces prélèvements varièrent. Le pourcentage des factures d’électricité ainsi prélevé est passé de 1,72% à 0,33%, cependant que le délai d’amortissement était ramené à 2015.

Avec son moratoire, le PSOE a servi les intérêts stratégiques du lobby nucléaire ployant sous les coûts élevés que les nouvelles normes de sécurité de l’AIEA avaient imposées aux gérants des réacteurs et il a même sauvé quelques compagnies électriques qui se trouvaient au bord du gouffre.

La fermeture de la Centrale de Garoña

 Le syndrome de l’accident de Fukushima qui entraîna une réaction critique contre les centrales nucléaires dans quelques pays, comme l’Allemagne (qui décida une fermeture progressive de ses 17 centrales nucléaires jusqu’en 2022), ou comme l’Italie qui finit par tenir un referendum sur le nucléaire, sans oublier le combat écologiste des Suisses qui obtinrent la fermeture progressive de leurs réacteurs d’ici à 2034, ce syndrome donc n’eut aucun impact sur la politique énergétique de l’Espagne. L’ex-Président du Gouvernement, Felipe Gonzalez, embauché par Gas natural-Fenosa, déclara en 2006 au sujet du moratoire décrété par son Gouvernement, qu’il avait été décidé en raison des difficultés relatives au problème du stockage des déchets radioactifs ; mais, comme depuis lors, selon lui, ce stockage avait enregistré des améliorations technologique ( ?) il conclut : “Il faut reconsidérer le moratoire“. Bien que la libéralisation du secteur énergétique ne s’oppose pas à ce que les compagnies électriques puissent construire de nouvelles centrales en Espagne, ces compagnies s’en sont abstenues en raison de l’hostilité de l’opinion publique et de l’absence des incitations fiscales dont elles bénéficièrent dans le passé. Le patronat des électriciens espagnols, qui paraît réticent à appliquer à la lettre les mesures de sécurité exigées par l’Union européenne (les fameux “stress tests“) en vue de prévenir les accidents avec fusion du cœur du réacteur, comme ceux qui se sont produits à Fukushima, ce patronat donc a proposé au Gouvernement Rajoy de prolonger la vie des centrales en fonctionnement jusqu’à 60 ans, conformément aux instructions du lobby nucléaire nordaméricain et des multinationales Westinghouse et General Electric. Citons en exemple la société Nucleonor, à laquelle participent Endesa-Enel et Iberdrola, propriétaire de la Centrale de Garoña : elle a demandé au Ministère de l’industrie l’autorisation de remettre en route cette installation qui a été inaugurée il y a 43 ans et qui a cessé de produire de l’électricité fin décembre 2012. Cette société électrique souhaite prolonger la vie utile de sa Centrale jusqu’au 2 mars 2031, soit 17 ans de plus, moyennant le remplacement de son système de réfrigération.

Contrôlé par les nucléocrates, le Conseil de sécurité nucléaire est disposé à le lui permettre. Greenpeace et les organisations d’agriculteurs appréhendent les effets d’un accident grave qui contaminerait tout le bassin de l’Ebre et détruirait leurs productions vivrières. 140’000 hectares de terres irriguées seraient impactées ! Nucleonor rétorque qu’il y a, aux Etats-Unis, 23 centrales BWR semblables à celle de Garoña qui ont été autorisées à poursuivre leur production jusqu’à leur 6oe année. Si le Conseil de sécurité nucléaire espagnol suivait cet exemple, les bénéfices des sociétés électriques espagnoles dépasseraient 40’000 millions d’euros et l’Etat encaisserait 1’200 millions d’euros au titre de la taxe nucléaire.

Les pionniers du mouvement antinucléaire espagnol ont réagi en lançant un manifeste visant à fermer définitivement la Centrale de Garoña et à dénucléariser l’Espagne et l’Europe. Les signataires, dont Mario Gaviria (Navarre), José Allende (Pays basque), Pedro Costa Morata (Murcia), José Manuel Naredo (Madrid), Juan Serna (Extremadura), Josep Puig, Xavier Garcia et Santiago Vilanova (Catalogne), y font valoir, entre autres arguments, que le Consortium d’assureurs espagnols, un des plus anciens au monde, couvre certains risques nucléaires mais non point le risque d’une catastrophe nucléaire. Ils proposent aussi que l’Union Européenne suive “le modèle germano-danois fondé sur les énergies renouvelables en lieu et place du modèle nucléaire français qui est dans l’impasse.“

En Espagne, les dirigeants tant socialistes que membres de l’Alliance populaire restent attachés au lobby nucléaire. Dans l’Union Européenne, le parc nucléaire espagnol est celui qui enregistre le plus d’incidents et d’arrêts techniques, du fait surtout des Centrales d’Ascó et de Vandellos en Catalogne, responsables de 43% de tous les incidents du parc nucléaire espagnol. Le 19 octobre 1989, un grave incendie se déclara dans la Centrale de Vandellos I exploitée par la société hispano-française Hifrensa. Les combustibles usés de cette Centrale étaient envoyés en train à l’usine militaire de Marcoule (France) qui en extrayait de l’uranium hautement enrichi et du plutonium. Cet incendie aurait pu dégénérer en une catastrophe comparable à celle de Tchernobyl. Mais le cœur du réacteur ne fut pas atteint, de sorte que seule se produisit une pollution chimique due à la combustion de quinze tonnes d’huiles avec le PCB des transformateurs. En son temps, la Junte de l’Energie Nucléaire franquiste avait opté pour la filière française graphite-gaz dans le but évident de consacrer ses déchets aux applications militaires. Pere Duran Farell, l’industriel catalan qui construisit cette installation, d’entente avec le général de Gaulle, en retira pour son entreprise Hidroelectrica de Cataluña d’énormes bénéfices dus à des avantages fiscaux et à des crédits à taux très réduits. A présent, le démantèlement du réacteur est à la charge des consommateurs qui le paient sur leurs factures d’électricité et, en l’absence d’un Entrepôt Temporaire Centralisé de déchets nucléaires de haute radioactivité projeté à Villar de Cañas, dans la province de Cuenca, les déchets de Vandellos restent entreposés en France et ils coûtent à la ENRESA, l’entreprise étatique des déchets radioactifs, la somme de 65’000 euros par jour. Un incroyable gaspillage des deniers publics.

Les nucléocrates espagnols

Comme à l’époque franquiste, les media gardent le science sur les problèmes environnementaux et de sécurité du parc nucléaire espagnol. Les sociétés fournissant de l’électricité sont représentées dans les conseils d’administration des journaux les plus lus, comme La Vanguardia et El País, et elles investissent de grandes sommes dans la publicité. Il en va de même pour les télévisions publiques et privées où le débat sur le nucléaire brille par son absence. La plupart des déclarations des dirigeants antinucléaires ou écologistes sont censurées et, lorsqu’il leur arrive de publier un livre ou un essai critiquant l’énergie nucléaire, ce livre ou cet essai peine à se diffuser. Le Forum Atomique Espagnol, association financée par le patronat des sociétés fournissant de l’électricité, étend ses tentatcules dans tout l’espace médiatique. Les organisations antinucléaires n’ont d’autre choix que de recourir à Internet. Grâce à Internet, on a pu dénoncer sur les réseaux la connivence entre les grands partis politiques et l’oligarchie électrique : l’ex-Président du Gouvernement, Aznar, a été embauché par Endesa et l’ex-Président Gonzáles par le Gas naturel-Fendosa. En Catalogne, la Plateforme civique pour un nouveau modèle énergétique, coordination inter-organisations, a saisi le Ministère public anticorruption d’une dénonciation, munie de 40’000 signatures, demandant qu’une enquête soit menée sur la connivence entre les partis politiques et les principales entreprises énergétiques du pays. Quelque chose de semblable se produit au Japon depuis l’accident de Fukushima pour que l’opinion publique s’oppose au redémarrage des 48 centrales nucléaires mises à l’arrêt. Tout comme le Conseil de sécurité nucléaire espagnol, l’Autorité nipponne de régulation nucléaire (NRA) est sous le contrôle des compagnies électriques.

J’ai entendu Amory Lovins dire ironiquement : “L’énergie nucléaire est l’énergie du futur dont le temps est passé.“ Mais ni Three Mile Island, ni Tchernobyl, ni Fukushima n’ont suffi à changer le cours et l’inertie du lobby atomique mondial, étroitement lié au nucléaire militaire. L’opinion publique est clairement opposée à ce que l’on continue à utiliser la fission pour produire de l’électricité, en raison de la dimension centralisée, policière et autoritaire de l’électronucléaire et surtout en raison des risques qui lui sont inhérents, nonobstant les rapports manipulés de l’OMS sur l’impact sanitaire de Tchernobyl et de Fukushima. Mais, paradoxalement, les structures politiques des Etats nucléaires sont corrompues et difficiles à renverser. Peut-être la création de nouveaux Etats dotés de constitutions écologiques fondées sur une démocratie participative pourra-t-elle déboucher sur une politique énergétique plus raisonnable axée sur le solaire. Les écologistes espagnols ont l’habitude de revendiquer le recours à des consultations populaires, comme le font la Suisse et la Suède, sur des questions aussi fondamentales que celle du modèle énergétique. C’est aussi ce que proposent les organisations écologistes indépendantes d’Ecosse et de Catalogne, nations qui ont entamé un processus sécessionniste de nature populaire et démocratique.

Au niveau mondial, les subventions annuelles aux énergies fossiles dépassent les 400’000 millions d’euros, tandis que les énergies renouvelables ne reçoivent que 70’000 millions d’euros. L’Espagne est un pays fort ensoleillé, mais l’Allemagne la dépasse par le nombre de mètres carrés de capteurs solaires thermiques pour les habitations. En 2010, les installations éoliennes et solaires espagnoles ont épargné 45’000 millions d’euros d’importation de combustibles fossiles ! Le négoce énergétique espagnol, qui brasse annuellement de 120 à 130’000 millions d’euros, commençait à chanceler. Aussi le Gouvernement Rajoy servit-il sur un plateau aux compagnies électriques un décret qui a réduit les subventions aux énergies solaires et lourdement imposé fiscalement l’autonomie énergétique. Des milliers d’investisseurs y ont perdu leur épargne tandis que les énergies éolienne et solaire enregistrèrent un grave recul. Le gaz naturel en a été le principal bénéficiaire. Il en est résulté que la surcapacité industrielle fondée sur l’électricité et le gaz naturel permet à Endesa et à Gas Natural-Fenosa de procéder à des investissements et à des exportations de gaz excédentaire vers le Japon, la Corée du sud et l’Argentine.

En Espagne, le débat sur le nucléaire se trouve marginalisé en raison du manque de volonté politique du Gouvernement Rajoy qui masque la gravité de la situation économique et la corruption politique, problèmes aux grandes résonances médiatiques, auxquels s’ajoutent le chômage alarmant, la pénurie énergétique qui affecte des milliers de familles et le conflit relatif à la consultation sur l’indépendance de la Catalogne. A moins qu’un grave accident ne se produise dans l’une des centrales nucléaires en fonctionnement – ce que personne ne souhaite – il faut espérer que s’impose un modèle énergétique unifié à l’échelle européenne qui mise sur les énergies renouvelables et la fermeture progressive des centrales nucléaires. Toutefois, la nomination de Miguel Arias Cañete, ancien ministre du Gouvernement Rajoy, comme Commissaire européen chargé de l’énergie et du changement climatique, n’augure rien de bon car il paraît disposé à défendre l’énergie nucléaire sous le faux prétexte de freiner la dérive climatique.

Abstraction faite des circonstances politiques partisanes, l’Espagne aurait pu prendre la tête de la révolution solaire, mais elle est restée vassalisée au lobby nucléaire mondial. C’est le dictateur Franco qui l’y a attachée et bien attachée. Mais les antinucléaires, dont je suis, ne perdent pas l’espoir et nous poursuivrons notre combat pacifique pour une Europe dénucléarisée.

(*)            Journaliste et écrivain.
Président de l’Association “Una Sola Terra“.
Co-fondateur de “Els Verde-Alternativa Verda de Catalunya“.
Seul écrivain européen à avoir consacré un ouvrage à chacun des trois accidents majeurs de l’industrie électronucléaire :

El sindrome de Harrisburg, Chernóbil, el fin del mito nuclear, et Fukushima, el declive nuclear.

  • Santiago Vilanova, “La bomba atómica de Franco. Los objetivos militares de la energía nuclear en España“, Libres de l’Index, Barcelona, 2011.
  • “Espagne. Le gouvrenement sohaiterait disposer de la bombe atomique“, Le Monde, 24.08.1979.
  • L’accord entre l’Entreprise nationale de l’uranium (ENUSA) et Techsnabexport fut négocié par le président de ENUSA, Juan Basabe, et le président de la multinationale soviétique, Yeugeni Zahkov, il a été approuvé par le président de la Junte de l’énergie nucléaire espagnole, le lieutenant général Jesús Olivares Baqué. Le contrat, qui dépassait les 400 millions de dollars, fut ratifié en 1979 par le Gouvernement d’Adolfo Suárez. Il prévoyait que pour chaque 450 tonnes d’uranium naturel qu’ENDESA enverrait en URSS, la société Techsnabexport lui rendrait 75 tonnes d’uranium enrichi. C’est un article du directeur du département des pays occidentaux du Ministère du commerce extérieur de l’URSS, Vladimir Simakov, rapporté par la délégation à Moscou de l’agence EFE, qui dévoila ce contrat.
  • “J’ai pris la responsabilité du moratoire nucléaire il y a vingt et quelques années pour deux raisons : la sécurité et l’accablante responsabilité inhérente à l’impossibilité d’éliminer les déchets radioactifs. Mais les circonstances ont changé grâce à la sécurité due au perfectionnement technologique des installations et aux avancées substantielles dans la gestion des déchets. C’est pourquoi nous devons reconsidérer le moratoire.“ (El País, 21.10.2006. Déclaration de l’ancien Président du Gouvernement Felipe Gonzáles à l’Assemblée générale du Club de Madrid du 20 octobre 2006.

 

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España, Bastión del “Lobby“ Nuclear

Santiago Vilanova (*)

 

El Gobierno Rajoy se halla “secuestrado” por UNESA, la patronal eléctrica, y pretende alargar hasta 60 años la vida útil de las seis centrales nucleares.

 

 

 

El dictador general Francisco Franco y la Junta de Energía Nuclear (JEN), creada en 1951 y controlada por generales golpistas, había previsto construir 38 reactores nucleares en todo el territorio nacional. El objetivo era convertir España en una de las grandes potencias nucleares del planeta, disponer de grandes cantidades de plutonio militar y entrar en el club atómico (con permiso del Pentágono). Para los norteamericanos aquel negocio resultaba redondo: se vendía la tecnología PWR (Pressurized Water Reactor) de la Westinghouse y BWR (Boiling Water Reactor) de la General Electric; se concedían los créditos en dólares del Chase Manhattan Bank, Citicorp y Eximbank y se ofrecía asesoramiento científico y tecnológico. La Chevron se encargaría también de explotar los yacimientos de uranio localizados en diferentes regiones españolas (objetivo empresarial que no logró gracias a la oposición popular y de los ayuntamientos afectados). En cierta medida esta ambición del franquismo comportó una cesión de soberanía mediante acuerdos bilaterales, el Tratado de Amistad y Cooperación y la instalación de bases norteamericanas en territorio nacional.

 

-El “lobby” nuclear, heredero del franquismo-

 

A pesar de la fuerte represión a los antinucleares y de aplicar la censura en los medio de comunicación el faraónico plan nuclear- más propio de un megalómano como era Franco impresionado por el impacto de las bombas atómicas sobre Hiroshima y Nagasaki- no pudo llevarse a cabo en su totalidad. En el País Vasco (Euskadi) la movilización de asociaciones como la Comisión de Defensa de una Costa Vasca no nuclear y la acción del grupo armado ETA impidió que la eléctrica Iberduero construyese las centrales de Lemóniz, Ea y Deva. En Cataluña las cofradías de pescadores y agricultores lograron frenar la instalación de dos reactores en la Ametlla de Mar, una de las poblaciones pesqueras más florecientes del litoral de Tarragona, pero no pudieron evitar la construcción de la central de Vandellòs en el golfo de Sant Jordi, a pocos kilómetros, y la de Ascó, a orillas del caudaloso río Ebro. Hubo también oposición antinuclear en Extremadura, Aragón, Andalucía, Navarra, Galicia y Cantabria contra otros proyectos nucleares. La lucha antinuclear se cobró una víctima, la ecopacifista vasca Gladys del Estal que murió por disparos de un guardia civil el 3 de junio de 1979 durante una jornada contra la nuclearización de Euskadi que se organizó en Tudela (Navarra).

 

La Junta de Energía Nuclear y el Gobierno de Carrero Blanco, dominado durante la década de los 60 por tecnócratas del Opus Dei, se contentaron con imponer siete centrales nucleares y un total de diez reactores: José Cabrera, en Zorita (Guadalajara),un PWR con una potencia de 150 MW (el primer que fue inaugurado por Franco el 12 de diciembre de 1968, y clausurado en el 2006); Santa María de Garoña, en Burgos, un BWR de 466 MW, clausurado en 2013 pero que podría reabrirse en el 2015; Almaraz, en Cáceres, dos reactores PWR de 980 y 984 MW; Ascó, en Tarragona, dos reactores PWR de 1.032 y 1.027 MW respectivamente; Cofrentes, en Valencia, un BWR de1.092 MW; Vandellós, en Tarragona, con un reactor de grafito-gas de 480 MW, el único de tecnología francesa (clausurado en 1989 después de un grave incendio) y otro PWR de 1.087 MW y Trillo, en Guadalajara, un PWR de 1.066 MW.

 

El brutal coste financiero del plan energético inicial y la necesidad de una gran demanda de uranio frenó los delirios atómicos del almirante Carrero Blanco. Sin embargo el teniente general Juan Vigón, director de la Escuela Superior del Ejército y Ministro del Aire del tercer y cuarto gobierno de Franco, así como el general de división Eduardo Hernández Vidal y el contralmirante José María Otero Navascués (que presidió la JEN de 1958 hasta 1974) consideraron que el parque nuclear civil ya era suficiente para lograr disponer de uranio enriquecido y plutonio en los laboratorios especiales previstos en un gran complejo que se construiría en Cubo de la Solana (Soria). La “tapadera” para desarrollar el arma nuclear fue la creación de la Junta de Investigaciones Atómicas y la sociedad secreta Estudios y Patentes de Aleaciones Especiales (EPALE). Entre los científicos que asesoraron a los militares franquistas para obtener plutonio hay que destacar al profesor Paul Scherrer, del Instituto de Física de la Universidad de Zürich (que sería impulsor del CERN); Werner Heisenberg y Karl Wirtz del Instituto Max Planck de Götingen. Otros contactos a lo largo de los primeros años fueron Samuel K. Allison, de la Universidad de Chicago, y Bertrand Goldschmidt, en quien De Gaulle había confiado para aislar los primeros miligramos de plutonio (1).

 

-El amigo americano-

 

La estrategia energética del franquismo para superar el aislamiento internacional de la Dictadura fue abrirse al mercado nuclear norteamericano y crear empresas eléctricas y bancos (Central, Banesto, Urquijo, Hispano Americano…) cuyos consejos de administración estaban regidos por militares y financieros que habían apoyado golpe fascista contra la República (como el magnate Juan March que dominó la compañía eléctrica Fecsa -Fuerzas Eléctricas de Cataluña- o José María Oriol y Urquijo que fue presidente de Hidroeléctrica Española y UNESA). El apoyo del FMI, del Banco Mundial y del grupo Rockefeller al ingreso de España en las NN.UU. el 14 de diciembre de 1955 fue a cambio de una colonización sin precedentes (acuerdos hispano-norteamericanos o Pacto de Madrid en 1953 y en 1955; instalación de las bases USA en Rota, Morón y Torrejón de Ardoz; créditos para la construcción de centrales nucleares y compra de armamento; sucursales bancarias y multinacionales norteamericanas dominando el sector energético y agrícola).

 

Sin embargo cuando llegó la hora de la verdad el Pentágono se negó rotundamente a que España ingresara en el “club atómico” a pesar de haber invertido millones de dólares en prepararse para obtener plutonio (el almirante Luis Carrero Blanco, que estaba destinado a suceder a Franco, aspiraba a construir submarinos atómicos) y en consecuencia se negaba a firmar el Tratado de No Proliferación Nuclear (TNPN). Así se lo transmitió a Henry Kissinger, durante su visita que el Secretario de Estado hizo a Madrid el 19 de diciembre de 1973, el día antes que el almirante falleciera en un atentado perpetrado por ETA (sobre el que algunos analistas vieron la mano negra de la CIA). Tampoco quiso firmar el TNPN el presidente Adolfo Suárez que antes de 1981 deseaba disponer de una bomba atómica táctica transportada por la fuerza aérea española (2).

 

Las presiones del Pentágono sobre el Gobierno socialista de Felipe González (que optó por el ingreso en la OTAN) hicieron que, finalmente, el 10 de abril de 1987 España subscribiese el TNPN y desistiera de su sueño atómico.

 

El modelo energético español estaba ya sólidamente dependiente de la energía nuclear (especialmente en Cataluña, autonomía que genera el 19% del PIB español, y consume el 50% de su energía eléctrica producida en las centrales de Ascó y Vandellós)

 

 

-La fraudulenta “Transición democrática”-

 

Los Pactos de la Moncloa firmados en Madrid el 25 de octubre de 1977 entre el Gobierno de Adolfo Suárez y los principales partidos políticos- entre ellos el Partido Comunista (que no se opuso al contrato de suministro de uranio enriquecido entre la Empresa Nacional del Uranio (ENUSA) y la multinacional soviética Techsnabexport) (3)- dejaron intactas las estructuras energéticas heredadas del franquismo y comportaron la consolidación de la energía nuclear. Las exigencias de las organizaciones antinucleares y ecologistas, que pedían una auditoría del sector y una moratoria, no fueron oídas. Por otra parte la banca norteamericana quería terminar de cobrar los créditos concedidos para la construcción de las centrales nucleares y deseaba seguir dominando desde el exterior un sector tan estratégico como el energético (los EE.UU. también suministraban a España uranio enriquecido)

 

Con los años la Empresa Nacional del Uranio (ENUSA), fundada en 1972, i Tecnatom, creada en 1957, se habían fortalecido actuando en el negocio nuclear internacional, tanto en la gestión y compra de uranio enriquecido hasta la fabricación de combustible y prestación de servicios a diversos países, especialmente latinoamericanos, exportando el 65% de la producción de elementos combustibles de su planta de Juzbado (Salamanca).

 

El sector energético español es consecuencia de estos antecedentes y de una oligarquía eléctrica que hoy, gracias a la connivencia con el Gobierno Rajoy, ha logrado frenar el desarrollo de las energías del sol (especialmente centrales solares y parques eólicos) temerosa de perder sus privilegios y el negocio derivado de la electricidad nuclear (Endesa e Iberdrola lideran el sector) y del gas natural (monopolizado por Gas Natura-Fenosa).

 

Tras la llegada al poder del PSOE en 1982 se suspendieron los ambiciosos programas nucleares por la presión ecologista (movilizada tras el accidente de la central de Three Mile Island el 28 de marzo de 1979) y por los colosales costes financieros que comportaban. El Gobierno de Felipe González aprobó una moratoria en 1984 y en 1991 se paralizaron las obras de siete centrales: Lemóniz I y II (Vizcaya), Valdecaballeros I y II (Badajoz), Trillo II (Guadalajara), Regodola I (Lugo) y Sáyago I (Zamora). Las pérdidas alcanzaron 729.000 millones de pesetas de la época. Para compensar al “lobby” nuclear el Estado aprobó en 1997 una disposición que permitía a las eléctricas cobrar hasta el 2020 un porcentaje para recuperar las inversiones a través de la factura que pagan los consumidores. Debido a la disminución de los tipos de interés y al fuerte aumento de la demanda eléctrica, en 2006 se modificaron los criterios de la moratoria, al amortizarse más rápidamente de lo previsto la deuda contraída. Así se disminuyó el porcentaje pagado en la factura eléctrica, pasando de un 1,72% a un 0,33% disminuyendo a su vez el plazo de amortización hasta el año 2015.

 

Con la moratoria el Partido Socialista Obrero Español (PSOE) sirvió los intereses estratégicos del “lobby” nuclear agobiado por los elevados costes de los reactores debido a las nuevas medidas de seguridad impuestas por la AIEA y rescató financieramente a unas compañías eléctricas que se hallaban al borde del colapso.

 

– El cierre de la central de Garoña-

 

 

El síndrome del accidente de Fukushima, que comportó una reacción crítica contra las centrales nucleares en algunos países de la Unión Europea, como Alemania (que ha optado por el cierre progresivo de sus 17 centrales nucleares hasta el 2022), o como Italia que acabó por realizar un referéndum nuclear, sin olvidar la lucha ecologista de los suizos que lograron el cierre progresivo de sus reactores hasta el 2034, no afectó a la política energética española. El ex presidente Felipe González, contratado por Gas Natural–Fenosa, ya dijo en el 2006 que la moratoria nuclear que decretó su Gobierno se debió a las dificultades de resolver el problema de los residuos radiactivos, cosa que ahora, según el líder socialista, ha mejorado tecnológicamente (?) “Hay que replantear la moratoria”, vaticinó (4). Sin embargo la liberalización del sector energético no impide que las compañías eléctricas puedan construir nuevas centrales nucleares en España, aunque con la opinión pública contraria y sin poder recibir las ayudas fiscales que tuvieron en el pasado les ha hecho desistir.

 

La patronal eléctrica española, que no parece querer aplicar a fondo las propuestas de seguridad exigidas por la UE (los llamados “test stress”) para prevenir accidentes con fusión del núcleo como los ocurridos en la central de Fukushima, ha propuesto al Gobierno Rajoy alargar la vida de las centrales que funcionan hasta 60 años, siguiendo las instrucciones del “lobby” nuclear norteamericano y de las multinacionales Westinghouse y General Electric. Un ejemplo lo tenemos en Nucleonor (participada por Endesa-Enel e Iberdrola), titular de la central de Garoña, que ha presentado al Ministerio de Industria la solicitud para renovar el permiso de funcionamiento de la planta inaugurada hacer 43 años y que dejó de producir electricidad a finales de diciembre de 2012. La eléctrica pretende ampliar la vida útil de la instalación hasta el 2 de marzo de 2031, es decir, 17 años más, cambiando todo su sistema de refrigeración.

 

El Consejo de Seguridad Nuclear, controlado por los nucleócratas, está dispuesto a darle luz verde. Greenpeace y las organizaciones de agricultores temen los efectos de un accidente grave que destruiría toda la cuenca del río Ebro y arruinaría sus cosechas. ¡140.000 hectáreas de regadíos resultarían afectadas! Nucleonor responde que hay 23 centrales BWR en Estados Unidos parecidas a la de Garoña que han logrado el permiso para seguir produciendo hasta un período de vida de 60 años. La reforma eléctrica propuesta por el Gobierno Rajoy comportará  impuestos  a hidroeléctricas y nucleares de 1.200 millones de euros al año, pero la contrapartida, la prolongación de la vida útil de las centrales nucleares hasta los 60 años, supondría un regalo de más de 40.000 millones de euros.

Los pioneros antinucleares han reaccionado lanzando un manifiesto para cerrar definitivamente Garoña y desnuclearizar España y Europa. Mario Gaviria (Navarra), José Allende (Euskadi), Pedro Costa Morata (Murcia), José Manuel Naredo (Madrid), Juan Serna (Extremadura), Josep Puig, Xavier Garcia y Santiago Vilanova (Cataluña), entre otros, recuerdan, entre sus argumentos, que el Consorcio de Seguro Español, uno de los más antiguos del mundo, cubre ciertos riegos de catástrofes nucleares, pero no cubre el riesgo de una catástrofe nuclear. También proponen para la UE “el modelo alemán-danés.nórdico basado en las energías renovables como alternativa al fracaso del modelo francés nuclearizado”.

 

En España socialistas y populares siguen atados al “lobby” nuclear. Su parque nuclear es el que registra más incidentes y paradas técnicas de la UE, especialmente las centrales de Ascó y Vandellós en Cataluña (registran el 43% de todos los incidentes del parque español). El 19 de octubre se cumplirán 25 años del grave incendio en la central de Vandellós I, explotada por la sociedad hispano-francesa Hifrensa, y cuyos residuos eran enviados en tren al centro militar de Marcoule (Francia) para obtener uranio altamente enriquecido y plutonio. El incendio pudo haber provocado una catástrofe del mismo nivel de la ocurrida en Chernóbil. Pero el núcleo no quedó afectado y únicamente se produjo una polución química debida a la quema de quince toneladas de aceites con PCB de los transformadores. La Junta de Energía Nuclear franquista había optado por la tecnología francesa de grafito-gas con la clara intención de derivar los residuos hacia la vertiente militar. El industrial catalán que pactó la instalación con el general De Gaulle, Pere Duran Farell, logró para su empresa,Hidroeléctrica de Cataluña (Hidruña), que tenía una participación de un 23% en Hifrensa, enormes beneficios fiscales y créditos a muy bajo interés. Ahora el desmantelamiento del reactor se financia con las facturas eléctricas de los consumidores y a falta de un Almacén Temporal Centralizado de residuos de alta radiactividad (proyectado en Villar de Cañas, Cuenca) los residuos de Vandellós siguen almacenados en Francia y cuestan a ENRESA, la empresa estatal de residuos radiactivos, 60.000 euros al día. Un despilfarro increíble de dinero público.

 

– Nucleócratas españoles-

 

Los problemas ambientales y de seguridad del parque nuclear español están sometidos, como en la época franquista, al silencio de los grandes medios informativos. Las eléctricas tienen presencia en los consejos de administración de los periódicos más leídos, como “La Vanguardia” y “El País”, e invierten grandes sumas de dinero en publicidad. Lo mismo ocurre en las televisiones públicas y privadas donde el debate nuclear es inexistente. Las principales voces de los líderes antinucleares y ecologistas están censuradas y cuando se llega a publicar algún libro o ensayo crítico contra la energía nuclear no recibe ninguna divulgación significativa. El Fórum Atómico Español, asociación financiada por la patronal eléctrica, extiende sus tentáculos por toda el espacio mediático. A las organizaciones antinucleares no les queda otra alternativa que acudir a Internet. Gracias a ello se ha podido denunciar en la red la connivencia entre los grandes partidos políticos y la oligarquía eléctrica (el ex presidente Aznar ha sido contratado por Endesa y el ex presidente González trabaja al servicio de Gas Natural-Fenosa). En Cataluña la coordinadora de entidades agrupadas en la Plataforma Ciudadana para un Nuevo Modelo Energético, con el apoyo de 40.000 firmas, ha presentado una denuncia ante la Fiscalía Anticorrupción para que investigue la connivencia entre los partidos políticos y las principales empresas energéticas del país. Algo parecido a lo que está ocurriendo en Japón después del accidente de Fukushima para lograr cambiar la opinión popular contra la puesta en marcha de las 48 centrales nucleares paralizadas. La Autoridad de Regulación Nuclear (NRA) nipona, como el Consejo de Seguridad Nuclear español, está bajo el control de las compañías eléctricas.

 

“La energía nuclear es la energía del futuro cuyo tiempo ya pasó”, oí decir irónicamente a Amory Lovins. Pero ni Three Mile Island, ni Chernóbil, ni Fukushima han servido para cambiar el rumbo y la inercia del “lobby” atómico mundial, estrechamente vinculado a los usos militares de la energía nuclear. La opinión pública es claramente contraria a que se siga produciendo electricidad mediante la fisión por los riegos que comporta- a pesar de los informes manipulados de la OMS del impacto sanitario de Chernóbil y Fukushima- y por su gestión centralizada, policial y autoritaria. Pero la paradoja es que las estructuras políticas de los Estados nucleares están corrompidas y son difíciles de derrumbar. Tal vez la creación de nuevos Estados, con Constituciones ecológicas basadas en una democracia participativa, puedan gestionar su política energética de forma más razonable y a favor de un modelo basado en las energías del sol. Los ecologistas españoles suelen reivindicar la fórmula de acudir a consultas populares como lo hacen Suiza y Suecia para cuestiones tan trascendentales como el modelo energético. Es lo que proponen también organizaciones ecologistas independentistas en Escocia y Cataluña, naciones donde se ha iniciado un proceso secesionista de base popular y democrática.

 

Las subvenciones a las energías fósiles a nivel mundial superan anualmente los 400.000 millones de euros mientras que las renovables sólo reciben 70.000 millones de euros. España es un país con fuerte radiación solar y sin embargo Alemania la supera en metros cuadrados de instalaciones solares térmicas en las viviendas. ¡En el 2010 las plantas eólicas y solares españolas redujeron la importación de combustibles fósiles en 45.000 millones de euros! El negocio energético español, de 120 a 130 mil millones de euros al año, empezaba a tambalearse. Y el Gobierno Rajoy sirvió en bandeja a las eléctricas un decreto que ha recortado las subvenciones a las energías del sol y creado fuertes impuestos para detener el autoconsumo. Miles de inversores han perdido sus ahorros y las energías eólica y solar han sufrido un grave retroceso. El gas natural ha sido el gran beneficiado. Tanto es así que la sobrecapacidad del sistema eléctrico y de gas natural permite el negocio de Endesa y Gas Natural-Fenosa en forma de inversiones y exportaciones de gas  sobrante a Japón , Corea del Sur y Argentina

 

El debate nuclear en España se halla aparcado debido a la falta de voluntad política del Gobierno Rajoy y a que lo enmascaran la gravedad de la situación económica y la corrupción política, problemas de gran impacto mediático a los que hay que añadir el alarmante paro, la pobreza energética que afecta a miles de famílias y el conflicto de la consulta sobre la independencia de Cataluña.

De no producirse un accidente grave en alguna de las centrales nucleares en funcionamiento – que nadie desea- habrá que esperar la evolución que tenga un modelo energético europeo unificado que opte por las renovables y el cierre progresivo de las nucleares (aunque el nombramiento de Miguel Arias Cañete, ex ministro de Agricultura del Gobierno Rajoy, como Comisario de Energía y Cambio Climático no augura nada bueno ya que parece estar dispuesto a defender la energía nuclear con la falsa excusa de frenar el cambio climático).

 

España que, prescindiendo de coyunturas políticas partidistas, podía haber liderado la revolución solar sigue siendo un feudo del “lobby” nuclear. Como hemos visto el dictador Franco lo dejó atado y bien atado. Pero los antinucleares no perdemos la esperanza y seguiremos nuestro pacífico combate en defensa de una Europa desnuclearizada

 

(1) Santiago Vilanova, “La bomba atómica de Franco. Los objetivos militares de la energía nuclear en España”, Llibres de l´Índex, Barcelona, 2011.

 

(2) “Espagne: Le gouvernement souhaiterait disposer de la bombe atomique”, “Le Monde”, 24-VIII-1979.

 

(3) El acuerdo entre la Empresa Nacional del Uranio (ENUSA) y Techsnabexport se gestó en 1974 entre el presidente de ENUSA, Juan Basabe, y el presidente de la multinacional soviética, Yeugeni Zahkov, siendo corroborado por el presidente de la Junta de Energía Nuclear española, el teniente general Jesús Olivares Baqué. El contrato sería ratificado en 1979 por el Gobierno de Adolfo Suárez y superaba los 400 millones de dólares. En él se acordó que por cada 450 toneladas de uranio natural que ENUSA enviara a la URSS la sociedad Techsnabexport devolvería al Gobierno español 75 toneladas de uranio enriquecido. El contrato se desveló gracias a un artículo del director del departamento de países occidentales del Ministerio de Comercio Exterior de la URSS, Vladimir Simakov, recogido por la delegación de la agencia Efe en Moscú durante el verano de 1977.

 

(4) “Yo tomé la decisión de la moratoria nuclear hace veintitantos años por dos razones: la seguridad y el agobio y sobre responsabilidad que suponía la imposibilidad de eliminar los residuos radiactivos. Pero esas circunstancias han cambiado gracias a la seguridad, con la mejora tecnológica de las instalaciones, y los avances sustanciales en la gestión de los residuos por lo que debemos replantearla”. (“El País”, 21-X-2006. Declaración del ex presidente Felipe González en la Asamblea General del Club de Madrid del 20 de octubre de 2006).

 

Santiago Vilanova

 

Periodista y escritor

Presidente de la asociación Una Sola Terra

Cofundador de Els Verds-Alternativa Verda de Catalunya

Único escritor europeo que ha escrito tres ensayos sobre los tres grandes accidentes de la industria electronuclear: “El síndrome de Harrisburg”, “Chernóbil: el fin del mito nuclear” y “Fukushima, el declive nuclear”

 

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Arrêtez Fessenheim !

  • C.S.F.R. (Comité pour la Sauvegarde de Fessenheim et de la plaine du Rhin)
  • STOP FESSENHEIM
  • Alsace Nature
  • STOP TRANSPORTS – HALTE AU NUCLEAIRE
  • ALTER ALSACE ENERGIES

 

Communiqué de presse de vendredi 10 octobre 2014

 

Les deux réacteurs de la centrale nucléaire de Fessenheim sont à nouveau arrêtés simultanément !

Ne les redémarrons plus !

 

Alors que depuis le 27 septembre le réacteur n°1 de la centrale nucléaire de Fessenheim est en arrêt prolongé pour rechargement de combustible, jeudi 2 octobre, le directeur de la centrale nucléaire annonçait en fin de CLIS un «arrêt programmé» très bref pour le week-end du réacteur n°2 pour une banale opération de maintenance suite à une « légère surconsommation d’eau ».  Un nouveau coup de « com » du directeur nous faisant croire à de la transparence, après avoir – lors de la CLIS du 2 octobre – débité de longues phrases «calculées et préparées» pour nous faire croire que lors de l’incident du 9 avril 2014 sur le réacteur n°1 il n’y avait eu aucune négligence humaine !

Comment une opération de remplissage d’un réservoir menée par l’équipe de conduite à un rythme bihebdomadaire peut se réaliser pendant 37 ans sans anomalie et que le 9 avril dernier, la même opération entraine une inondation interne et la nécessité d’arrêter en urgence le réacteur sans qu’il puisse y avoir une défaillance humaine ?

Toujours est-il que le très bref «arrêt programmé» sur le réacteur 2 se prolonge et qu’il n’est pas prévu un redémarrage avant le 15 octobre prochain …

Il est grand temps d’arrêter cet acharnement sur ces vieilles chaudières atomiques à bout de souffle et de plus en plus dangereuses.

De telles négligences successives dans la conduite de la centrale nous amènent à de grandes inquiétudes, car derrière tout cela « se cache le diable » qui se nourrit de l’erreur humaine, de la vétusté de l’installation et de l’enchaînement des événements non prévisibles.

Ces derniers incidents sur les très vieux réacteurs atomiques de Fessenheim, toujours sous perfusions techniques et financières, toujours inondables et vulnérables aux séismes puissants et rapprochés, rappellent, même aux incrédules et inconscients, que cette installation est toujours une source de dangers inacceptables pour tous les habitants de la région du Rhin supérieur.

Continuer à investir dans cette centrale, pour satisfaire l’orgueil et la « doctrine » de l’industrie nucléaire française et de quelques élus-marionnettes locaux, c’est jeter l’argent des Français par les fenêtres, qu’il serait bien plus judicieux d’investir dans la maîtrise de nos consommations et de l’efficacité énergétique.

En France, commencer par ne plus redémarrer les deux « très vieux » réacteurs de Fessenheim est la seule voie responsable à l’égard des générations futures.

 

Le CSFR, Stop Fessenheim, Stop Transports – Halte au Nucléaire, Alsace Nature et Alter Alsace Energies demandent que cet énième arrêt simultané des réacteurs soit enfin transformé en arrêt définitif.

 

 

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