Archives mensuelles : juillet 2022

La politique énergétique de l’État met le pays en danger

par Annie et Pierre Péguin 

suite aux Journées d’été du collectif Arrêt du Nucléaire, juillet 2022, 

Notre pays, de plus en plus dépendant des pays voisins pour assurer son approvisionnement en électricité, apparaît particulièrement fragile pour faire face aux conséquences de la guerre en Ukraine et aux événements climatiques extrêmes de plus en plus fréquents.

En prolongeant le fonctionnement des vieux réacteurs, il accroît le risque de catastrophe atomique. En prétendant lancer la construction de nouveaux réacteurs EPR, le gouvernement s’enferre dans des choix de politique énergétique qui nous conduisent droit au mur.

La vétusté de nos centrales, l’émergence de défauts génériques et le réchauffement climatique entraînent, avec l’arrêt de la moitié du parc, une production insuffisante pour assurer les besoins en électricité du pays. Il en résulte un appel croissant au soutien des pays voisins.

Si jusque ici la France a pu compter sur le réseau européen pour assurer ses pics de consommation, ses besoins d’importation en cours de journée s’accroissent avec la défaillance de ses centrales, tandis que la réduction des importations d’hydrocarbures russes va rendre plus difficiles et plus chers les transferts d’électricité depuis les pays proches.

Le pays est donc confronté à de sérieuses difficultés : hausse importante du prix de l’électricité, délestages probables en période de pointe (coupures de courant temporaires et localisées) afin d’éviter un effondrement du réseau au cas où la consommation dépasserait la quantité d’énergie électrique disponible. La tentation est grande de faire fonctionner des équipements en dehors des normes de sûreté et de faire courir le danger d’une catastrophe atomique. On ne peut pas compter sur la vigilance de l’Autorité de sûreté nucléaire, trop soumise aux impératifs de survie de cette industrie.

Notons, pour en rire si c’est possible, que l’ASN a dénoncé le cas caricatural des groupes électrogènes diesel de secours des réacteurs nucléaires : cette technique on ne peut plus rustique, sur laquelle repose notre sécurité, est déclarée défaillante, en particulier en cas de séisme ! Et à l’esssai une partie des groupes électrogènes de secours ont même pris feu au démarrage….

Comment en est-on arrivé là ? Il faut pour le comprendre remonter aux choix de politique énergétique engagés par l’État depuis une soixantaine d’années : investissements massifs et coûteux dans le « tout nucléaire » électrique avec la construction à marche forcée de 58 réacteurs, qui de ce fait arrivent tous en fin de vie dans la même décennie, chauffage électrique encore relancé actuellement alors qu’en Suisse par exemple il est interdit, climatisation ; autant d’obstacles au développement de l’efficacité énergétique et de moyens de production d’énergie renouvelable décentralisés (solaire, éolien essentiellement).

Cela n’empêche pas l’Etat de prétendre vouloir relancer la construction de nouveaux réacteurs nucléaires EPR au nom d’une indépendance énergétique chimérique, du soi-disant faible coût de l’électricité nucléaire mais en réalité financée par nos impôts pour éviter la faillite d’EDF, et de la prétendue production d’énergie électrique décarbonée. 

Mais l’énergie nucléaire n’est pas une solution face au réchauffement climatique — même si la France a réussi, à force de lobbying, à obenir de l’Union européenne qu’elle soit classée comme énergie de transition.

En fait, le faible rendement thermique des centrales fait que les deux tiers de la chaleur produite ne servent qu’à réchauffer l’environnement. De surcroît, la pénurie d’eau et les conditions climatiques extrêmes en rendent le fonctionnement intermittent.

Pourtant il est acquis que l’avenir passe par d’autres voies. Et d’abord par la sobriété et l’efficacité énergétiques, appliquées jusqu’au plus haut sommet de l’Etat et des grandes entreprises, la meilleure énergie étant celle qui n’est pas consommée. Ce n’est certainement pas le développement du transport routier, l’éloge de la vitesse, le soutien inconditionnel aux industries aéronautiques (y compris militaires) et automobiles (voitures électriques), l’explosion du numérique, etc., qui répondront à cette attente.

Il est aussi possible, on le sait, de produire une électricité moins chère et moins polluante, à partir de l’énergie qui nous parvient naturellement du soleil. L’Allemagne et l’Italie, produisent déjà la moitié de leur énergie de cette façon et vont accélérer cette évolution pour être moins dépendants du gaz et du charbon. Avec l’Espagne, ce sont ces pays qui, pour l’instant, comblent notre déficit de production électrique aux heures de pointe, et de plus en plus souvent dans la journée.

De plus, sachant qu’au maximum de ses possibilités, l’électricité nucléaire a couvert à peine 17 % de la consommation totale d’énergie en France, il faudrait, pour réduire significativement la consommation d’énergie fossile, construire près de 200 réacteurs, et cela dans des délais extrêmement courts . Est-ce seulement imaginable ?

Enfin, avec tout ce qu’elle implique d’extraction de matériaux, de béton, d’énergie, de transports et de rejets, c’est un mensonge de prétendre que l’énergie nucléaire est décarbonée.

N’oublions pas non plus l’énorme production de déchets radioactifs, à gérer pour des temps infinis à notre échelle, les dégâts sur la santé des êtres vivants et bien sûr les risques de catastrophe !

Aux mains de la nucléocratie, l’État s’entête, ne veut rien comprendre, cela pour protéger les intérêts de grands groupes et d’élus locaux bénéficiant de la « manne » nucléaire, mais aussi pour préserver la maintenance de la force de frappe au nom de la « grandeur » de la France. Il s’apprête même à annoncer la construction de 6 réacteurs EPR au mépris de toute démocratie.

Pourtant il est acquis que l’avenir passe par d’autres voies. Et d’abord par la sobriété et l’efficacité énergétiques, appliquées jusqu’au plus haut sommet de l’Etat et des grandes entreprises, la meilleure énergie étant celle qui n’est pas consommée. Ce n’est certainement pas le développement du transport routier, l’éloge de la vitesse, le soutien inconditionnel aux industries aéronautiques (y compris militaires) et automobiles (voitures électriques), l’explosion du numérique, etc., qui répondront à cette attente.

Il est aussi possible, on le sait, de produire une électricité moins chère et moins polluante, à partir de l’énergie qui nous parvient naturellement du soleil. L’Allemagne et l’Italie, produisent déjà la moitié de leur énergie de cette façon et vont accélérer cette évolution pour être moins dépendants du gaz et du charbon. Avec l’Espagne, ce sont ces pays qui, pour l’instant, comblent notre déficit de production électrique aux heures de pointe, et de plus en plus souvent dans la journée.

L’annonce de décisions de construction de nouveaux réacteurs et de nouveaux équipements de gestion des déchets (Cigeo à Bure, piscines à la Hague) sans consultation démocratique relève de la fuite en avant. Elle doit provoquer une réaction massive et radicale : revendiquons l’arrêt du nucléaire sans délai, à commencer par celui des plus vieux réacteurs. C’est la condition pour que les sommes considérables investies dans l’énergie nucléaire puissent être employées utilement.

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