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Mises en garde de l’ASN concernant l’enfouissement des déchets radioactifs et la fusion des cœurs de réacteurs

Hugues Henri

Source : Academia

https://www.academia.edu/35742843/CHRONIQUES_ANTI-NUCLEAIRES_MISES_EN_GARDE_DE_LASN_CONTRE_LENFOUISSEMENT_DES_DECHETS_RADIOACTIFS_ET_LA_FUSION_DES_COEURS_DE_REACTEURS

 

Dans un avis daté du 8 janvier et publié le 9 février (2015) sur son site Internet, l’Autorité de sûreté nucléaire (ASN) recommande que les recherches “soient approfondies” dans les domaines du conditionnement des déchets nucléaires, de l’enfouissement en profondeur des déchets, du transport de substances radioactives et des accidents nucléaires graves. Ce document signé de la direction collégiale de l’ASN met en évidence des carences dans la gestion des déchets radioactifs, révèle des incertitudes sur la viabilité du projet Cigéo * d’enfouissement des déchets nucléaires les plus dangereux dans l’Est de la France et souligne la fragilité des réacteurs nucléaires face à un accident grave.

La gestion désordonnée des déchets nucléaires

L’ASN rappelle qu’il existe une grande variété de déchets radioactifs parmi lesquels certains sont mal répertoriés, dont on ignore le contenu radioactif et chimique et pour lesquels il n’existe pas encore d’emballage disponible. Un problème aigu qui concerne certains déchets produits par le passé. Entre 1966 et 1998, des déchets de l’usine de La Hague (Cotentin) d’Areva * ont été stockés en vrac dans sept installations nucléaires. Ces déchets mal connus doivent maintenant être repris et conditionnés. L’ASN estime que les déchets radioactifs “destinés à être stockés dans une installation de stockage encore à l’étude doivent faire l’objet de recherches sur leur comportement en stockage”. L’Autorité considère aussi que l’on en sait peu sur “le comportement à long terme des colis de déchets en conditions de stockage”, ainsi que sur “le comportement à long terme en stockage de matières radioactives qui ne sont pas aujourd’hui considérées comme des déchets”, comme les combustibles au plutonium (MOX).

Par ailleurs, l’Autorité souligne un manque de compréhension sur “le comportement des déchets de boues bitumées”, des déchets inflammables. Elle note aussi que les connaissances doivent progresser sur la production d’hydrogène – un gaz inflammable et explosif, au sein des “colis” de déchets nucléaires (et particulièrement les déchets contenant du bitume). Or le projet Cigéo * prévoit l’enfouissement à 500 mètres sous terre de dizaines de milliers de fûts de déchets radioactifs bitumineux qui présentent des risques d’incendie et d’explosion.

L’enfouissement des déchets nucléaires en question

L’ASN porte un regard sévère sur l’enfouissement des déchets nucléaires en profondeur, jugeant qu’il faut “mieux appréhender les différentes composantes de la sûreté à long terme du stockage”. Elle constate des zones d’ombre autour des “phénomènes physico-chimiques, biologiques, mécaniques et thermiques au sein d’un stockage” et demande le développement de travaux “en vue de la gestion réversible d’un stockage”. L’ASN s’interroge également sur “la transmission des compétences, des savoirs et de la mémoire sur des échelles de temps appropriées”. Beaucoup d’inconnues persistent donc sur les risques liés à l’enfouissement des déchets les plus radioactifs, que l’Agence nationale pour la gestion des déchets radioactifs (Andra)* voudrait démarrer dans dix ans, en 2025.

Fusion des cœurs de réacteurs : l’ASN confirme la vulnérabilité des réacteurs en service

En ce qui concerne les accidents nucléaires graves sur les réacteurs existants et futurs, l’ASN affirme que les données recueillies à ce jour “présentent encore de grandes incertitudes quant à la capacité à prévenir la fusion du cœur”. Des interrogations qui s’étendent à la capacité de la cuve à résister au combustible en fusion, à la tenue de l’enceinte de confinement, ainsi qu’à l’efficacité de la filtration des rejets radioactifs dans l’environnement en cas d’accident grave. L’Autorité rejoint les conclusions de l’Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire (IRSN)* sur la vulnérabilité des réacteurs lors d’un accident de fusion, auxquelles le Journal de l’énergie a récemment consacré un article.

Commentaires

La situation n’évolue guère en France en ce qui concerne les réponses urgentes à rechercher et à mettre en œuvre pour les deux problèmes principaux posés par le tout nucléaire : La question primordiale du retraitement des déchets hautement radioactifs à vie longue, vis-à-vis de laquelle, la pseudo solution de l’enfouissement profond se révèle inappropriée et dangereuse y compris selon l’ASN qui prend enfin position en énonçant clairement les limites et les dangers de cet enfouissement. C’est avec circonspection et de manière nuancée que cet avis a été rendu mais sur le fond, la cause est enfin entendue, l’ASN recommande sinon l’abandon du projet de l’ANDRA, tout du moins de prendre au préalable toutes les précautions pour permettre un retour en arrière et la gestion réversible du stockage, c’est-à-dire que si cette gestion de l’enfouissement se révélait problématique pour ne pas dire désastreuse, il sera impératif de stopper net l’enfouissement et de procéder à une autre forme de retraitement ou de stockage, selon la forme et la nécessité impérative que cela prendrait.

L’autre question qu’il faut traiter impérativement, c’est la question du risque de fusion du cœur de réacteur nucléaire en cas d’arrêt de refroidissement, qui pourrait survenir dans nombre de réacteurs anciens même après le « grand carénage » promis par EDF* pour remettre les centrales françaises de plus de trente ans d’âge aux normes post-Fukushima. L’IRSN a produit un rapport démontrant que ce risque d’accident majeur existait, qu’il y avait une forte probabilité qu’il advienne à une échéance imprévisible. Là encore, l’ASN ne fait que confirmer ce que l’IRSN a déjà affirmé et cela corrobore cet état de fait dénoncé par Greenpeace et Réseau Sortir du Nucléaire: en France, l’Etat a choisi d’ignorer ce risque majeur d’une catastrophe nucléaire avec fusion du cœur du réacteur, comme cela s’est déjà produit à Three Miles Island aux USA en 1978, à Saint Laurent des Eaux en 1980, à Fukushima en 2011. Les cuves en ciment et celles en acier des réacteurs des vieilles centrales françaises à eau pressurisée ont dépassé leur durée de vie de 30 ans garantie par leur concepteur, l’américain Westinghouse. Elles ont été bombardées par des isotopes hautement radioactifs qui ont ébranlé leurs structures moléculaires, provoquant d’innombrables microfissures dans le béton et dans l’acier. On ne peut pas changer cela, c’est impossible, il faut arrêter ces réacteurs et les démanteler, puis réhabiliter les sites. C’est à cela que se sont attelés les autorités et les industriels allemands de l’énergie. Très récemment, le gouvernement allemand par la voix de sa ministre sociale démocrate de l’énergie a demandé fermement à Ségolène Royal de définir au nom du gouvernement français les dates et modalités d’arrêt et de démantèlement de la centrale nucléaire de Fessenheim dans le Bas Rhin, conformément aux engagements de François Hollande pendant la campagne présidentielle de 2012. Cette démarche sera certainement perçue par certains milieux franchouillards et chauvins comme une sorte d’incongruité malvenue et même comme une ingérence inqualifiable de la part d’un membre d’un gouvernement étranger, qui lui s’est engagé résolument dans la sortie du nucléaire. Il n’empêche que cette démarche démontrait aussi l’inquiétude des populations allemandes frontalières avec l’Alsace envers cette centrale nucléaire dont tous les voyants sont au rouge en tant que doyenne de toutes les autres centrales françaises. Il semble qu’il ne soit pas certain que malgré les engagements verbaux de ce gouvernement, Fessenheim soit bientôt arrêtée et démantelée, car Ségolène Royal s’est défaussée sur EDF pour la prise de décision qui aurait du lui revenir. Il faut que cela soit désormais tranché, quand Fessenheim sera-t-elle arrêtée et démantelée ? Quoi qu’il en soit, si un évènement tragique devait advenir dans l’une de ces centrales qui comme Fessenheim ont atteint leurs limites d’âge et de fiabilité, surtout s’il advenait un accident grave du type de la fusion d’un cœur de réacteur, ce gouvernement comme ceux qui l’ont précédé depuis 1975, date de la mise en route du “Tout nucléaire” en France métropolitaine devra en assumer toutes les conséquences. Il ne pourra, tout comme ses prédécesseurs pas échapper à sa mise en cause pour sa non prise en compte des risques majeurs générés par la perpétuation du tout nucléaire dans ce pays, ni pour celle d’avoir ignoré les mises en garde de l’IRSN et de l’ASN. Il est révélateur que les plans d’urgence pour parer à ce genre d’éventualités soit souvent dérisoires, les projections d’évacuation des populations riveraines des centrales ne concernent que des périmètres de dix kilomètres de diamètre, alors qu’ils furent étendus à plus de trente kilomètres pour Tchernobyl et Fukushima ; les stocks d’iode à distribuer en cas d’irradiation ne sont pas constitués dans les sites concernés ; les unités spécialisées dans l’intervention en milieu irradié n’existent pas encore et tout est à l’avenant. Nous sommes le pays qui détient le triste record d’avoir la plus grande densité de réacteurs nucléaires situés pour la plupart dans un rayon de moins de cent kilomètres des plus grandes agglomérations françaises et nous voyons se maintenir une situation d’enlisement dans le tout nucléaire, la part des énergies renouvelables et des “négawatts” restant inférieure dans notre pays à celle développée dans la plupart de nos voisins européens. Il ne suffit pas de proclamer une volonté toute formelle de réduire la part du nucléaire à 50% d’ici à 2025. Cette promesse n’a rien d’une certitude gravée dans le marbre quand l’on entend les atermoiements sur la question du nucléaire chez Ségolène Royal. Le dernier en date porte sur le remplacement des vieilles centrales par des nouvelles, or quand on voit les déboires de l’EPR aussi bien en Finlande qu’à Flamanville, il saute aux yeux qu’il y a un gros problème de maîtrise dans la construction de ces nouvelles centrales : maîtrise des coûts, maîtrise des délais, maîtrise des technologies. Pourquoi s’acharner encore et encore dans cette impasse en y consacrant autant d’argent, de moyens alors qu’il est évident que le nucléaire régresse chez tous nos voisins ? Tirons les bonnes conclusions au plus tôt, avant qu’il ne soit trop tard, qu’un Fukushima français arrive et irradie un ou plusieurs départements …

 

(*)

CIGEO : Centre industriel de stockage géologique.

AREVA : Ancien nom d’OURANO, spécialiste français du nucléaire.

ANDRA : Agence nationale pour la gestion des déchets radioactifs.

IRSN : Institut de Radioprotection et de Sûreté Nucléaire.

EDF : Electricité de France.

 

 

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Russia Has Captured Two-Thirds of the International Nuclear Power Construction Market

Source : Russia Insider

https://russia-insider.com/en/russia-has-captured-two-thirds-international-nuclear-power-construction-market/ri26722?ct=t(Russia_Insider_Daily_Headlines11_21_2014)&mc_cid=7553ffb1d2&mc_eid=db7da584e6

Source originaire : Check Point Asia

https://www.checkpointasia.net/russia-has-captured-two-thirds-of-the-international-nuclear-power-construction-market/

 

Checkpoint Asia is an excellent new site which scours the media for the best Asia news with a geopolitical focus, plus 1st-class original journalism ranging from Russia to China to the Middle East. Smart, incisive, and free of globalist baloney, by a super-talented former deputy editor of ours of many years.

 

 

By Nazrin Mehdiyeva (Checkpoint Aia)

 

Russia’s Rosatom has secured more orders to build nuclear power plants abroad than all other companies in the world combined.

 

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Rosatom is a strategic, vertically integrated and fully state-owned company,which manages the assets of the Russian nuclear industry at all stages of the nuclear fuel cycleRosatom is present in all segments of the civil nuclear market: from mining uranium deposits in Russia and abroad to producing nuclear fuel commodities through conversion and enrichment, and building reactors and power plants, often with bespoke technological solutions. The company coordinates the work of a large network of engineering, infrastructure and construction companies as well as research institutes and technology parks.

The president appoints Rosatom’s director general – in 2016, Putin appointed First Deputy Minister of Economic Development Alexei Likhachev to replace Sergei Kiriyenko, who was appointed First Deputy Chief of Staff of the Presidential Administration – and members of its supervisory board.

The company’s business strategy is developed based on the goals set by the state for the civilian branch of the Russian nuclear industry and approved by the government. One of Rosatom’s key goals in the current strategy is to increase its international market share and establish itself among the top three world leaders in every segment of the global nuclear market by 2030.

Indeed, since its creation in 2007 from the Russian Atomic Energy Ministry, the company has set itself on this path, consolidating its positions as a leading international player for nuclear technologies and generating substantial overseas revenue from nuclear power plant (NPP) construction, nuclear fuel fabrication and uranium enrichment.

As part of the industry reform, the company has benefitted from the “vertical integration”, which has enhanced Russia’s competitiveness in the global nuclear market by improving coordination in the activities of over 350 enterprises and organisations that comprise Rosatom, cutting costs and creating economies of scale. At the same time, the company’s close affiliation with the Russian state has offered distinct advantages that have propelled Rosatom’sglobal expansion.

Access to state funding has been a critical asset underpinning many of Rosatom’s projects and driving its rapid international growth. Estimates suggest that Rosatom underbids its Western competitors by between 20% and 50%, in large part thanks to government subsidies.

Consequently, it has successfully secured over 60% of recent global reactor sales and 67% of the world NPP construction market (in signed contracts and intergovernmental agreements).

The financial backing from the state has allowed Rosatom to offer large long-term loans to customers who under regular circumstances would not have been able to afford the high costs of NPP construction.

Not all has been plain sailing for Rosatom in its ambitious bid for rapid expansion. In South Africa, for instance, its plans were dealt a blow in 2017 after the High Court ruled to cancel a 2014 intergovernmental agreement to build eight nuclear reactors in the country. The agreement was deemed “unconstitutional and unlawful”; and in mid-2018, despite openings from Putin in a meeting with President Cyril Ramaphosa, South Africa proceeded to cancel all plans to add nuclear power by 2030. Nuclear power has been ruled out as too expensive and the government under Ramaphosa is now opting to generate additional electricity from natural gas, wind and other energy sources. Rosatomresponded quickly to such setbacks and the changing political environment, signing in January 2018 a hydro scheme in Mpumalanga, in what became its first energy contract in South Africa.

By the end of 2017, Rosatom’s 10-year portfolio of overseas orders amounted to $133.6 billion – more than the order books of all its Western competitors combined. The company expected to sign foreign contracts worth another $26 billion in 2018. In its global activities, Rosatom is focusing heavily on NPP construction: of the $133.6 billion portfolio of overseas orders, $97.6 billion are for power plant construction. Indeed, Rosatom has emerged as the undisputed market leader by the number of simultaneously implemented nuclear reactor construction projects: it is currently building (or has under contract) six reactors in Russia and 36 abroad.

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Un rapport sur le déclin irréversible de l’industrie nucléaire à l’échelle mondiale

par Annie et Pierre Péguin

 

La publication récente du rapport intitulé The World Nuclear Industry Status Report 2016 a donné lieu le 12 septembre 2017 à un débat organisé par Médiapart en vidéo mené par Jade Lindgaard avec Mycle Schneider, consultant international et coordinateur du rapport, et Juan C. Rodriguez, analyste financier, sur les bouleversements économiques et financiers à l’origine du déclin irréversible du nucléaire. Mediapart avait également invité un représentant de la direction d’EDF, ainsi que du Ministère de la transition écologique. Tous deux ont décliné.

On peut écouter ce débat très instructif sur le lien suivant :

https://www.youtube.com/watch?v=7JNUyBNToCk

Voici les commentaires que nous inspire ce débat en relation avec la situation particulière que nous vivons en France.

 

Le nucléaire mondial en déclin est en crise, ainsi :

La part du nucléaire dans la production mondiale d’électricité est passée de 17,6% en1995 à 10,7% en 2015 et ,si on parle d’énergie totale utilisée dans le monde : 2% vient du nucléaire 13% des renouvelables.

Le cours des actions des grands groupes s’effondrent. Westinghouse a déposé son bilan et mis Toshiba en difficulté, ils abandonnent leurs 2 centrales en construction aux Etats Unis. Quant à EDF et Areva la valeur dérisoire de leur cours en dit long ; EDF passe de 86€ à 11€ – et Areva de 81 à 4€….

Le nombre de réacteurs en fonctionnement diminue en 15 ans de 438 à 402 et leur âge moyen augmente (29 ans) du fait de la diminution de nouveaux projets. 58 réacteurs sont encore en construction (dont 21 en Chine), mais il n’y en a eu que 8 mis en chantier en 2016 et aucun cette année. Le temps moyen de construction est d’une dizaine d’années, mais certains d’entre eux le sont depuis plus longtemps.

Le cas de la chine est particulier, le seul pays à développer intensément le nucléaire, mais à développer encore plus les renouvelables qui dominent le nucléaire en production.

La Corée du sud ferme définitivement les centrales qui atteignent 40 ans de fonctionnement, et arrête 2 chantiers de réacteurs en cours.

En Europe occidentale, la Suisse interdit tout nouveau chantier rejoignant ainsi ses voisins, seule la France….

 

La France s’obstine

Elle dégage 8 milliards pour sauver EDF et AREVA de la faillite. Elle poursuit la construction de l’EPR malgré les malfaçons et défauts de fabrication d’Areva au Creusot. En particulier l’excès de carbone dans l’acier de parties essentielles du cœur constitue une menace de fragilisation et un risque accru.

Elle veut enfouir les déchets à Bure pour des centaines de milliers d’années, alors que notre civilisation n’a que quelques milliers d’années !

Elle avance sur les projets du CEA: Astrid à Marcoule et Iter à Cadarache.

Elle essaye de placer des EPR en Angleterre et en Inde à des prix de revient concurrencés par les renouvelables.

Elle est incapable de mettre l’argent néccessaire pour « rajeunir » et sécuriser les 58 réacteurs existants et veut les prolonger ne serait-ce que pour repousser le coût exorbitant de leur démantèlement.

Elle refuse de signer tout traité d’élimination des armements nucléaires.

 

Elle réprime les opposants

Chaque manifestation donne lieu a un déploiement impressionnant de policiers utilisant des grenades qui tuent (Vital Michalon à Malville) ou qui blessent gravement (Robin Pagès dernièrement à Bure).

Elle s’introduit chez les opposants pour confisquer leurs ordinateurs et anéantir leur travail. Areva lance des plaintes en diffamation et des procès pour user les militants et les décourager (Stéphane Lhomme, Coordination antinucléaire sud-est).

Elle prend ses dispositions pour gérer les conséquences d’un accident de façon non pas à mettre vraiment à l’abri les populations menacées, mais à sauver l’industrie et l’armement atomique, comme cela se passe en Biélorussie et au Japon (programme éthos, et pour cela la contamination est niée comme la dangerosité de la radioactivité, les responsables du lobby français jouant un grand rôle dans ce véritable crime contre l’humanité).

Depuis le début du nucléaire il n’y a pas eu de débat démocratique et les contestations, même importantes, sont systématiquement réprimées.

Faudra-t-il attendre la catastrophe qui nous menace pour arrêter cette folie ?

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Fermeture annoncée de 17 réacteurs : la transition énergétique pour ne pas avouer le délabrement avancé du parc nucléaire

Source : Observatoire du nucléaire – http://www.observatoire-du-nucleaire.org
Communiqué du 10 juillet 2017

 

L’annonce de fermer « jusqu’à 17 réacteur nucléaires » par le ministre Nicolas Hulot est présentée comme la mise en œuvre de l’objectif fixé par la Loi de transition énergétique de 2015, objectif confirmé par le nouveau Président de la République, à savoir 50% d’électricité nucléaire en France contre environ 75% aujourd’hui.

Or, en réalité, les autorités françaises et EDF ne veulent pas avouer que la baisse importante de la part du nucléaire n’est pas un objectif (M. Macron est tout aussi pronucléaire que son prédécesseur M Hollande) mais la conséquence d’une situation inextricable illustrée par deux données :

– le délabrement avancé du parc nucléaire français
– l’état catastrophique des finances d’EDF

Prolonger la durée de vie des réacteurs nucléaires nécessite de très lourds travaux qui coûtent des sommes gigantesques, de l’ordre de plusieurs centaines de milliards d’euros, bien plus lourdes que celles qu’EDF veut bien admettre.

Dans le même temps, EDF est confrontée à la baisse très importante et structurelle du prix de l’électricité en Europe, du fait d’une diminution continue de la consommation d’électricité depuis 2008 et de l’augmentation massive de la production d’électricité par des sources renouvelables à un tarif de moins en moins cher.

La réalité est donc que le parc nucléaire français n’est plus rentable, qu’EDF est incapable de financer sa rénovation et a fortiori de construire de nouveaux réacteurs comme démontré par les catastrophes industrielles et financières des chantiers EPR de Finlande (Areva) et Flamanville (EDF).

Cette situation illustre d’ailleurs le caractère totalement absurde du projet ruineux de construire deux EPR en Grande-Bretagne, l’Observatoire du nucléaire continue d’ailleurs de prévoir que ces réacteurs ne seront pas mis en chantier ou, au « mieux », pas terminés.

La France doit même se préparer à la fermeture de réacteurs bien plus nombreux que le chiffre de 17 mis sur la table dans un premier temps : la majorité des 58 réacteurs français sont dans un état déplorable et sont susceptibles de devoir être fermés dans les années à venir.

Il ne faut cependant pas oublier que, suite à la catastrophe de Fukushima, le Japon a fermé ses 54 réacteurs et à fonctionné plusieurs années avec 0% d’électricité nucléaire et avec une part très réduite depuis : si 130 millions de japonais peuvent se passer du nucléaire, il est évident que 65 millions de Français peuvent aussi le faire…

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Démantèlement reporté « de plusieurs décennies » : les dirigeants d’EDF veulent renvoyer les problèmes à… après leur mort !

 

Source :

http://www.observatoire-du-nucleaire.org/spip.php?article314

2juin 2016

 

En annonçant ce jour que EDF entend « décaler de plusieurs décennies » le démantèlement de ses réacteurs nucléaires, l’Autorité de sûreté nucléaire (ASN) se fait la porte-parole des dirigeants d’EDF qui, de toute évidence, n’ont pas le courage d’annoncer eux-mêmes la lâcheté de leurs décisions.

En effet, décaler de plusieurs décennies le démantèlement des réacteurs de première génération, ce qui implique d’ailleurs que ce sera aussi le cas pour les réacteurs actuels, revient à laisser ce terrible fardeau aux générations suivantes.

Depuis le début de l’ère nucléaire, les citoyens opposés à l’atome ont dénoncé cette industrie qui ne cesse de reporter dans le temps les problèmes insolubles qu’elle génère, comme ceux des déchets radioactifs et des réacteurs à démanteler.

Les quelques bénéficiaires de cette industrie malfaisante – alors que la quasi totalité de la population en est victime – veulent désormais aller jusqu’au bout de leur stratégie de défilement : reporter les problèmes… au delà de leur propre mort, afin de ne pas avoir à assumer la lâcheté de leurs actes.

Il est encore temps pour la population française de reprendre sa destinée en main et, sur le modèle des tribunaux de « justice et vérité », de faire comparaître les dirigeants successifs de cette industrie malfaisante et les politiciens qui les ont mis en place (à moins que ce ne soit l’inverse).

Enfin, si cela était encore nécessaire, cet aveu de lâcheté démontre qu’il est impensable de construire de nouveaux réacteurs nucléaires et que, en particulier, l’EPR de Flamanville ne doit jamais être mis en service.

En effet, le démantèlement d’un réacteur qui n’a jamais fonctionné, et qui n’est donc pas radioactif, est immensément moins problématique. Il peut même être conservé par exemple pour en faire un mémorial des ravages du nucléaire comme il en existe pour divers crimes et guerres.

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Genève veut forcer Paris à débrancher

par Christine Wuillemin
La Liberté/ Le Courrier
Mardi 8 mars 2016
LI-08-03-FJ-03

 

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Suisse Pour qui travaille l’IFSN ?

Editorial du numéro 102, mars 2015, du journal suisse Sortir du nucléaire par Marc Oran, député au Grand Conseil vaudois, membre du comité de « Sortir du nucléaire » et vice-président de l’Appel de Genève II

Est-il normal que l’Inspection fédérale de la sécurité nucléaire (IFSN), autorité fédérale de surveillance indépendante de la Confédération pour la sécurité des installations nucléaires en Suisse, puisse fermer les yeux sur les fissures de la centrale de Mühleberg, renoncer à prendre des mesures urgentes pour la protection de l’enveloppe du cœur de la centrale ? Est-il normal que Beznau I, le plus vieux réacteur du monde encore en fonction et qui vient de fêter ses 45 ans, soit autorisé à fonctionner encore durant 15 ans, voire davantage ?

M. Hans Wanner, directeur de l’IFSN, a-t-il entendu parler de Tchernobyl et de Fukushima ou alors, enfermé dans ses bureaux de Brugg (AG), est-il si confiant qu’il ne réalise pas les risques qu’il fait prendre à la Suisse, à l’Europe ?

Les personnes qui constituent des piquets silencieux et pacifiques devant les locaux de l’IFSN depuis la catastrophe de Fukushima du lundi au jeudi de 17h à 18h, soit depuis quelque 770 jours sont-elles de dangereux terroristes ? M. Wanner a-t-il le droit de faire appel aux forces de l’ordre pour les faire évacuer et de faire payer des amendes pouvant aller jusqu’à CHF 2’000.- aux vigies se trouvant sur le trottoir, soit sur le domaine public ? Je crois rêver ! Cela me rappelle un vieux règlement de police de la Ville de Lausanne (qui a heureusement été annulé depuis) interdisant aux automobilistes à la recherche de places de parc à la place Centrale de faire « des allées et venues inutiles » passibles d’amendes. Dans les années 70, c’était le lieu de travail des péripatéticiennes lausannoises !

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Sortir du nucléaire: Accorder la priorité à la baisse de consommation d’électricité

Jean-Philippe Scalbert, Ing.Dipl. Ecole Polytechnique Fédérale de Zurich

 

La sortie du nucléaire : oui mais quand ?

Une grande partie de la population Suisse se sent menacée par un danger imminent, car elle estime que l’accident nucléaire peut arriver demain, aussi bien en Suisse qu’en Ukraine ou au Japon. L’autre partie de la population ne ressent pas cette angoisse, car elle a confiance dans la capacité des responsables Suisses (et Français ?) à éliminer totalement le risque d’un accident nucléaire majeur sur notre territoire. Le conflit autour des centrales nucléaires est celui de deux croyances opposées donc à la base, presque une guerre de religions.

Actuellement les défenseurs du nucléaire imposent leur «religion» et soumettent leurs adversaires à un sentiment d’insécurité latent.

Et pourtant le peuple a décidé de préserver sa propre sécurité en votant pour la sortie du nucléaire en 2012. Mais les défenseurs du nucléaire ont repris les rennes en main :l’effet Fukushima s’estompe déjà, et autour du débat sur la Stratégie Energétique 2050, le gouvernement et les chambres fédérales semblent plus soucieux de prolonger la vie des centrales vieillissantes, de soutenir les modes de productions d’énergie renouvelables et même de promouvoir des produits très gourmands en électricité comme la pompe à chaleur ou la voiture électrique rechargeable (plug-in) que de se focaliser sur ce qui est vraiment l’essentiel : réduire la consommation.

 

La population se trouve dans la situation du fumeur qui sait qu’il se fait du mal, mais n’est pas en mesure d’arrêter de consommer. Si de nouveaux produits électriques s’imposent dans notre vie courante, la dépendance à l’électricité actuelle et celle du futur, sont telles qu’il ne sera pas possible de renoncer au nucléaire dans les délais fixés. Donc le peuple qui souhaite en majorité se libérer de son angoisse, n’arrive pas à agir en conséquence, tel le fumeur qui, en continuant à fumer, ne peut se départir de son angoisse de cancer du poumon.

Il faut donc définir une stratégie efficace, pour réduire la consommation dans les délais les plus courts et il faut expliquer cette stratégie de façon transparente et crédible jusqu’à ce que le peuple et ses représentants politiques soient prêts à se doter des moyens nécessaires.

 

Conflit d’intérêt entre la sortie du nucléaire et le CO2

Il est un fait indéniable que certaines stratégies de sortie du nucléaire (par exemple les centrales à gaz ou le couplage chaleur force) ont pour conséquence une augmentation de la production de CO2. D’autre part certaines stratégies de diminution des émissions de CO2 (par exemple pompes à chaleur et voitures électriques rechargeables) ont pour effet de retarder la sortie du nucléaire. Que faire face à ce conflit d’intérêt?

Les centrales nucléaires suisses étant situées sur notre territoire et l’accident nucléaire pouvant arriver demain, sortir du nucléaire est une décision souveraine, destinée à nous protéger d’un danger peut-être imminent. Par contre la production de CO2, elle, est globale, elle évolue lentement, et surtout, sa réduction ne dépend pas seulement de nous. Même des efforts drastiques en Suisse n’empêcheront pas les autres Etats de continuer ou non à produire leur quote-part de CO2 et l’effet de serre ne sera que très peu ralenti par nos efforts. Cette analyse montre donc clairement que la priorité est à accorder à la sortie du nucléaire, sans pour autant négliger les efforts de réduction des émissions de CO2. Et les solutions qui sont en mesure de contourner ou d’éviter le conflit d’intérêt entre sortie du nucléaire et réduction du CO2 sont, bien sûr, à favoriser.

 

Chercher une alternative à la production nucléaire, oui mais…

Lorsque le soleil ne brille pas et en l’absence de vent la production de courant solaire et éolien est quasiment nulle. S’il fait froid et sombre, il faut pourtant du courant électrique pour alimenter les chauffages électriques, y compris les pompes à chaleur, et également pour l’éclairage. Si les conditions climatiques sont défavorables, il n’est donc pas possible de renoncer au nucléaire pour couvrir les pointes de consommation! L’opinion publique n’est absolument pas consciente de ce fait.

Le stockage de l’énergie solaire et de l’éolien, est une condition incontournable pour assurer que ces techniques dépendantes des conditions climatiques contribuent vraiment à la diminution de la puissance de production nécessaire pour couvrir les pointes de consommation, Ce stockage doit donc être l’objet d’une recherche intense et centralisée et non pas d’initiatives plus ou moins isolées, comme à l’heure actuelle.

Et dans l’immédiat, il faut faire comprendre à la population que la photovoltaïque et l’éolien ne contribuent pour l’instant que très peu à la sortie du nucléaire et qu’il faut donc se focaliser de façon urgentissime sur les économies de courant. Chaque kWh non consommé est un risque de moins, échappe au conflit d’intérêt avec le réchauffement climatique, et rendra effectivement le nucléaire obsolète.

 

 

 

Réduction de la consommation : des paroles mais peu d’actes

Même la Confédération est ambiguë : il y a trente ans, elle a lancé le programme « RAVEL » (Rationelle Verwendung der Elektrizität) qui se concentrait sur les méthodes de réduction de la consommation électrique. Ce programme est plus ou moins retourné dans les tiroirs et le gouvernement et le parlement semblent se concentrer maintenant plutôt sur les problèmes de la production électrique que sur ceux de la consommation.

On se demande comment les objectifs d’économie de courant confirmés à la suite des débats du Conseils National sur la Stratégie Energétique 2050 de 3% jusqu’en 2020 et de 13% jusqu’en 2035 nous mènerons à substituer les 37% d’énergie électrique fournie actuellement par les centrales nucléaires ! Et le Conseil Fédéral délègue la responsabilité de ces économies non seulement aux Cantons mais en plus aux distributeurs de courant qui doivent baisser leur chiffre d’affaire pour bénéficier d’un bonus…

Le chauffage à résistance est remis en question à l’échelon cantonal, mais avec « des pincettes ». Par contre, personne ne met le doigt sur le gros consommateurs de courant électrique que sont les pompes à chaleur, déjà très répandues, et les voitures électriques, en passe de s’imposer sur nos routes.

Certaines industries extrêmement gourmandes en électricité passent au travers de mesures d’assainissement pour des raisons économiques. C’est le cas par exemple de l’industrie du ciment.

Le commerce en grandes surfaces n’est que rarement montré du doigt: Coop, Migros, Manor, Jumbo, Aldi et les autres s’équipent d’enseignes lumineuses rutilantes qui éclairent la lanterne des insomniaques. En été il règne dans les magasins des températures si basses qu’il faut prendre une veste pour y faire ses emplettes.

Les pouvoirs publics n’investissent que très peu dans les mesures de réduction de consommation électrique des bâtiments, de l’éclairage et des transports publics. Les statistiques cantonales, lorsqu’elles existent, le prouvent.

 

Le financement des mesures d’économie

On voit à quel point il est difficile à l’échelon cantonal de faire interdire les chauffages électriques à résistance. Tout ce qui tend à mettre un frein à la liberté individuelle et au commerce de produits utiles mais gourmands en électricité est mal accepté.

Mais l’Etat, tout libéral qu’il soit, sait parfois prendre ses responsabilités et devenir très dirigiste : il engage sur le dos du contribuable des sommes faramineuses pour des financements, dont on se demande s’ils seraient approuvés par le peuple, si le gouvernement et les chambres n’en avaient pas les compétences nécessaires.

C’est le cas notamment du nucléaire, par exemple pour distribuer des pastilles d’iode, pour les recherches sur le démantèlement des centrales, sur la prolongation de leur durée de vie, sur l’enfouissement des déchets. C’est aussi le cas pour d’autres domaines comme celui de la politique monétaire et financière de la Confédération. Citons-là le sauvetage des banques « too big to fail » ou le maintien de la parité du franc suisse. Dans le domaine de la santé également, de grosses sommes sont allouées aux subsides pour les primes d’assurance maladie ou pour distribuer des vaccins à la population. Toutes ces « mannes » sont distribuées dans un consensus à peu près général.

Et finalement, dans le domaine de l’approvisionnement en électricité, la production d’énergie renouvelable bénéficie de la rétribution à prix coûtant (RPC).

La Confédération ne devrait-elle pas pouvoir investir des sommes équivalentes dans le financement de mesures de réduction de consommation d’électricité sur l’ensemble du territoire et pour l’ensemble des usagers? Une baisse substantielle de la demande en électricité est la condition nécessaire et le chemin le plus rapide pour la sortie du nucléaire qui, rappelons-le, a été décidée pour protéger le peuple suisse contre un accident nucléaire. Or la protection de la population contre les catastrophes est une responsabilité nationale et ne doit pas être déléguée aux cantons et encore moins à des fournisseurs d’électricité.

 

Quelques propositions concrètes :

 

Remplacer les chauffages électriques et les pompes à chaleur par des chaudières à pellets

C’est bien ne dire que la moitié de la vérité que de taire que la pompe à chaleur est un chauffage électrique. Il suffit de faire le calcul suivant : un ménage de 2 personnes consomme par an en moyenne de 3 à 4000 kWh de courant électrique. Pour le chauffage d’une maison de 150 m2 aux normes actuelles, il faut 10 à 12000 kWh par an. Si le chauffage s’effectue avec une pompe à chaleur qui « pompe » 2/3 de cette énergie à l’environnement, elle aura besoin de 3 à 4000 kWh supplémentaires pour entraîner le compresseur électrique de la pompe à chaleur. Donc la consommation du ménage sera doublée… Même en admettant qu’elle soit alimentée uniquement par du solaire on aura un statu quo, et non une diminution. Si ce ménage prend sur lui l’équipement de panneaux solaire, c’est à l’éclairage et aux appareils ménagers et multimédias qu’il doit le consacrer, pas à une pompe à chaleur, si l’on veut diminuer vraiment la consommation. De manière générale l’électricité doit être réservée à l’alimentation d’installations qui ne peuvent fonctionner autrement qu’avec du courant électrique. Il faut donc le plus rapidement possible réduire le parc de pompes à chaleur, et décréter un moratoire pour leur installation dans des centrales de chauffages neuves, ou leur remplacement lorsqu’elles ont atteint leur durée de vie.

Il existe pour cela une solution de substitution vraiment efficace et neutre sur le plan de l’effet de serre : le chauffage au bois. Les chaudières à pellets ont atteint aujourd’hui un degré de maturité équivalent à celui des chaudières à combustibles fossiles et n’émettent pratiquement plus de poussières, contrairement à l’idée reçue. De plus le bois étant un combustible neutre quant à l’effet de serre, il permet de contourner le conflit d’intérêt cité plus haut.

 

Reprendre, actualiser et forcer le programme RAVEL et en subventionner les mesures

Pour les particuliers propriétaires de maison existantes, les mesures à appliquer et à subventionner seraient par exemple :

  • Remplacement de toutes les lampes à incandescences et halogènes par du LED ou de la basse consommation.
  • Redimensionnement des pompes de circulation de l’eau de chauffage
  • Remplacement accéléré de tous les appareils ménagers anciens par des produits économes

 

Pour le commerce, en plus:

  • Elever les températures dans les grandes surfaces et les centres commerciaux en été. Se limiter aux produits frais et ne pas descendre à plus de 6° en dessous de la température extérieure
  • Repenser les durées et les quantités d’air de ventilation
  • Equiper les enseignes lumineuses de lampes LED ou à basse consommation, rester un peu modeste dans les dimensions et les éteindre la nuit

 

Ce genre de mesures s’applique bien sûr à l’ensemble des bâtiments publics.

Le potentiel technique d’économies doit être exploité dans les installations techniques gérées par les pouvoirs publics, dans les transports publics ainsi que dans les entreprises du tertiaire, de l’artisanat et de l’industrie. Pour cela des études spécifiques et ciblées sont à initier dans les plus brefs délais et la réalisation des mesures techniques à mettre en œuvre en première priorité.

 

Il est indispensable et urgent de réfléchir sur la dimension du chantier, donc sur les besoins en ressources humaines et en financement, que représenterait la réalisation exhaustive et rapide de telles mesures d’économie d’électricité ! En ce qui concerne le financement, pourquoi ne pas étendre le RPC aux mesures d’économie qui mènent à une « non consommation de courant » (ce qui revient à une production renouvelable) ? C’est à dire subventionner le remplacement prématuré d’un réfrigérateur gourmand par un appareil AA+++, de lampes halogènes ou à incandescence par des LED ou des lampes économiques, ou celui d’une pompe à chaleur par une chaudière à bois, de la même manière que l’isolation de façades ou les fenêtres à triple vitrage sont aujourd’hui subventionnées?

 

Stopper la promotion de la voiture électrique

Tant que la question du stockage n’est pas résolue, il faut s’abstenir de promouvoir la voiture électrique. Les quantités de courant que celle-ci sollicitera sont énormes et enrayeront tout effort de sortir du nucléaire. La aussi un petit calcul montrerait que notre ménage triplerait sa consommation avec une voiture électrique même en ne l’utilisant que 6000 km par an ! La voiture électrique comme la pompe à chaleur ne sont admissibles que si le courant qui l’alimente est solaire ou éolien, et si les économies ont déjà conduit à la sortie du nucléaire.

 

Repenser les techniques de climatisation

La climatisation est un « gouffre » d’électricité. Avec une gestion parcimonieuse des systèmes de ventilation et des seuils de températures il y a un énorme potentiel de réduction à exploiter. Dans bien des cas il est possible de rafraichir des bâtiments en été et de préchauffer l’air dans des systèmes d’échangeurs thermiques sol/air du type puits canadien ou apparentés et de faire 90% d’économie de courant par rapport à la climatisation avec compresseurs électriques.

 

Promouvoir les systèmes domotiques

La domotique est au goût du jour. Et elle permet de gérer le chauffage, l’éclairage et la climatisation de manière optimale et d’adapter la consommation aux besoins réels. Il est donc opportun de promouvoir cette branche qui dispose encore de très peu de capacités en ressources humaines.

 

Stratégie à court terme

Faire des mesures pour sortir du nucléaire un immense moteur économique

Sortir du nucléaire implique des abandons d’activités donc d’emplois en certains domaines (industrie nucléaire, commerce de pompes à chaleur et de voitures électrique), mais pour atteindre cet objectif il faut mobiliser une multitude de corps de métiers. Il est vraisemblable que le bilan quant à l’emploi et les retombées économique soit positif.

 

Promouvoir les métiers de la branche

Malheureusement nos jeunes boudent souvent la carrière d’ingénieur et les métiers de la technique du bâtiment. Les grands défis technologiques n’ont à leurs yeux plus d’attractivité.

Sur ce plan il y a à mener un travail pédagogique et médiatique visant à donner auprès des jeunes l’image d’un désengagement nucléaire qui ne se contente pas de dénoncer et de protester mais qui inclue la dimension d’une profession d’avenir et pleine de sens.

 

Lancer des campagnes nationales de sensibilisation

L’objectif d’économiser suffisamment d’électricité pour pouvoir vraiment se passer de centrales nucléaires est une entreprise nationale ! Avec des campagnes nationales de la dimension de la campagne contre le SIDA il serait possible de faire changer l’opinion publique et les choix politiques. L’heure n’est plus à la mesure et au compromis helvétique, il faut des coups de gueule et des coups de poings médiatiques !

Dans ces campagnes, il faut aussi être clair sur la moitié de la vérité qui n’est pas dite concernant le prix réel des centrales nucléaires en tenant compte de leur démantèlement, de l’enfouissement des déchets et de montrer que les mesures décrites ci-dessus ne seront pas plus chères que l’absurde prolongement de la vie des centrales vieillissantes.

Le désengagement nucléaire est souvent associé à l’idée d’un mode de vie alternatif, voire marginal. Les messages anti-nucléaires s’adressent quant à eux trop souvent à des groupes de personnes déjà convaincues et manquent de crédibilité auprès de la majorité de la population, qui craint que la sortie du nucléaire ne signifie un renoncement au confort que l’électricité lui procure. Le message sur la sortie du nucléaire doit donc être crédible et rassurant sur ce point.

 

Créer un mouvement politique massif

Les campagnes de sensibilisation sont nécessaires pour forger l’opinion publique, mais sans un profond mouvement politique rien ne sera possible. Les décisions à prendre sont tellement difficiles à accepter, qu’il faudra aller même jusqu’à choquer dans un premier temps, mais sans omettre de faire simultanément les propositions qui permettront d’atténuer l’impact du choc et de le transformer en un mouvement constructif et dynamique vers l’avenir.

Les phases suivantes sont à envisager :

  • Créer un noyau fort, reconnu et crédible
  • Former des multiplicateurs qui répandront la volonté politique d’agir rapidement
  • Utiliser les réseaux sociaux
  • S’associer à d’autres associations, entre autres l’observatoire du nucléaire (Stéphane Lhomme), Greenpeace, WWF, etc.
  • Lancer une campagne couvrant la Suisse de slogans clairs et crédibles

 

Se doter des lois et ordonnances nécessaires

Sans interventionnisme il sera impossible d’accélérer la sortie du nucléaire, ni même de l’atteindre. Par exemple :

  • Il faut non seulement interdire les chauffages à résistance mais aussi décréter un moratoire sur les pompes à chaleur et les autres produits pouvant être alimentés autrement qu’avec de l’électricité
  • Il faut stopper pour le moment l’introduction à grande échelle de la voiture électrique

 

Ce genre de mesures absolument discriminatoires du point de vue de la liberté du marché n’est applicable qu’avec un consensus politique. Est-ce une utopie ?

 

Assurer le financement des mesures à court terme

Si le législateur oblige l’utilisateur à remplacer des installations à très court terme, il doit en assurer pratiquement la totalité de l’investissement. Il doit également soutenir les branches économiques lésées par de telles mesures, et assurer l’étude de mesures de réduction de consommation dans l’industrie et le commerce. Et il lui faut aussi trouver des accords financiers pour leur réalisation à court terme. Il doit donc être muni des compétences et des ressources humaines qui lui permettront d’agir rapidement.

 

Là aussi, on peut se demander si on se trouve dans le domaine de l’utopie mais il n’y a pas d’autres voie pour aller vite, et – rappelons le – il s’agit ici de se donner les moyens non seulement de respecter mais d’accélérer les délais fixés pour une sortie du nucléaire, qui sur le principe est déjà décidée.

 

Conclusion

Ce n’est pas avec des demi-mesures et des bonnes paroles que l’objectif de sortir du nucléaire rapidement est atteignable. Dénoncer les dangers et les coûts liés aux centrales vieillissantes ne suffit pas non plus. Les réflexions et les mesures proposées ici peuvent paraître démesurées mais face à la débauche de moyens engagés pour promouvoir le nucléaire, et à faire oublier Fukushima et les problèmes liés à l’enfouissement de déchets radioactifs, il n’est pas suffisant d’opposer un compromis helvétique !

 

 

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L’Etat français se prépare à l’accident nucléaire

Par Hervé Kempf,
in Reporterre, Le quotidien de l’écologie,
5 fevrier 2014.

Les autorités se préparent à la possibilité d’un accident nucléaire grave, par un Plan qui vient d’être publié. Eventualité à envisager : « Une zone de territoire peut se trouver polluée pour plusieurs décennies et, dans certains cas, n’autorisant pas la présence perm anente de personnes ».

Un accident nucléaire grave est France est maintenant officiellement reconnu comme une possibilité à laquelle il faut se préparer : c’est le sens du « Plan national de réponse ’Accident radiologique ou nucléaire majeur’ «  publié le 3 février par le Secrétariat général de la défense et de la sécurité intérieur.

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On est surpris que la nouvelle ait suscité peu d’échos. Mais c’est ainsi.

Ce plan, qui décline sur cent-dix-huit pages et huit scénarios la conduite à tenir en cas d’accident grave, est une nouvelle étape dans la lente reconnaissance de la vraisemblance du pire.

Tchernobyl, en 1986, n’avait pas fait broncher la nomenklatura nucléariste.

Les choses ont commencé à changer à la suite de la submersion partielle de la centrale du Blayais (Gironde), fin 1999 : la France était alors passé à deux doigts d’une catastrophe nucléaire.

Dans les années qui suivirent, la possibilité qu’un accident grave advienne commença à être officiellement envisagée : la France constituait en 2007 un « Comité directeur pour la gestion de la phase post-accidentelle d’un accident nucléaire ou d’une situation d’urgence radiologique » (Codirpa). Celui-ci a réfléchi aux « questions qui nécessitent une anticipation », par exemple, celle-ci : « Dans le cas où les pouvoirs publics retiendraient un éloignement des populations, du fait des doses susceptibles d’être reçues, le statut des territoires concernés devra être précisé : – l’éloignement des populations a-t-il le statut de simple recommandation ou entraîne-t-il une interdiction absolue de séjour ? – dans l’hypothèse où l’éloignement est impératif, comment s’assurer du respect de l’interdiction de séjour sur les territoires concernés ? » (Codirpa, Synthèse générale, document de travail, version du 21 novembre 2007). Il semble que ce document ne soit plus accessible sur internet, c’est pourquoi nous le plaçons ici en téléchargement .

La catastrophe de Fukushima, en 2011, allait encore faire avancer la prise de conscience du danger. Le directeur de l’IRSN (Institut de radioprotrection et de sûreté nucléaire), Jacques Repussard, indiquait ainsi début 2012 : « Nous devons accepter que l’impossible puisse se produire ».

Le plan actuel – qui émane d’un organisme de nature militaire – manifeste donc au grand jour ce à quoi il faut se préparer.

Il ne saurait être plus clair :

 en ce qui concerne la santé : « Un accident nucléaire non maîtrisé peut avoir des conséquences, du fait des effets immédiats de l’accident (décès, atteintes traumatiques, irradiation), mais aussi du fait des effets à long terme qui peuvent conduire à augmenter le risque de survenue de pathologies radio-induites (certains cancers par exemple) » ;  en ce qui concerne la condamnation de certains territoires : « Une zone de territoire peut se trouver polluée pour plusieurs décennies et, dans certains cas, n’autorisant pas la présence permanente de personnes ».

Les responsables politiques français devraient maintenant dire clairement si le maintien de l’appareil nucléaire du pays mérite qu’on prenne le risque de voir, comme en Biélorussie ou dans le nord du Japon, des milliers de kilomètres carrés du pays interdits à la vie humaine pour des décennies.

Carte des sites nucléaires en France pouvant donner lieu à un accident (source : Plan national):

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Source de cet article: Reporterre, Le quotidien de l’écologie :
http://www.reporterre.net/spip.php?article5369   

Lire aussi :Tricastin : en cas d’accident nucléaire, priez ! Parce que les autorités seront dépassées.

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