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Désastre à Fukushima et JO de Tokyo en 2020

par Hiroaki Koïde

23 août 2018

(traduction : Kolin Kobayashi)

Source : https://www.sortirdunucleaire.org/

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À l’approche des Jeux Olympiques qui se dérouleront au Japon en 2020, Hiroaki KOÏDE, ancien professeur adjoint à l’Institut de recherche sur les réacteurs de l’Université de Kyoto, nous alerte sur la situation réelle du Japon après la catastrophe de Fukushima, toujours en cours.

 

Le 11 mars 2011, un grave tremblement de terre frappe la région de Tōhoku au Japon, causant un tsunami d’ampleur sur la Côte pacifique de Fukushima et les préfectures de Miyagi et Iwaté, provoquant une panne d’électricité à la centrale nucléaire de Fukushima-Daiichi.

Comme le savent tous les scientifiques, une panne totale peut conduire à un incident potentiellement catastrophique. À Fukushima, le système de refroidissement de trois réacteurs est tombé en panne et les cœurs des réacteurs nucléaires ont fondu : une grande quantité d’éléments radioactifs ont été répandus dans l’environnement (dans la terre, dans l’eau et dans l’air). Selon le rapport remis par le gouvernement japonais à l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA), 1,5 x 10×16 Becquerel (une quantité de césium 137 équivalant à 168 bombes atomiques du type d’Hiroshima) ont été libérés à cause de l’accident. La bombe atomique larguée sur Hiroshima n’était qu’une seule bombe, et pourtant, elle était déjà extrêmement destructrice.

La fusion des cœurs des réacteurs 1, 2 et 3 de la centrale Fukushima-Daiichi a libéré au total 7 x 10×17 Becquerels, soit 8 000 fois de la quantité du césium 137 propagée par la bombe d’Hiroshima. En conséquence, une radioactivité égale à 168 fois la puissance de la bombe d’Hiroshima a été libérée dans l’air et versée en mer faisant un total de près de 1000 bombes d’Hiroshima relâchées dans l’environnement ! Une partie de cette radioactivité est encore présente dans certains bâtiments endommagés de la centrale.

TEPCO (Tokyo Electric Power Company Holdings), propriétaire de la centrale nucléaire de Fukushima-Daiichi, ne sait pas où se trouvent exactement les cœurs des réacteurs à présent fondus. Ils continuent de déverser d’énormes quantités d’eau dans les zones où ils estiment que le combustible fondu a le plus de chance de se trouver, pour continuer à le refroidir. L’arrosage constant implique une contamination de plusieurs centaines de tonnes d’eau par jour et la direction de TEPCO est obligée de construire des milliers de réservoirs à l’intérieur du site pour entreposer et confiner l’eau contaminée. Aujourd’hui, la quantité totale d’eau contaminée retenue dans ces réservoirs dépasse largement le million de tonnes.

À l’avenir, lorsque le nombre de réservoirs aura dépassé la limite possible, TEPCO envisagerait de déverser les eaux contaminées en mer, faute de place disponible.

Bien que le mieux à faire serait de déplacer les cœurs des réacteurs fondus dans un endroit sûr et sécurisé, TEPCO n’est ni capable de localiser exactement les coriums, ni de déterminer leur état précis : personne ne peut s’approcher du site pour y intervenir. L’approche du site implique d’exposer toute personne à qui cette tâche est confiée à un niveau de radioactivité extrêmement fort et très probablement létal.

Le gouvernement et TEPCO ont essayé d’envoyer plusieurs robots. La radioactivité est si puissante qu’elle interfère avec le circuit intégré du robot. De tous les robots qu’ils ont envoyés sur le site, aucun n’est revenu. À la fin du mois de janvier 2017, TEPCO a réussi à faire introduire une caméra de contrôle à distance, semblable à un gastro-oscilloscope, à l’intérieur du socle sur lequel repose le réacteur. L’exploitant a ainsi découvert que le cœur fuyait à travers un grand trou au niveau de la structure métallique. À cette occasion, ils ont pu mesurer le niveau de radioactivité de 20 Sv par heure dans le réacteur lorsque le maximum du seuil admissible pour les êtres humains est 8 Sv. Sur le chemin du réacteur, les rayons ont atteint leur maximum à 530 Sv ou 650 Sv.

L’endroit où les niveaux de radioactivité sont les plus élevés n’est pas à l’intérieur du piédestal en béton qui soutien la cuve, mais à l’extérieur, entre le mur du piédestal et celui de l’enceinte de la cuve.

Après l’accident, TEPCO et le gouvernement ont émis l’hypothèse que la plupart des cœurs avaient fondu dans le réacteur et s’étaient arrêtés à l’intérieur. TEPCO et le gouvernement ont avancé un scénario selon lequel les coriums s’entasseraient à l’intérieur du piédestal intact au fond du récipient de confinement, à la manière d’une boule. Cela permettrait de récupérer les cœurs fondus dans 30 à 40 ans et de les stocker ailleurs, permettant ainsi de faire une déclaration de traitement complet des catastrophes de Fukushima.

Contrairement à leur hypothèse, les coriums ne sont pas du tout en un seul morceau mais se détachent du socle, ce qui fait qu’il est impossible de les récupérer, contrairement au scénario imaginé. TEPCO et le gouvernement doivent donc changer leur « feuille de route ».

Moi-même, j’avais insisté pour que les réacteurs touchés par la catastrophe soient scellés par l’installation d’un « sarcophage » à l’instar de ce qui avait été fait par le gouvernement soviétique après la catastrophe de Tchernobyl, même si ce n’est pas la meilleure des solutions. À Tchernobyl, les couvertures du sarcophage se détériorent avec le temps et en novembre 2016, la seconde couverture du sarcophage a été remplacée. La vie de la seconde couverture est estimée à cent ans.

Personne ne sait quelle solution définitive pourra être trouvée à ce moment-là. Personne parmi les humains vivants n’aura la chance de voir la fin de l’accident de Tchernobyl. Ce serait encore pire à Fukushima. Même si on parvenait à confiner les coriums, la radioactivité ne disparaîtra pas et la situation devra être surveillée de manière permanente pendant plusieurs centaines et milliers d’années.

Le jour de la catastrophe, le gouvernement japonais a déclaré l’état d’urgence nucléaire. Tous les résidents ont été évacués, dans un rayon de 3 km de la centrale nucléaire, puis 10 km et enfin 20 km. Les procédures d’évacuation ont été si rapides que les gens n’ont été autorisés à n’apporter que ce qui était strictement nécessaire, laissant la plupart de leurs effets personnels, leur bétail et même leurs animaux domestiques, derrière eux. Itaté est l’un des villages de la préfecture de Fukushima, situé à 40 km de la centrale nucléaire de Fukushima-Daiichi. Ses citoyens ont été informés de l’extrême contamination de leur village un mois après l’accident et ont été forcés de quitter les lieux.

Au début, ils ont été transférés dans un abri temporaire, puis dans une petite maison avec une petite pièce pour 2 personnes. Au fil des événements, ils se sont retrouvés isolés de leur ancienne communauté ; les familles ont été forcées de vivre séparément. Leur ancienne vie a été détruite et les gens, désespérés, n’ont pas ré-accédé à une existence normale. Toute la structure sociale d’une communauté a été touchée, sachant que le concept de bonheur dans la culture japonaise ne diffère d’aucune autre culture dans le monde : qu’est-ce que le bonheur ? Cela implique beaucoup de choses simples, mais pas encore accordées, comme vivre avec leurs familles, leurs amis, leurs voisins et leurs amants. Mais à Fukushima, leur bonheur a brusquement pris fin car ils ont tout perdu. Il y a des habitants qui en viennent à se suicider à force de désespoir.

Ce n’est pas tout. Les retombées radioactives affectent d’autres zones très vastes autour de celles évacuées. C’est ce que l’on appelle « zone irradiée contrôlée ». C’est une zone réglementée où l’entrée est strictement interdite sauf au personnel autorisé, généralement des professionnels et des ingénieurs nucléaires. Personne n’est autorisé à boire, manger, dormir à l’intérieur de la zone. Il n’y a même pas de toilettes.

Cependant, le gouvernement japonais permet à des millions de résidents de vivre dans des zones ayant les mêmes caractéristiques que la zone contrôlée sans qualifier ces zones de la même manière, au mépris de la loi précédemment applicable. Le gouvernement japonais a justifié cet écart par rapport à la loi applicable en raison de l’état d’urgence. Parmi ces habitants, on comptent des nourrissons et des enfants, contraints de vivre dans un endroit aussi contaminé que la zone contrôlée et exposés de manière quotidienne à un environnement délétère pour la santé. Certaines familles ont décidé de quitter leur emploi et de quitter Fukushima afin de protéger leurs enfants de la contamination radioactive. D’autres ont décidé de vivre séparément : l’homme reste habituellement car il est obligé de travailler à Fukushima tandis que la femme et les enfants déménagent.

Fukushima est un environnement social conservateur ; les gens y respectent les traditions et ont l’habitude de vivre ensemble, de génération en génération. Une telle séparation affectera profondément les structures familiales et sociales, à mesure que les habitants renoncent à mener une vie normale. Ce sont des conflits avec deux issues, forcément douloureuses : soit rentrer chez soi et se retrouver dans une région contaminée où ils s’exposent au risque de nuire à leur santé ; soit partir et souffrir de quitter la vie qu’ils avaient autrefois. Les habitants abandonnés survivent difficilement à des souffrances quotidiennes depuis plus de 7 ans et devront encore tenir pendant de nombreuses années.

Pour aggraver l’insulte depuis mars 2017, le gouvernement a commencé à réinstaller les réfugiés de Fukushima dans leur pays d’origine ou villes d’origine où les niveaux de radioactivité sont inférieurs à 20 mSv par an. En conséquence, toute allocation d’aide au relogement est supprimée.

La reconstruction représente la priorité numéro une pour le département de Fukushima et les personnes qui n’ont pas d’autre choix que de vivre à Fukushima suivront probablement les souhaits du gouvernement et oublieront que Fukushima est un endroit dangereux plutôt que de vivre toute leur vie dans la peur et l’anxiété. Ils pourraient même oublier la radioactivité et la contamination qui, heureusement pour l’industrie nucléaire, malheureusement pour les victimes, est invisible. Le gouvernement et le département local laissent les gens oublier de toute façon. Au contraire, si l’on parle de la contamination ou de la peur, il sera reproché d’entraver la reconstruction, de ne pas vouloir aller de l’avant.

Un facteur important pour les habitants touchés est que le gouvernement japonais, après l’accident, a revu la limite légale de doses radioactives en la faisant passer de 1m Sv/an à 20 mSv/an. Il faut dire que 20 mSv/an était auparavant la limite fixée pour les experts ou scientifiques qui travaillaient avec le rayonnement nucléaire comme je l’ai fait et qu’elle n’a jamais été appliquée à des civils ordinaires. En particulier, les nourrissons et les enfants qui sont plus sensibles aux radiations et qui n’ont aucune responsabilité non plus dans la catastrophe nucléaire de Fukushima, ni dans la politique nucléaire du Japon qui a dépassé la limite du raisonnable.

Alors, le gouvernement japonais continue de dire qu’il ne peut pas faire grand-chose à cause de la situation d’urgence nucléaire. Cette déclaration de l’état d’urgence n’a pas été reconduite par la nécessité absolue de l’urgence. Elle ne doit pas continuer sans limite mais elle est toujours en vigueur après plus de 7 ans et demi, ce qui n’est pas acceptable.

Apparemment, le gouvernement encourage activement l’oubli de la catastrophe de Fukushima et les médias sont complices. Ils omettent de rendre compte de la contamination réelle, des risques sanitaires et de la situation réelle à Fukushima sans pouvoir supprimer l’état d’urgence. La plupart des Japonais ne savent pas que Fukushima est toujours sous état d’urgence nucléaire. L’élément le plus nocif pour l’environnement et la santé est le césium 137 ; il faut 30 ans pour réduire sa quantité de moitié et il reste après 100 ans à 10% de sa valeur. En fait, dans 100 ans, le Japon sera toujours soumis à cette « déclaration d’état d’urgence » et cette radionucléides continuera de contaminer l’eau, l’air, la terre et la nourriture.

Les Jeux Olympiques ont toujours été utilisés comme outil de propagande pour promouvoir le nationalisme. Ces dernières années, construire de nombreuses structures gigantesques sans aucune perspective d’utilisation après les Jeux olympiques, c’est juste dans l’intérêt des entreprises de construction et des autres entreprises de services qui font d’énormes profits dans cette société de consommation.

Je pense que le gouvernement japonais doit faire un effort énorme et de son mieux pour résoudre l’urgence nucléaire à Fukushima dans les plus bref délais pour sauver les habitants de Fukushima qui vivront dans des situations extraordinaires, ou au moins de sauver d’abord les enfants.

Cependant, le gouvernement japonais considère que la réussite des Jeux Olympiques de Tokyo en 2020 est un objectif primordial. Ce genre de grands événements peut distraire les gens de leurs problèmes graves. Les médias font de leur mieux pour élever la « fièvre olympique » qui fait de tout opposant aux Jeux olympiques de 2020 à Tokyo un mauvais citoyen. Au cours de la Seconde Guerre mondiale, les médias n‘ont diffusé que des informations officielles très positives et la population japonaise a coopéré avec le gouvernement. Le « bon citoyen » a accusé ses « méchants » voisins, opposés à la politique nationaliste, pour qu’ils soient conduits en prison. Si mon pays considère que le succès des Jeux Olympiques de Tokyo en 2020 est un objectif plus important que de sauver d’innocents citoyens, je préfère être un « mauvais citoyen ».

La vérité est que le désastre de Fukushima durera plus de 100 ans et, à ma plus grande surprise, personne n’a été officiellement incriminé à ce jour, aucun représentant de TEPCO, aucun directeur, aucun ministre, aucun politicien, aucun spécialiste qui l’ait causée. Personne n’a même été accusé d’être responsable du désastre de Fukushima. Pour ajouter l’insulte à nos blessures, notre gouvernement veut redémarrer ces vieilles centrales nucléaires qui ne sont pas opérationnelles et veut exporter la construction de centrales nucléaires vers d’autres pays étrangers. Être l’hôte des Jeux Olympiques dans le pays en situation d’urgence nucléaire est absurde. Les États participants et quiconque parrainant un tel acte prennent le risque, d’une part d’être exposé à la contamination radioactive, et d’autre part d’être les complices de comportements criminels, coupables par leur silence et leur déni.

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Pétition demandant l’abrogation du traité EURATOM

Source : http://www.criirad.org

Pour en finir avec un régime d’exception, qui freine le développement

des énergies renouvelables.

13 Décembre 2018

A Mr le Président de la République Française,

La Communauté Européenne de l’Energie Atomique, dite EURATOM, a été instituée par un traité signé en 1957 par les six pays membres de la Communauté Européenne du Charbon et de l’Acier (CECA). Fixée à l’article 1, sa mission est très claire : promouvoir le développement de l’industrie nucléaire en Europe.

La CECA a été dissoute en 2002 et intégrée à la Communauté Européenne mais, 60 après sa création, le traité EURATOM continue d’exister en dehors de l’Union Européenne. Maintenir un tel passe-droit au profit de l’énergie nucléaire est  aussi anachronique qu’anormal.

Alors qu’EURATOM est chargé de développer en Europe des industries nucléaires puissantes, c’est ce traité qui définit les normes de protection contre les dangers de la radioactivité. Le conflit  d’intérêt est criant, au détriment de la protection des populations.

EURATOM constitue également un obstacle majeur au développement des énergies renouvelables : en drainant un volume considérable d’aides financières, son existence restreint les investissements nécessaires aux solutions d’avenir que les citoyens européens plébiscitent et qui préservent les générations futures.

Sur ce constat, nous vous demandons, Mr le Président de la République, d’intervenir en tant que membre de la Commission EURATOM, pour que cette instance se réunisse dès 2019 afin de  préparer la résiliation du traité instituant la Communauté Européenne de l’Énergie Atomique EURATOM.

Signature sur le site de la CRIIRAD :

http://abrogationeuratom.wesign.it/fr

 

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Squattant le débat climatique, l’hydre nucléaire relève la tête

René Longet

3 mars 2019

Source : https://blogs.letemps.ch/rene-longet/2019/03/03/squattant-le-debat-climatique-lhydre-nucleaire-releve-la-tete/

 

Le lobby nucléaire qu’on croyait mort et enterré après le vote le 21 mai 2017 de la nouvelle loi sur l’énergie qui interdit toute nouvelle centrale nucléaire en Suisse (« L’octroi d’autorisations générales pour la construction de centrales nucléaires est interdit ») relève la tête, prenant en otage le débat climatique.

Remplacer le fossile par le fissile, est-ce vraiment si facile ?

Un petit calcul va permettre de donner rapidement la réponse. C’est la règle des 3 x 10: 10 ans de travail avant la mise en service d’un réacteur nucléaire, 10 milliards de $ par unité de production de 1000 MWe, 10 % de la production d’électricité est d’origine nucléaire dans le monde.

10 ans de travail : le dossier de construction et d’autorisation, la préparation du site, les travaux de génie civil, l’installation elle-même, les essais.
10 milliards, sans les coûts de démantèlement (estimés à la moitié de ce montant) et de gestion des déchets.
10% de l’électricité mondiale, qui elle-même représente 20% du mix énergétique mondial, c’est donc…2 %. Le fossile quant à lui représente environ 75% de ce mix, le solde étant la biomasse (bois…).

Ces 2% sont assurés aujourd’hui par quelque 450 réacteurs. Pour ne serait-ce que doubler cette part, passer de 2% à environ 5% (en supposant une stabilisation de la consommation, qui est malheureusement loin d’être acquise), il faudrait attendre 10 ans, dépenser 4500 milliards… pour un effet condamné à rester fort limité. A moins que… comme certains pronucléaires ne se gênent pas de le revendiquer, on accélère le rythme. Ainsi pouvait-on lire dans le journal allemand Die Welt du 27 février dernier qu’il faudrait construire… 115 réacteurs par an dans le monde !

La stratégie de la mise en valeur des énergies renouvelables décentralisées, géothermie, éolien, solaire, hydraulique, biomasse combinée avec une vraie volonté de parvenir à un usage économe des énergies est infiniment plus réaliste. Elle est clairement meilleure en termes d’efficience par rapport au résultat, d’engagement de moyens et de résilience du système énergétique, y compris en termes d’emplois diversifiés et locaux.

Et les risques ?
Tout cela sans prendre en compte le problème clé de cette forme de production d’énergie : la radioactivité. Une centrale nucléaire, c’est tout simplement une chaudière à eau dont la vapeur actionne une turbine, sauf que … la chaleur à l’origine de la production de vapeur est issue de la réaction radioactive. Il se trouve que si l’on sait parfaitement mettre en route cette radioactivité, l’on reste totalement incapable de la stopper une fois lancée.

Et c’est ainsi que le nucléaire dit civil ajoute sa dose de radioactivité à la radioactivité naturelle et celle militaire. Chaque réacteur nucléaire de plus, c’est autant de radioactivité en plus qu’il faut pouvoir confiner de manière étanche de la biosphère. Ceci sur tout le circuit de l’atome, la mine, les transports, l’enrichissement, son usage dans les réacteurs sous forme de barres de combustible – puis sa gestion comme déchet durant des milliers d’années.

Ce problème n’a jamais été résolu et c’est pourquoi de nombreux pays ont décidé de ne pas s’engager sur cette voie, ne voulant pas faire payer les générations à venir pour notre confort (ou notre paresse) d’aujourd’hui. S’ajoutent, en quelque sorte comme le “sommet de l’iceberg nucléaire”, les accidents tels que celui de Tchernobyl ou de Fukushima, qui statistiquement vont nécessairement augmenter avec le nombre des installations, quelles que soient les précautions prises.

Remplacer le fossile par le fissile, non merci, nous avons mieux à faire. Ne cédons pas à la tentation de cette diversion que ne fait que remplacer (très partiellement vu les coûts et les délais) un mal (le changement climatique) par un autre (l’irradiation radioactive progressive de la Planète). Et au final, au lieu d’avoir un problème, nous en aurons deux.

longet

René Longet

Licencié en lettres à l’Université de Genève, René Longet a mené en parallèle d’importants engagements, dans le domaine des ONG et du monde institutionnel, pour le vivre-ensemble ainsi qu’un développement durable. Passionné d’histoire et de géographie, il s’interroge sur l’étrange trajectoire de cette Humanité qui, capable du meilleur comme du pire, n’arrive pas encore bien à imaginer son destin commun.

 

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