Archives mensuelles : janvier 2014

Vers une mise en condition pré-accidentelle des populations ?

Dans son remarquable ouvrage La France nucléaire. L’art de gouverner une technologie contestée, paru au Seuil, en septembre 2013, Sezin Topçu, historienne et sociologue des sciences, chargée de recherche au CNRS rappelle que les responsables français de l’électronucléaire ont longtemps affirmé qu’un accident grave, comportant des conséquences sur la santé publique, était impossible en France. Toutefois, après Tchernobyl, ils ont progressivement changé de discours. C’est ce que signale l’article paru dans Le Monde le 21 octobre 2008 sous le titre “La France se prépare aux conséquences d’un accident de type Tchernobyl sur son sol.“ (S. Topçu, op. ci. p. 242)

Il semble que la genèse de cette évolution doive être recherchée du côté de deux experts français : « l’un directeur du bureau d’études Mutadis – un cabinet spécialisé dans la gestion des activités à risque -, et l’autre, sociologue-psychanalyste de l’Université de Caen, qui se sont vu confier par la Commission européenne le Programme européen pour l’évaluation des conséquences de l’accident de Tchernobyl (1991-1995). (S. Topçu, p. 225) Cette société avait été très active dans le lancement du projet Ethos visant à aider les populations d’un district de Biélorussie, déplacées ensuite de l’accident, à retourner en zone contaminée pour y apprendre à “vivre autrement“ en gérant elles-mêmes leur contamination radiologique. Cette politique aboutit à “l’individualisation des risques“ qui avaient été pris par les autorités soviétiques. Curieusement, le gouvernement suisse a accepté de cofinancer avec la Commission européenne une deuxième étape de ce projet. (S. Topçu, p. 226)

En 2003,  un vaste programme international nommé Core (Coopération pour la réhabilitation des conditions de vie dans les territoires contaminés de Biélorussie) a été lancé pour déployer Ethos dans d’autres districts de Biélorussie, avec à nouveau une participation financière suisse. (S. Topçu, p. 238)

En 2002, peu avant le lancement de ce programme, un projet européen  a vu le jour qui se propose d’élaborer un guide de culture radiologique pratique à destination du grand public. Selon S. Topçu, ce programme a deux volets : « Le premier est celui d’une pédagogie de la catastrophe, l’objectif étant d’habituer les individus à l’idée d’un changement profond et irréversible de leurs conditions de vie. Et le second volet traite d’une pédagogie de la responsabilité, de la responsabilisation préalable des individus avant même que la catastrophe ne survienne pour qu’ils aient connaissance du rôle actif et permanent qu’ils seront amenés à jouer dans un contexte post-accidentel. »(S. Topçu, p. 240,1)

Et il faut savoir que les experts français d’Ethos sont bien à l’œuvre à Fukushima où ils accumulent un savoir en vue de notre avenir.

Ce dernier est-il d’ores et déjà scellé ? Sommes-nous les cobayes d’une monstrueuse expérience qui doit nous adapter à notre future condition de “citoyen“ radiologiquement contaminé ?

Genève, janvier 2014.            Ivo RENS

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Bonne Année de l’APAG2 aux signataires de l’Appel de Genève II

Bonne Année de l’APAG2 aux signataires de
l’Appel de Genève II

Nos lecteurs trouveront ci-après le texte de la lettre que nous avons tenté d’envoyer par courriel à tous les signataires de l’Appel de Genève II.

Au cas où certains de ces signataires ne l’auraient pas reçu, nous leur serions reconnaissants de nous en avertir par courriel afin que nous complétions notre liste dont il n’est pas exclu qu’elle comporte des lacunes.

 

ASSOCIATION POUR L’APPEL DE GENEVE II

(APAG2)

Genève, ce 10 janvier 2014

Madame,

Monsieur,

Le Bureau de l’APAG vous souhaite une heureuse année 2014 et vous invite à lui adresser par courriel toute remarque, suggestion ou commentaire en ce qui concerne la poursuite de notre objectif statutaire, l’arrêt immédiat de l’électronucléaire. Vous pouvez notamment nous proposer des articles à publier sur notre blog :

www.apag2.wordpress.com

En outre, vous êtes invité-e à prendre la parole directement en rédigeant des commentaires sur ce blog .

Nous apprécierions en particulier toute suggestion visant à approcher

des personnes ou associations susceptibles de se joindre à nous ou de

nous épauler dans nos efforts visant l’abandon immédiat de

l’électronucléaire.

Enfin, nous vous serions reconnaissants d’engager vos parents, amis et connaissances à signer l’Appel de Genève II sur notre blog. Pour l’instant, c’est notre priorité.

Vous remerciant d’avance des suites que vous voudrez bien donner à ces

lignes, nous vous adressons, Madame, Monsieur, nos cordiales salutations.

Ivo Rens            Rémy Pagani            Paul Bonny

Président            Trésorier            Secrétaire

Compte Postfinance de l’APAG2 en Suisse : 12-109301-9.

Paiement en ligne sur le blog de l’APAG2 via Paypal.

 

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Le mythe de la sûreté et de l’excellence nucléaires françaises par Jean-Pierre Petit

L’article que l’on va lire sous ce titre, en cliquant sur le lien figurant au bas de ces lignes, a été écrit par Jean-Pierre Petit, physicien des plasmas, ancien directeur de recherches au CNRS (Centre national de la recherche scientifique), en décembre 2013, et publié sur son site.

 Les non-Français ont de la peine à s’expliquer comment, à l’occasion du premier choc pétrolier, en 1973, sous la présidence de Georges Pompidou et le Gouvernement de Pierre Mesmer, les Français avaient pu prendre le risque d’engager leur pays dans une nucléarisation forcenée de leur production d’électricité. Encore moins, ont-il compris comment ils avaient pu se lancer, peu après, dans la construction du surgénérateur géant Super-Phénix de Creys-Malville de 1200 MWé, comportant près de cinq tonnes de plutonium, l’une des substances radioactives les plus toxiques, et refroidi avec quelque 5’000 tonnes de sodium, un métal qui s’enflamme spontanément à l’air et explose au contact de l’eau.

 Cette audacieuse expérience a connu des pannes en série qui ont entraîné la mise à l’arrêt définitive de ce surgénérateur en juin 1997. La même année, la Cour des comptes estima que l’opération avait coûté 60 milliards de francs  français, soit quelque 9,1 milliards d’euros. Il y a tout lieu de penser que cette estimation, sans doute conservatrice, est complètement dépassée par les coûts du démantèlement, toujours en cours, de ce prototype gigantesque et que cette mésaventure, avec quelques autres, sont pour beaucoup dans la difficile situation économique et budgétaire de la France de François Hollande.

 Au siècle dernier, le Parti des Verts, doctrinalement antinucléaire, s’était vigoureusement opposé au SuperPhénix. Leurs successeurs actuels semblent avoir changé d’avis puisqu’ils ont accepté d’entrer dans le Gouvernement Ayrault moyennant l’abandon par ce Gouvernement d’un seul des 58 réacteurs nucléaires fonctionnant dans ce pays – le plus vieux, celui de Fessenheim, dans le Haut-Rhin – et qu’ils ont endossé en catimini la mise en chantier d’un nouveau surgénérateur baptisé Astrid de 600 MWé, nonobstant les risques immenses inhérents à cette technologie tributaire du plutonium et du sodium. En outre, le Gouvernement français s’efforce de vendre des réacteurs nucléaires de divers types à divers Etats, surtout hors d’Europe, dans l’espoir de se renflouer financièrement et de combattre le chômage, mais sans égard aux risques de prolifération militaire et de pollution radioactive de l’environnement. Et ce, alors que, instruits par la catastrophe de Fukushima,  l’Allemagne, la Belgique, l’Italie et la Suisse,  pour ne mentionner que des Etats européens, ont décidé de renoncer à terme à la production d’électricité nucléaire.

 L’article de Jean-Pierre Petit met en lumière plusieurs aspects peu connus de cette politique  tissée depuis quarante ans à l’insu de l’immense majorité des Français.

 Bureau de l’APAG2

http://www.jp-petit.org/NUCLEAIRE/mythe_excellence_francaise/mythe_excellence_francaise.htm

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