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Annonces de M. Macron : EDF est (bien heureusement) incapable de construire des réacteurs nucléaires

Source : Observatoire du nucléaire, 9 novembre 2021.

Ce mardi 9 novembre 2021, M. Macron a annoncé le projet de relancer la construction de réacteurs nucléaires en France. Or, incapable de construire un seul réacteur – le fameux EPR de Flamanville – EDF ne saurait en faire plusieurs !

Lancés respectivement en 2005 par Areva et en 2008 par EDF, les EPR de Finlande et de Flamanville devaient entrer en service en 2009 et 2012. Nous sommes bientôt en 2022 et ces réacteurs ne sont toujours pas terminés. Mieux (si l’on peut dire) : ils présentent l’un comme l’autre de graves malfaçons qui peuvent empêcher leur mise en service ou amener par la suite à un accident nucléaire.

Mais, soutenu par des irresponsables comme MM Macron, Zemmour ou Bertrand, le lobby de l’atome vit dans un déni total de cette réalité et croit pouvoir revivre un âge d’or (ou plutôt d’uranium) comme au siècle dernier, quand une soixantaine de réacteurs ont été construits en quelques années.
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Or, à l’époque, l’argent coulait à flot, EDF était encore un service public puissant et avait (hélas) les compétences nécessaires pour un tel programme. Aujourd’hui, Areva a fait faillite et EDF est dans une situation financière catastrophique.

Les EPR devaient être construits en 4 ans et demi pour un coût unitaire de 2,8 milliards (et non 3,3 comme écrit ici où là) or, après 15 à 17 ans de chantier, il sont loin d’être terminé et coûtent pratiquement 20 milliards chacun selon la Cour des comptes.
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Aussi, il est parfaitement dérisoire et ridicule de voir que de prétendus « responsables » préconisent la construction par EDF de plusieurs EPR (jusqu’à 10 pour le plaisantin Xavier Bertrand).
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Non seulement EDF est bien incapable de construire et de financer des EPR mais elle n’est pas non plus en capacité de financer la rénovation des réacteurs actuels qui, inévitablement, vont devoir être fermés les uns après les autres dans les années à venir (en espérant que ce soit avant une catastrophe et non du fait d’une catastrophe comme au Japon en 2011).
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Au final, sachant qu’il empêche délibérément le développement de toute alternative au nucléaire, lequel est néanmoins est amené à disparaître, le lobby de l’atome condamne la France à l’impasse énergétique et au désastre financier. Et ce sont bien sûr les habitants de France, à commencer par les plus modestes, qui vont être les principales victimes de cette folie…

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Yves Cochet, Devant l’effondrement, Essai de collapsologie,

 Edition : Les liens qui libèrent, 2019,

Recension par Ivo Rens,

parue en juillet 2020 dans https://sebesdotblog.wordpress.com/

Dans les temps agités que nous connaissons, il nous paraît justifié de reproduire sur le blog de l’APAG2 notre recension de cet ouvrage d’Yves Cochet. IR

C’est probablement le Rapport Meadows sur Les limites à la croissance, (1) paru en 1972, qui a relancé le thème ainsi que la conjecture de l’effondrement de notre système économique et même écologique. La notion d’effondrement, collapse en anglais, a donné naissance au terme de “collapsologie” qui apparaît, en français, en 2015, dans l’ouvrage de Pablo Servigne et Raphaël Stevens, d’ailleurs muni d’une postface par Yves Cochet. (2)

La fin du monde est un thème ancien puisqu’il remonte en tout cas aux apocalypses juives et chrétiennes. Depuis la révolution industrielle et la sécularisation de l’idée de progrès indéfini de l’espèce humaine, cette conjecture a été occultée dans les médias, mais elle n’en a pas moins préoccupé certains auteurs modernes ou contemporains, comme le signalent les écrits que nous lui avons consacrés dans les années 1970. (3)

Avant de publier Devant l’effondrement, Yves Cochet avait déjà abordé certains aspects de cette problématique comme le donnent à penser les titres de trois de ses ouvrages, Sauver la Terre, paru en 2003, Pétrole apocalypse, paru en 2005 et Où va le monde ? 2012-2022 : une décennie au-devant des catastrophes, publié avec Susan George, Jean-Pierre Dupuy et Serge Latouche en 2012.

Le dernier ouvrage d’Yves Cochet se divise en quatre parties bien distinctes intitulées respectivement “Avant l’effondrement”, “Le scénario central”, “Après l’effondrement” et “Le déni de l’effondrement aujourd’hui”.

Avant de retracer l’argumentation de notre auteur, ancien dirigeant écologiste français et ancien ministre de l’environnement, disons encore quelques mots sur ses références. Ce sont celles d’un intellectuel ayant une formation scientifique, puisqu’il est docteur en mathématiques, et une vision du monde qui doit beaucoup à deux penseurs bien différents, le philosophe ultra-pessimiste Günther Anders (4) et l’économiste dissident Nicholas Georgescu-Roegen (5), mathématicien comme lui. Ce qui frappe dans les différents thèmes qu’il aborde c’est l’ampleur de sa documentation tant en anglais qu’en français.

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La première partie de l’ouvrage est subdivisée en quatre chapitres intitulés respectivement 1 De quoi parle-t-on ? 2 Comment sommes-nous arrivés au bord de l’effondrement ? 3 Y a-t-il une bonne économie pour la planète et pour l’humanité ? 4 Les prémisses : la crise de 2008.

Dans son premier chapitre, l’auteur pose les fondements épistémologiques de son discours. L’auteur y présente le concept de transition de phase (6) que les écologues ont transposé de la physique aux écosystèmes pour expliciter le caractère critique de ces passages d’un état à l’autre ainsi que le concept de l’interaction spéculaire (7) proposé par René Girard et Jean-Louis Vullierme pour rendre compte de la dynamique fallacieuse des représentations que les hommes se font de leur situation historique. Il y esquisse aussi une interprétation thermodynamique de l’économie et une justification de la pertinence de l’application à l’histoire économique de la courbe en cloche formalisée vers 1840 par le mathématicien belge Pierre-François Verhulst. L’effondrement des sociétés humaines apparaissant probable, il s’interroge sur son déroulement, lent et catabolique ou rapide et catastrophique et se prononce pour la seconde option dans les termes qui suivent : “Mon hypothèse est que la vitesse de l’effondrement est une fonction de l’intégration, du couplage, de la connectivité. Selon cette hypothèse, l’effondrement de la société mondialisée est possible dès 2020, probable en 2025, certain vers 2030, à quelques années près.”

Le deuxième chapitre retrace les raisons qui condamnent l’humanité à la catastrophe. Depuis l’avènement des sociétés industrielles que Yves Cochet fait remonter au XVIIIe siècle – ce qui est historiquement contestable car elles ne se sont imposées à l’échelle mondiale qu’aux XIXe et XXe siècles – elles se sont toutes réclamées du productivisme, qu’elles fussent libérales ou marxistes. Or, vu le caractère limité des matières premières nécessaires aux sociétés industrielles, il est évident que “l’extension planétaire du mode de vie occidental est tout simplement impossible”. Et ce, d’autant plus que le productivisme qui domine nos sociétés industrielles a entraîné une dégradation dramatique de notre environnement naturel qu’attestent l’altération de la biodiversité et le changement climatique en cours, “au point que le maintien de la vie humaine sur terre n’est plus garanti à la fin du présent siècle.” Dans ces conditions, Yves Cochet ne pouvait qu’être favorable à l’idée de décroissance mais il observe que les “objecteurs de croissance” éludent trop souvent la question démographique qui est une question taboue en France, mais aussi au niveau international. Il parle certes de surpopulation, mais il aurait pu donner, nous semble-t-il des arguments autrement convaincants en faisant parler les chiffres en mathématicien qu’il est. Peut-être la raison de cette retenue réside-t-elle dans l’idée que l’auteur se fait de l’effondrement à venir. Pour lui, cette catastrophe entraînera une réduction drastique de la population humaine, mais dans des proportions, somme toute, limitées. “La vision du futur qui inspire ce livre est celle-ci : une évolution discontinuiste couplée à un modèle décroissant. Autrement dit, l’effondrement à venir s’accompagnera nécessairement d’une décroissance des niveaux de production et de consommation. Mais plus cette décroissance sera choisie, moins l’effondrement sera épouvantable. La décroissance est la politique de l’effondrement.” En somme, il estime possible d’accompagner et de modérer sinon de gérer l’effondrement !

Le troisième chapitre, consacré à l’économie se veut une boussole économique pour un monde nouveau dont l’auteur postule l’existence après l’effondrement qui vient. Il commence par une remise en cause de l’économie néoclassique, encore dominante, qui est tributaire d’un modèle mécaniste périmé car ses postulats sont antérieurs à la thermodynamique et à la science écologique. Parmi les dissidents de la science économique, le premier qu’il cite est Nicholas Georgescu-Roegen, mais il s’attarde à examiner ses apports au travers de deux de ses disciples hétérodoxes, Herman Daly et Charles A.S. Hall, et particulièrement au travers de ce dernier. De ce fait, il se concentre sur les problèmes énergétiques à l’échelle de la planète et tend à sous-estimer les problèmes des autres ressources matérielles qui, chez Georgescu-Roegen sont tout aussi importants quant à leur accessibilité et à leur dissipation.  Toutefois, pour Herman Daly, Charles S.A. Hall et Yves Cochet, “l’économie est un sous-système enchassé (embedded) dans le système primaire fini et non croissant de la planète Terre”, ce qui est bien un des fondements de la pensée de Georgescu-Roegen.

Yves Cochet se fonde sur les analyses de ce dernier et de René Passet pour opter résolument en faveur de la décroissance. Mais il omet totalement de développer le rôle clé que joue l’entropie dans la conception bioéconomique de Georges-Roegen qui seule rend compte de la flèche du temps et de l’impossibilité de prédire l’avenir.

Le quatrième chapitre consacré aux prémices de l’effondrement : la crise de 2008. Yves Cochet attribue la cause première de cette crise à la hausse du cours du baril de pétrole à New York.  Viennent ensuite aux Etats-Unis, les défauts de remboursement des ménages, les défauts de remboursements des banques, la titrisation des emprunts immobiliers, l’immense dette des EEUU. Pourtant, c’est dans ce chapitre que l’auteur rend justice aux matières premières autres que le pétrole dont dépendent nos sociétés industrielles. Ces métaux et métalloïdes, extraits le plus souvent dans des mines, sont absolument nécessaires aux sociétés industrielles. “Les profils temporels de production des grandes mines du monde ressemblent à la courbe en cloche de la production de pétrole : cela croît pendant un certain temps jusqu’à atteindre un maximum, avant de décroître inexorablement.”

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La deuxième partie de l’ouvrage, intitulé “La fin du monde tel que nous le connaissons”, qui porte sur l’effondrement et ses suites, est de loin la partie de l’ouvrage où l’auteur prend le plus de risques car il conjecture un effondrement mondial dramatique prochain et inévitable, dont les causes sont plurielles, qui peut donc s’amorcer dans des circonstances fort diverses et donner lieu à des scénarios multiples et dissemblables. Pour lui, il s’agit d’un événement sans précédent pour l’espèce humaine, qui pourrait d’ailleurs aboutir à sa disparition, mais dont un seul événement du passé peut donner une idée, à savoir la survenue de la peste noire en Europe en 1348 qui réduisit en cinq ans d’un tiers la population européenne.

Nous nous proposons de citer ci-après de larges passages de ce chapitre afin d’éviter autant que faire se peut de mésinterpréter ses conjectures.

“La période 2020-2050 sera la plus bouleversante qu’aura jamais vécu l’humanité en si peu de temps. A quelques années près, elle se composera de trois étapes successives : la fin du monde tel que nous le connaissons (2020-2030), l’intervalle de survie (2030-2040), et le début d’une renaissance (2040-2050). (8)

Mais, comment expliquer que rien ne puisse prévenir pareil désastre ? “Paradoxalement, alors que l’effondrement se compose d’événements qui sont tous d’origine anthropique, les humains, quelle que soit leur situation de pouvoir, ne peuvent plus modifier que marginalement la trajectoire fatale qui y conduit. En effet, au-delà de la profonde perturbation de la dynamique des grands cycles naturels du système Terre, une autre cause parallèle, purement psychologique, renforce cette avancée vers l’effondrement. Il s’agit du système de croyances actuellement prédominant dans le monde : le modèle libéral-productiviste. Cette idéologie est si prégnante, si invasive, qu’aucun assemblage alternatif de croyances ne parvient à le remplacer tant que ne s’est pas produit l’événement exceptionnel de l’effondrement imminent, dû au triple crunch énergétique, climatique et alimentaire.” (9)

Pour Yves Cochet, les scénarios de l’effondrement sont légion : Ce pourrait être “une tension internationale aboutissant à l’utilisation d’armes nucléaires, rayant de la carte plusieurs grandes villes du monde, tandis qu’un nuage de poussières et de cendres envahira l’atmosphère pendant des années et que l’amincissement de la couche d’ozone conduira les humains à être brûlés par les UV, la diminution du flux solaire ayant en parallèle un impact catastrophique sur les cultures.”  Ce pourrait être aussi “une souche virulente aussi mortelle qu’Ebola et aussi contagieuse que la grippe” se propageant rapidement au monde entier sans qu’une réponse sanitaire puisse lui être opposée. Ce pourrait être encore “le franchissement d’un seuil de raréfaction des pollinisateurs sous l’effet conjoint de la transformation des habitats, de l’excès de pesticides et de la prolifération d’espèces invasives” qui ferait “chuter brusquement la production agricole, provoquant des famines massives”. On pourrait concevoir que l’amorce en soit “le déclin accéléré de l’approvisionnement en pétrole après le passage du Pic Hubbert”(10) mondial provoquant “une panique sur les marchés des matières premières et une pénurie de carburants, dont les conséquences se diffuseraient bientôt aux autres volets cruciaux de l’économie mondiale : la fourniture d’électricité, les communications, les transports, l’eau courante et les services régaliens des Etats.” Ce pourrait être aussi “un nouveau choc systémique global de très grande ampleur au sein du système bancaire, monétaire et de crédits” qui prolongerait “ses effets dans les chaînes de production mondiale de biens et de services, par contagion croisée intensifiante entre le système financier et les réseaux de production et de commerce”. Ce pourrait être encore “un relargage massif et brusque de méthane dans l’atmosphère dû à la fonte des pergélisols arctiques et sibériens ou à la libération des hydrates de méthane sous-marins, au point que la température moyenne de la Terre augmentera de plus de 1 °C en quelques années”. L’effondrement pourrait être causé par “l’explosion d’une bombe thermonucléaire à haute altitude au-dessus de territoires cruciaux comme les Etats-Unis d’Amérique ou de l’Europe” qui créerait “une impulsion électromagnétique capable de paralyser toute l’alimentation électrique du continent pendant plusieurs mois”. Ou bien, “le basculement dans la mer d’Amundsen des glaciers de Pine Island”, en Antarctique, entraînant ”une montée du niveau de la mer de 3 mètres, submergeant toutes les villes côtières de la planète”. Ou encore, “le brusque arrêt du Gulf Stream marquant la fin de l’Europe tempérée”. Ou enfin, “la déforestation rapide pour pallier le manque d’énergies fossiles en déplétion accélérée” antraînant “la chute de la civilisation occidentale par pénurie de bois.” (11) Pour l’auteur, cette liste n’est d’ailleurs nullement exhaustive !

Une fois amorcé l’effondrement se traduira en d’innombrables troubles. “Hélas, il est à craindre que les trois raisons majeures qui, historiquement, ont fait baisser le nombre d’humains se combineront pendant ce sombre futur : les guerres, les épidémies et les famines”. (12) Et voici ce que Yves Cochet conjecture quant à l’effet de l’effondrement sur les populations humaines : “Notre hypothèse est que moins de la moitié de ces populations survivra, soit environ trois milliards d’êtres humains sur terre et une trentaine de millions sur le territoire actuel de la France”. (13) On comprend que l’auteur avoue avoir rédigé cet ouvrage d’une main tremblante ! (14) Dans cet ouvrage, l’auteur parle beaucoup de la mort d’innombrables humains, il traite aussi du traumatisme des survivants mais, sauf erreur, il n’évoque jamais les indicibles souffrances des uns et des autres non plus que celles des animaux.

Après une période de chaos, pendant laquelle les restes de l’ancien monde, ses Etats et ses institutions internationales, auront disparu, la société s’organisera en biorégions politiques qui ne seront pas nécessairement isolées ni indépendantes les unes des autres, un peu à l’image peut-être de ce que furent les cités-Etats germaniques ou italiennes du XVIIIe siècle.

Le territoire actuel de la France métropolitaine sera divisé en lieux sûrs, les biorégions, et en zones abandonnées – nous y reviendrons. Chaque biorégion constituera un micro-Etat simple muni d’une assemblée et d’un gouvernement, lequel détiendra le monopole de la violence physique légitime. (15)

“Si l’effondrement systémique mondial imminent n’entraîne pas la disparition de l’espèce humaine, les habitants de la France dans la seconde moitié du XXIe siècle pourraient bénéficier de trois sources principales d’énergies renouvelables thermiques, produites localement : le bois de chauffage, le charbon de bois et le biogaz.” (16) La consommation sera régulée par un rationnement généralisé. L’alimentation sera plus végétale, plus locale et plus saisonnière. La mobilité sera tributaire de la marche à pied, de la bicyclette, de la traction animale, de la voile et des embarcations à rames. Il est possible qu’on restaure un système de voies ferrées avec des locomotives rudimentaires à vapeur, alimentées au charbon de bois ainsi que des trains de draisines à pédalier et/ou à voile. Dans ces sociétés du futur, il n’y aura pas de production d’électricité et donc pas d’appareillages électriques. L’auteur semble admettre que la production de bicyclette n’est guère envisageable dans pareil environnement. Il préconise donc d’“anticiper dès aujourd’hui la fabrication massive de bicyclettes afin d’en disposer en abondance en 2050” ! (17)

En revanche, le sort des centrales nucléaires vouées à l’abandon posera un problème dont l’auteur ne donne pas la solution. “Il se pourrait… que, lors de la débâcle des services, la sécurité et la sûreté des 450 réacteurs nucléaires existants dans le monde – dont 58 en France aujourd’hui – deviennent défaillantes par manque de personnel.” (18) C’est là un legs empoisonné aux générations futures qui devront bien le gérer. Il semble que les emplacements de ces centrales constitueront quelques-unes des zones abandonnées mentionnées par l’auteur aux côtés des biorégions.

L’apparition de cette utopie écologiste au terme de l’apocalypse laisse rêveur. Comment penser que les drames inouïs endurés par les humains pendant l’effondrement ne les aura pas gravement traumatisés et rendus asociaux et encore plus violents plutôt que de les avoir purgés de leurs passions pour la puissance, la domination et la compétition ?

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La fin du livre d’Yves Cochet nous semble d’intérêt très inégal. La troisième partie intitulée “Après l’effondrement” est un peu en porte-à-faux parce que l’auteur n’écrit pas après l’effondrement mais bien avant. La quatrième partie intitulée “Le déni de l’effondrement aujourd’hui” est autrement passionnant ainsi d’ailleurs que le chapitre intitulé “Quelques controverses” qui lui est lié.

L’auteur évoque les “cris d’alarme” lancés ces derniers temps par des personnalités scientifiques, les “marches pour le climat” organisées dans de nombreux pays par des jeunes qui s’inquiètent du monde dont ils vont hériter et qui réclament diverses actions de l’Etat ou des Etats, en croyant encore pouvoir éviter l’effondrement global.

A ces initiatives alarmistes, respectables certes, mais désuètes, il oppose les prises de positions catastrophistes de plusieurs auteurs, dans le nouveau cadre “anthropocénique”, (19) ainsi que leurs premières propositions ou tentatives d’action. Lui-même se présente comme catastrophiste en précisant bien qu’il ne peut pas prouver l’imminence de la catastrophe, mais seulement son extrême probabilité. “Il existe – écrit-il – une rupture ontologique, épistémologique et politique entre un scénario alarmiste quelconque et un scénario catastrophiste.” (20)

S’inspirant de Günther Anders, Yves Cochet écrit : “l’effondrement global ne peut être saisi dans toute son ampleur ni affronté proportionnellement, parce que son immensité dépasse les capacités cognitives de l’esprit humain. Il s’agit d’un phénomène supraliminaire, supérieur à tout ce que le processus d’hominisation a connu depuis un million d’années.” (21)

Parmi les catastrophistes, c’est dans la mouvance des tenants de l’anthropocène qu’il trouve les discours et les comportements les plus prometteurs. Rappelons que le terme d’anthropocène vient d’un article des géologues Paul Crutzen et F. Stoermer datant de 2000. (22) Selon ces auteurs, depuis que l’impact de l’espèce humaine sur le système Terre revêt une dimension géologique mesurable, il sied de ne plus parler d’holocène mais bien d’anthropocène. Certes, la date à laquelle l’anthropocène a succédé à l’holocène fait débat mais, pour Yves Cochet, qu’on choisisse le milieu du XIXe ou celui du XXe siècle, elle signale le triomphe de l’industrialisation du monde. Et de citer un article signé par le spécialiste américain du changement climatique Will Steffen qui, parlant de l’origine historique de l’anthropocène écrit : “C’est une défaillance politique, un choix opéré pendant le XIXe siècle européen : le choix du feu.” (23)

Face aux prévisions catastrophistes, Yves Cochet dénonce l’indifférence et l’immobilisme des sciences humaines et sociales (SHS) et particulièrement de la science politique. “Toutes les SHS sont « humanistes », au sens où l’anthropocentrisme est la valeur suprême : Ni les non-humains ni les écosystèmes ou l’écosphère ne sont pris en compte pour eux-mêmes ou en relation partenariale avec les humains.” (24)

Certes, parmi les catastrophistes même acquis à la notion d’anthropocène, certains mettent leurs espoirs dans des procédés technologiques de très grande ampleur relevant de ce que l’on appelle la géo-ingénierie. “Le dérèglement climatique devenant de plus en plus sensible et terrible, il est probable que ce seront les populations elles-mêmes qui réclameront la mise en œuvre des technologies globales de géo-ingénierie, en une sorte de dernier recours pour retrouver des situations météorologiques moins extrêmes. Un élan vers le pire.” (25)

Le catastrophisme d’Yves Cochet qui postule un effondrement possible dès 2020 et certain avant 2030 a comme première conséquence éthique de l’amener “à tout faire pour minimiser le nombre de morts. J’insiste : s’il m’était donné d’influencer les comportements afin que le nombre de morts des années 2020 soit de 49% de la population mondiale plutôt que de 50%, je serais en droit d’être fier.” (25)

Mais, dans l’ordre politique, son action s’oriente vers la promotion d’actions locales visant à permettre la survie du plus grand nombre possible dans les biorégions à venir.

Hormis cela, elle consiste aussi à propager sa vision, certes assez terrifiante, de l’avenir ce qu’il fait notamment au moyen de l’Institut Momentum fondée en 2011 par Agnès Sinaï, une spécialiste de la décroissance, et qu’il préside actuellement.

Que dire de pareil catastrophisme sinon que, paradoxalement, il est relativement optimiste puisqu’il conjecture une renaissance de l’humanité dans quelques décennies ?

Toutefois, l’auteur passe comme chats sur braises sur le problème du devenir des centrales nucléaires et des déchets radioactifs dont la dangerosité est malheureusement fort durable. Et puis, dans la mesure où son rêve austère de microrégions désindustrialisées est tributaire de bicyclettes importées de notre monde industriel, il nous paraît, sur ce point en tout cas, peu conséquent et peu crédible.

(1) Meadows, Donella H., Meadows, Dennis L., Randers, Jørgen, Behrens, William W., III, The Limits to Growth: A Report for the Club of Rome’s Project on the Predicament of Mankind, A Potomac Associates Book, 1972. Traduction française par Janine Delaunay, Halte à la croissance, Les limites à la croissance, Collection Ecologie Fayard, Paris 1972.

(2) Pablo Servigne et Rapahaël Stevens, Comment tout peut s’effondrer, Petit manuel de collapsologie à l’usage des générations présentes, Editions du Seuil, Collection Anthropocène, 299 pages. Ce livre, comme celui d’Yves Cochet, est marqué par l’ouvrage de Joseph Tainter, The Collapse of Complex Societies, Cambridge, Cambridge University Press, 1988.

(3)  Ivo Rens et Jacques Grinevald, “Réflexions sur le catastrophisme actuel, en Pour une histoire qualitative”, Etudes offertes à Sven Stelling Michaud, Presses universitaires romandes, Genève, 1975, p. 283 à 321.

Ivo Rens, “Remarques sur la clôture du temps dans le monachisme médiéval et dans le mouvement écologique contemporain”, Rapport présenté au Xème Congrès mondial de l’Association internationale de science politique à Edimbourg en août 1976, Res Publica , Bruxelles, 1977, p.135 à 146.

(4) Gunther Anders, est notamment l’auteur de Hiroshima ist überall, 1995, Hiroshima est partout, Le Seuil, Paris, 2008 et Die Antiquiertheit des Menschen, Band 1, 1956, Band 2, 1980, L’Obsolescence de l’homme, t. 1 : Sur l’âme à l’époque de la deuxième révolution industrielle, trad. Christophe David, Paris, éditions Ivrea et éditions de l’Encyclopédie des Nuisances, 2002, t. 2. L’Obsolescence de l’homme, t. 2 : Sur la destruction de la vie à l’époque de la troisième révolution industrielle, trad. Christophe David, Paris, Éditions Fario, 2011.

(5) Nicholas Georgescu-Roegen est notamment l’auteur de The Entropy Law and the Economic Process, Harvard University Press, Cambridge, Massachussetts, 1974 et de Demain la décroissance, Entropie, Ecologie, Economie, Editions Pierre-Marcel Favre, Lausanne, 1979.

(6) Comme celles du passage de l’eau de l’état liquide à l’état solide ou à l’état gazeux.

(7) Pour ces auteurs, les rapports sociaux ont une dimension intersubjective, fondée sur la spécularité des relations avec l’autre. Le terme spéculaire vient du latin spécularis qui signifie “en miroir”.

(8) Yves Cochet, Devant l’effondrement. Essai de collapsologie, 2019, p.115.

(9) Ibidem, p.116.

(10)  Marion King Hubbert a été le premier géologue à formaliser en 1956 une théorie du pic pétrolier en se focalisant sur la production américaine. Ici, il s’agit du pic de la production mondiale sur une courbe en cloche.

(11) Yves Cochet, Devant l’effondrement. Essai de collapsologie, 2019, p. 125.

(12) Ibidem, p. 122.

(13) Ibidem, pp. 125,6.

(14) Ibidem, p.120.

(15) Ibidem, p. 127.

(16) Ibidem, p. 130.

(17) Ibidem, p. 143.

(18) Ibidem, p. 134.

(19) Will Steffen et al., Global Change and the Earth System, 2003; Antony D. Barnosky, Elizabeth Hadly et al. “Approaching a state shift in Earth’s Biosphere”, Nature, June 7, 2012; Wille Steffen, Katherine Richardson, Johan Rockström et al. “Planetary Boundries: Guiding Human Development on a Changing Planet”, Science, February 13, 2015, Clive Hamilton, “The Anthropocene as Rupture” The Anthropocene Review, February 22, 2016.

(20) Ibidem, p. 200.

(21)  Ibidem, p. 198.

(22)  Paul J. Crutzen et Eugene F. Stoermer,  “The “Anthropocene” , p. 17-18. IGBP, 2000.

(23) Ibidem, p. 230. Will Steffen et al. “The Trajectory of the Anthropocene: The Great Acceleration”, The Anthropocene Review, No 2, 2015, pp. 81-98.

(24) Ibidem, p 207.

(25) Ibidem, p. 231.

(26) Ibidem, p. 222.

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Nucléaire : le naufrage de la classe dirigeante française

par Hervé Kempf

Reporterre

10 février 2022

Emmanuel Macron a annoncé la construction de six nouveaux EPR, et huit autres en projet, le 10 février à Belfort. Cette annonce traduit l’incapacité de la classe dirigeante de ce pays à penser le monde actuel.

La classe dirigeante de ce pays est d’un confondant irréalisme. Elle vit dans un royaume magique où la science, la technique et l’économie n’existent pas. Il aura suffi à cette classe dirigeante — qui depuis trois décennies ne fait quasiment rien contre le changement climatique, qui continue à construire des autoroutes, à agrandir des aéroports, à multiplier les dispositifs de consommation énergétique —, il lui aura suffi qu’un lobby appuyé par quelques communicants habiles lui dise depuis quelques années « Le nucléaire n’émet pas de CO2 », pour qu’elle croie avoir trouvé la solution à cet entêtant défi : comment éviter l’aggravation du changement climatique ?

Tout l’arc de la droite, auquel se raccroche un parti communiste qui n’en finit pas de mourir de son passéisme, promet donc de construire des EPR [1] à qui mieux mieux, M. Macron lançant le bal officiel jeudi 10 février à Belfort.

Il convient de doucher cet enthousiasme mortifère, qui traduit surtout l’incapacité de la classe dirigeante française à penser le monde actuel. Incapacité qui explique que ce pays régresse sur tous les plans, celui des libertés n’étant pas le moindre, celui de l’intelligence collective étant le plus significatif.

Rappelons donc un simple fait : l’énergie nucléaire est dangereuse. Sans entrer ici dans le débat sur les conséquences de la catastrophe de Tchernobyl (1986) et de celle de Fukushima (2011), qu’il suffise de dire que les régions affectées par les retombées radioactives en Biélorussie et au Japon restent affectées par une radioactivité rampante, qui rend la vie de centaines de milliers de gens sur des milliers de kilomètres carrés pénible, inquiétante, maladive. Le coût pour les pays concernés se compte en centaine de milliards d’euros. Et l’hypothèse qu’un tel accident se produise en France est aussi crédible que celle qu’une pandémie survienne — comme l’ont dit depuis des années naturalistes et écologistes sans être entendus, jusqu’à l’irruption du Covid-19.

« Un accident nucléaire est toujours possible, a rappelé Bernard Doroszczuk, président de l’Autorité de sûreté nucléaire (ASN), le 19 janvier dernier, et ceux qui prétendraient le contraire prennent une grande responsabilité. Je pense qu’il faut rester vigilant, qu’il faut rester réaliste. Un accident nucléaire est toujours possible et cela suppose de l’anticipation. » À tout le moins, comprendre la pertinence de cette hypothèse implique de tout faire pour maintenir la sûreté au plus haut niveau. Disons, en bref, que les difficultés financières d’EDF et les pressions du gouvernement sur l’ASN permettent de craindre que ce ne soit pas le cas.

Dans le monde magique de cette classe dirigeante, le problème des déchets radioactifs n’existe pas : « C’est le volume d’une piscine olympique, clament les bonimenteurs, creusons un trou et voilà. » La vérité est qu’aucun pays n’a trouvé de solution satisfaisante à ces produits radioactifs pendant des milliers d’années, que la filière française en a multiplié les catégories, compliquant encore le problème, que le projet de Bure, imposé par la répression et l’achat des consciences, est techniquement biaisé, que les installations de La Hague (Manche) sont saturées et dangereuses, et qu’EDF et Orano accumulent des déchets aux quatre coins de la France sans savoir qu’en faire.

« La France ne sait en fait plus construire de réacteur »

Il est un autre enjeu crucial sur lequel les « responsables » font preuve d’un irréalisme stupéfiant : ils spéculent sur l’engagement de nouveaux réacteurs alors que la France est incapable d’achever — en plus de dix ans ! — son modèle fétiche, l’EPR de Flamanville, tandis que l’un de ceux construits en Chine, à Taishan, est à l’arrêt depuis juillet 2021 pour un défaut encore inexpliqué. Défaut qui pourrait par ailleurs se répercuter sur l’EPR de Flamanville… Quant aux futurs EPR que M. Macron et la brillante élite de ce pays envisagent de construire, il faut savoir qu’il s’agit d’EPR2 aux caractéristiques de sûreté allégées par rapport à l’EPR, que leur dossier de réalisation technique est loin d’être prêt, qu’une étude de l’administration d’octobre 2021 estimait que ces EPR2 ne pourraient pas être mis en service avant 2040 et que leur coût serait de l’ordre de 9 milliards d’euros, selon les révélations du site Contexte.

Autre « détail » embarrassant : la France ne sait en fait plus construire de réacteurs, la politique de mondialisation sans frein conduit par les néolibéraux ayant vidé l’industrie du pays d’une partie de sa substance. C’est ce que même le nucléariste Jean-Marc Jancovici est obligé de reconnaître, indiquant dans Le Journal du dimanche : « Si les Français ne savent plus les construire, nous pouvons envisager de nous faire aider par d’autres ! Les Chinois et les Russes seraient sûrement ravis. » Ce n’est pas une idée farfelue : comme le montre Marc Endeweld dans L’Emprise (Seuil, 2022), les liens forgés depuis une décennie par EDF en Chine ont conduit nombre de responsables français à penser que les partenaires chinois pourraient faire des constructeurs de centrales très acceptables. Pour la fameuse indépendance, on repassera.

Le plus absurde est qu’au niveau mondial, l’industrie nucléaire est en déclin, et que toute la dynamique de production d’électricité se fait autour des renouvelables. Sans doute pour une raison économique simple : elle est plus rentable. Comme le constate le World Nuclear Industry Status Report, « entre 2009 et 2020, les coûts du solaire ont baissé de 90 % et ceux de l’éolien de 70 %, tandis que les coûts de construction des réacteurs nucléaires ont augmenté de 33 % ». En s’obstinant à vouloir relancer une industrie dépassée qu’elle ne maîtrise plus vraiment, la classe dirigeante française est en train d’enfoncer le pays dans une impasse, qui va l’enfoncer dans le déclin — même si un accident nucléaire ne vient pas mettre un terme définitif aux fantasmes français. Relancer le nucléaire est une stratégie industrielle dépassée.

« Cette élite est un naufrage. Et le nucléaire une chimère »

Enfin, il y a un enjeu qui est en fait essentiel : dans le monde magique où voudrait vivre l’oligarchie française, la consommation énergétique ne change pas vraiment, on maintient le même niveau de vie moyen (et les mêmes inégalités), l’électricité vient remplacer le pétrole sans que l’on ait sérieusement à se poser d’autres questions. Ainsi, M. Macron et d’autres s’appuient sur UN scénario de RTE (Réseau du transport d’électricité) présenté en octobre. Cette publication a eu lieu à une date qui convenait au calendrier politique de M. Macron, mais pas à la rigueur méthodologique. Car ce scénario de référence, présenté par tous les médias comme le plus fiable, prend comme hypothèse centrale une trajectoire de maintien de la consommation matérielle. Un autre scénario, imaginant une vraie politique de sobriété, est lui attendu pour fin février — après que les annonces de M. Macron auront fait le buzz.

Cette médiocre entourloupe de communication vise à biaiser le débat, à empêcher que l’on discute vraiment de l’avenir. Mais entre changement climatique, pic de pétrole et industrie nucléaire de plus en plus sénile, il est pour le moins incertain que l’actuelle structure de consommation et d’inégalités pourra se maintenir durablement. Il vaudrait mieux poser sur la table cette question cruciale : comment allons-nous réduire fortement consommations matérielle et énergétique pour empêcher le délitement du monde ? C’est cette question que refuse d’aborder et que nous cache la classe dirigeante française. Mais on ne bâtit rien sur les mirages et les mensonges. Cette élite est un naufrage. Et le nucléaire une chimère.

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COP 26 GLASGOW :

Tout çà pour çà !

par Erwin Weiss

Source : Contratom, No 145,

Genève, décembre 2021

On continue de parler du climat, mais on ne fait rien. La COP26 n’a quasiment rien apporté de concret. Comme Greta l’a dit :

« La COP26 s’est résumée à du «bla, bla, bla ». Le vrai travail continue en dehors de ces salles. Et nous n’abandonnerons jamais, jamais !».

La Suisse ne montre pas le bon exemple  Nous pouvons encore aligner plusieurs analyses de personnalités déçues: la colère de notre conseillère fédérale Simonetta Sommaruga à la fin des négociations suite au changement de dernière minute par la Chine et l’Inde (« réduire progressivement«  plutôt que « éliminer progressivement » l’énergie provenant du charbon), était justifiée, mais il ne faut pas oublier que la Suisse n’est pas un bon exemple ! Dans le classement des pays pour les efforts en faveur du climat , nous sommes descendus à la 51ème place.

Nous produisons beaucoup de déchets et continuons d’en produire. Nous voulons toujours plus de confort et, de ce fait, nous augmentons le volume de nos déchets. Par exemple, au lieu de nous déplacer à la force de nos mollets, nous utilisons un véhicule à moteur qui produit plusieurs déchets comme du CO2, des micro-plastiques (abrasion des pneus), des plastiques, des tôles, etc. Sans parler des déchets produits en dehors du pays pour le raffinage de l’essence et la fabrication du véhicule. La construction des routes est aussi une grande source de pollution. La Suisse a actuellement besoin de plus de deux planètes . Nous avons le savoir et la technique pour arriver à un meilleur équilibre, mais nous ne regardons que le court terme et nous n’investissons pas suffisamment dans les énergies renouvelables, dans les produits durables, dans une consommation réduite.

La transition énergétique est l’affaire de chacun

Chacun doit réfléchir à la façon dont il peut réduire son empreinte environnementale. La mobilité est la plus grande source de pollution (33%); réduire les kilomètres parcourus, utiliser les transports publics, le covoiturage, sont des buts à viser. Les ménages consomment environ 30 % d’énergie. Ce sont les maisons et immeubles qui polluent le plus en hiver par le chauffage, principalement à base d’énergies fossiles. Il faut diminuer le chauffage, isoler les toits, les murs, les fenêtres et changer le système de chauffage pour de l’ énergie renouvelable (les pompes à chaleur sont à éviter parce que nous n’avons pas trop d’électricité en hiver).  Et n’oubliez pas de n’utiliser que les énergies électriques renouvelables, certifiées, et en quantité réduite. L’énergie nucléaire n’est pas renouvelable et produit beaucoup de déchets très dangereux, sans solution de traitement. De plus, deux tiers de cette énergie est gaspillée ; elle chauffe la planète par les tours de refroidissement ou réchauffe nos rivières. Bien sûr il faut aussi réduire nos consommations, acheter les produits durables, réparer les appareils et acheter seulement des choses dont on a besoin et qui sont nécessaires. Il faut commencer par la source et éviter de produire des gadgets inutiles et des déchets.

Les mesures pour réduire notre empreinte écologique sont encore bien timides

Aujourd’hui, le problème majeur pour la sauvegarde du climat est le manque de financement. Les pays pauvres polluent moins que les pays riches, mais ils veulent se développer et n’ont pas les finances nécessaires pour faire cela sans augmenter la pollution ou, mieux encore, la réduire.

Le charbon est une source d’énergie bon marché, à proscrire, qui produit énormément de CO2. Il y a des entreprises comme Climworks qui récupérent le CO2 dans l’air en ville et l’injectent en sous-sol sous pression (https://climeworks.com/co2-removal). C’est louable, mais cela demande un équipement sophistiqué pour une récupération raisonnable. Dans les centrales à charbon, il y a une concentration de CO2, envoyée dans l’air par les cheminées. Pourquoi ces cheminées ne sont-elles pas équipées de filtres de récupération de CO2 ? La même question se pose dans les cimenteries.

Il y a des villes (et régions) qui vont interdire les voitures à moteur essence ou diesel dans un futur proche (vers 2030) et même quelques constructeurs automobiles qui planifient  le changement de leur fabrication à la même époque. Mais nous continuons de construire des routes, même des tunnels (Gothard!!) au lieu de favoriser la mobilité douce. Il n’y a pas de miracles ! Si les pays riches ne  réduisent pas fortement la production de déchets et la consommation d’énergie, le réchauffement atteindra 2 à 4 degrés par rapport à l’ère pré-industrielle (voir le graphique dans le journal précédent).

Et ce n’est pas le nucléaire qui sauvera le climat ! Il est trop tard pour de nouvelles centrales, il y a trop de risques avec nos vieilles centrales et le problème des déchets n’est toujours pas près d’être résolu.

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Faut-il craindre le black-out électrique ?

par Erwin Weiss

Source : Contratom, No 145,

Genève, décembre 2021

Notre conseiller fédéral, M. Parmelin (*) a annoncé une pénurie d’électricité vers 2025. Ce n’est pas la première fois qu’on annonce des pénuries d’électricité en Suisse, mais cette fois, cela nous arrange un peu (même si je doute de la réalité de cette prédiction). Nous espérons que cette annonce va enfin pousser la politique et la finance à investir dans les énergies renouvelables.

Pourquoi le Conseil fédéral anticipe-t-il un risque de pénurie ?

Le peuple suisse a décidé de sortir du nucléaire, mais les investissements dans les énergies renouvelables restent très faibles. Actuellement on construit des nouvelles maisons avec seulement quelques panneaux photovoltaïques sur le toit (le minimum prescrit par la loi) plutôt que d’équiper le toit entier. On pourrait tripler ou quadrupler l’équipement à moindre frais. Il faudrait, malheureusement, obliger les gens à faire le maximum par une loi, parce que la volonté individuelle ne suffit pas (liberté??!).

Pour évaluer le risque de pénurie, il faut comprendre un peu le fonctionnement de l’énergie électrique et de son réseau. C’est une énergie de transformation qui n’existe pas dans la nature et qui est difficile à stocker (batteries, pompage-turbinage, etc). De ce fait, il faut toujours produire la même quantité d’électricité que celle qui est consommée. Si vous allumez une lampe, il faut quelque part une machine qui produise l’équivalence de cette consommation; dès que vous éteignez la lampe, il faut réduire la production d’une machine.

La production d’électricité en Suisse se répartit actuellement en gros de la façon suivante: 60 % hydraulique, 30 % nucléaire et le reste photovoltaïque, éoliennes, biogaz, couplage chaleur-force et usines d’incinération. Une partie de cette production est quasiment non-modulable comme les éoliennes, le photovoltaïque, les turbines hydrauliques au fil de l’eau (installation sur des rivières) et les centrales nucléaires (une centrale nucléaire a besoin de plusieurs heures pour démarrer) .

La stratégie énergétique 2050, acceptée par le peuple en 2017, avait prévu de produire plus de 4 TWh (térawattheures) par le photovoltaïque en 2020, mais nous ne sommes même pas arrivé à la moitié ! Pour 2050 nous devrions arriver à 34 TWh, c’est-à-dire 17 fois la production de 2020. Le bilan est encore moins satisfaisant pour les éoliennes et pourtant on a besoin de celles-ci parce qu’elles produisent surtout en hiver, là où l’énergie électrique manque.

Le réseau électrique, le nœud du problème.

Une bonne stabilité du réseau est obtenue par des installations à réaction rapide comme des turbines hydroélectriques, et par une assez grande quantité d’énergie de réserve. Le réseau doit avoir une capacité de production plus grande que la consommation, mais on compte sur le fait que seulement une partie de la consommation est demandée en même temps.

Au niveau du réseau on différencie trois catégories de réglage :

  • primaire = intervention immédiate dès les premières 30 secondes
  • secondaire = intervention en 5 minutes
  • tertiaire = disponible en 15 minutes

Ces trois catégories sont mises sur le marché par les producteurs, et une bourse d’énergie électrique gère ce produit selon les règles du marché libre. Les entreprises de distribution (par exemple SIG) achètent des quantités selon leurs besoins (consommation) au prix minima et, depuis quelques années, si possible certifiées. Cette bourse est internationale, mais doit respecter quelques règles. Ces règles ou accords posent actuellement des problèmes parce qu’ils définissent les entraides entre les différents réseaux et pays. La Suisse échange énormément d’énergie électrique avec ses voisins, environ 50 % de la production journalière, mais la différence entre import et export est seulement de 20 % (amplitude annuelle d’environ +/-10%). Même en hiver nous exportons de l’électricité, bien que le bilan hivernal soit négatif. Nous avons les connaissances nécessaires pour assurer un réseau stable, mais nous n’avons, jusqu’à présent, regardé que le court terme et misé sur les profits financiers de l’échange avec nos voisins (gain de 293 millions de CHF en 2020 avec l’import/export de l’énergie électrique). La stabilité de notre réseau repose donc sur une stratégie économique (profit à court terme), alors qu’elle aurait besoin d’un engagement politique pour soutenir les énergies vertes.

Il faut différencier au niveau du réseau électrique la pénurie et le black-out. Un black-out peut arriver à n’importe quel moment, mais, en Suisse, seulement localement (incendie d’un transformateur, avarie d’une ligne électrique, etc) et pour une courte durée. Le black-out du réseau des CFF le 22 juin 2005 quand tous les trains en Suisse étaient arrêtés pendant 3 à 4 heures était une exception. Une pénurie arrive au moment où la consommation est plus grande que la production alors que les réserves sont déjà utilisées. Cela finit par un black-out.

Pour faire face à ce problème, il y a quatre possibilités :

  • augmenter les réserves de production en investissant dans les énergies renouvelables
  • réduire ou planifier la consommation des grands consommateurs à court terme
  • économiser globalement de l’énergie électrique
  • optimiser autrement l’utilisation des réservoirs de nos grands barrages en priorisant l’énergie à la place de l’économie (profit financier), éventuellement par une subvention de la confédération.

Il faut oublier l’aide de nos voisins parce qu’ils ont les mêmes problèmes.

Que faire à l’avenir pour éviter les difficultés ?

A mon avis, il faut commencer par économiser l’électricité, maintenant, tout de suite.(C’est aussi ce que préconise Christian Brunier, directeur général des SIG, dans une récente interview à la Tribune de Genève (18/11/2021) : il assure qu’il est possible d’économiser 30% de la consommation électrique et ainsi éviter le black-out tout en restant sur le modèle d’énergie dénucléarisée en vigueur dans le canton de Genève).

Pour ce faire, chacun doit y mettre du sien.

Pour avoir une idée de la possibilité d’économie d’électricité personnelle, je vous propose de prendre votre facture d’électricité et de relever votre consommation annuelle en kWh. Pour information, la consommation moyenne d’un ménage de 4 personnes en Suisse est d’environ 5000 kWh/an (3550 kWh/an pour un ménage à 2 personnes), mais cette consommation dépend de l’équipement de base du ménage (chauffage, cuisinière, etc). Pour réduire votre consommation, il faut vous donner un but, par exemple de réduire de 2 % la consommation annuelle. Vous commencerez par faire un inventaire de vos appareils électriques. Beaucoup d’appareils consomment de l’électricité à l’arrêt (stand-by). Ces appareils sont à brancher si possible sur une multiprise avec interrupteur et il ne faut les enclencher qu’en cas de besoin (par exemple un ordinateur ou un téléviseur est utilisé 2 à 4 heures par jour et le reste du temps il est en stand-by ; avec une consommation de seulement 10 Watt en stand-by, cela fait 73 kWh/a = 1.4 % de la consommation moyenne). En plus vous pouvez éliminer certains appareils inutiles en opérant manuellement. Les grands consommateurs dans un ménage sont la cuisinière électrique (le gaz est sur un autre compte), les machines à laver, le lave-vaisselle, le chauffage électrique (aussi les pompes à chaleur) et la somme des multitudes d’écrans. Les téléphones portables consomment peu en direct (il y a plus de 10 millions de téléphones portables en Suisse et cela représente environ 3 % de la consommation électrique), mais ils consomment ailleurs par internet (le Web est un très grand consommateur d’électricité par le nombre d’utilisateur; la transmission des photos et surtout des petits films consomment énormément). Après il y a aussi l’efficacité des appareils, mais sur ce point il ne faut pas oublier l’énergie grise (= besoin d’énergie pour la fabrication).

Le nucléaire n’est pas une solution

Le lobby du nucléaire voudrait profiter de la peur du black-out évoquée par Guy Parmelin pour continuer à exploiter nos centrales nucléaires, toujours aussi peu sûres. Une étude, commandée par la fondation suisse pour l’énergie (SES) à la TH (haute école technique) de Brandenbourg en Allemagne, au sujet la sécurité de la centrale nucléaire de Leibstadt, montre de grandes lacunes dans la gestion de cette centrale (fin août 2021, www.energiestiftung.ch, en allemand). Elle compare les exigences de IAEA  (International Atomic Energy Agency), de  WENRA (Western European Nuclear Regulators Association), les règles de l’art (ou l’état des connaissances) avec les réalités de la centrale. Il en ressort que Leibstadt a énormément de problèmes et que le personnel est mal formé. L’IFSN (Inspection fédérale de sécurité nucléaire) fait quelques remarques, mais elle laisse faire (par exemple le manque de culture de sécurité traîne depuis 2016, alors qu’il revient régulièrement dans les rapports). En plus, il y a des adaptations à faire qui sont laissées de côté parce que trop coûteuses. C’est pourtant la plus jeune centrale nucléaire de la Suisse. Nous continuons d’exploiter nos vieilles centrales nucléaires avec beaucoup de risques et des coûts de production plus élevés que les énergies renouvelables.

On en revient donc toujours au même slogan…

Le nucléaire ne sauvera pas le climat! Il est trop tard pour des nouvelles centrales, il y a trop de risques avec nos vieilles centrales, et le problème des déchets n’est pas résolu.

(*) Le Conseil fédéral composé de sept membres élus par les deux chambres du Parlement suisse est tout à la fois le Gouvernement et le Chef d’Etat de la Confédération suisse. Et M. Parmelin a été élu Président du Conseil fédéral pour l’année 2021.

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Réflexions sur le “Plan France 2030”

par xxx

décembre 2021

– A la mi-octobre 2021, le président de notre République vient d’annoncer un programme électro-nucléaire quantitativement et qualitativement délirant, le « Plan France 2030 », qui nous impose un patchwork énergétique dont les éléments semblent tirés d’un chapeau par un clown ignare et hors sol, car rien de ce qu’il faudrait connaître pour maîtriser la question n’est enseigné sur les bancs de l’ENA ou pris en considération dans les couloirs des Banques.

– Une telle ignorance ou incompréhension simultanées de l’ENERGIE étant partagées par le Français dit moyen, Emmanuel Macron (et son entourage nucléophile) va pourtant convaincre aisément l’opinion publique, vu la manière dont on a longtemps enseigné cette discipline dans nos collèges et dans nos lycées. Quant aux échecs plus que patents, financiers et chronologiques, avec dans les deux cas multiplication par le vieux nombre pi (dit encore coefficient de McNamara, conseiller de John Kennedy) de notre filière des EPR, ils sont passés sous silence (ou aux profits et pertes ?). On propose, ou plutôt on impose le remplacement des deux plus vieilles centrales de Fessenheim ou de Bugey par des EPR, dont six ont été fourgués à l’Angleterre, où EdF a raflé la mise avec ses RPE (= Réacteur Pressurisé Européen, sic !). Pourtant, au 31 juin 2019, la dette brute de EdF s’élevait à 63,5 milliards d’€uros, dont on se contente de verser aux banques les intérêts annuels, à défaut du capital ; mais ça peut durer longtemps, car l’Etat (c’est à dire le contribuable) sera toujours solvable.

– En ce qui concerne la sûreté électro-nucléaire, deux organismes co-existent, la SFEN (Société française d’électro-nucléaire), dotée d’une très habile porte-parole, selon laquelle le kWh français est le moins coûteux au Monde, en négligeant les émissions de gaz carbonique par les engins de travaux au niveau des mines uranifères, au Niger et au Kazakhstan, et en oubliant le problème de l’enfouissement et de la maintenance de déchets radioactifs pendant des milliers d’années. Le second organisme est l’ASN (Autorité de sûreté nucléaire), dont l’avis, contrairement au celui du précédent, est juridiquement incontournable, si bien que son constat des fissures dans des cuves de réacteurs forgés par Framatome Creusot (Saône-et-Loire) a pesé très lourd dans le calendrier électro-nucléaire de notre pays, le plus important de la planète, notamment à Flamanville mais aussi en Finlande.

– Dans ce dernier pays, où le réacteur Olkiluoto 3, géré par AREVA, organisme financé à 86 % par l’Etat français et le CEA (Commissariat à l’Energie Atomique), dont Siemens s’est désengagé, le chantier a débuté en 2005 et devait se terminer en 2009, pour un coût de 3 milliards d’€uros. Retardée à plusieurs reprises, la fin des travaux est aujourd’hui envisagée pour janvier 2022 (?). Des indemnités seront versées à la Finlande, payées par la COFACE, organisme abondé par les finances publiques, en fin de compte (sic !) par les citoyens…

– Mais c’est bien dans l’espoir de masquer les fissures (présidentielles, présentielles, virtuelles ou réelles), que le « Plan France 2030 » passe de la peinture en créant le concept des « mini-réacteurs », soit disant peu coûteux, plus rapides à construire et moins polluants en cas de problèmes : ce sont les SMR (Small modular reactor), « réacteurs modulaires de nouvelle génération », « mini-centrales » fabriquées en usine puis implantées çà et là en fonction de la demande. D’où un moindre coût et plus de souplesse espérés, puisque 3 fois moins puissantes que les EPR, meilleure acceptabilité sociétale et rayon plus faible d’impact, de pollution  ou de contestation en cas d’accident…

– A  ce point, on ne peut conclure que par un traitement « politique ». Mais le pessimisme s’accroît encore : face à un Emmanuel Macron, à une Marine Le Pen et un Eric Zemmour, sans parler d’une Gauche et d’une Droite unanimement pro-nucléaires, comment exprimer notre cri d’alarme ? En fait, notre société court droit à l’abîme  car le seul espoir, celui de la sobriété réfléchie, sera refusé par quasiment tous, qui n’accepteront pas le moindre changement de comportement individuel ou collectif. La démarche est néanmoins nécessaire pour éviter le suicide de notre espèce, pourtant présumée sapiens

– Voltaire (Candide, et candide) avait vu juste: avant de disparaître, vox clamentis in deserto, contentons-nous au mieux de « cultiver notre jardin », si possible sans glyphosate.

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Nucléaire. Questions et mensonges

par Pierre Péguin

décembre 2021

Ce message ne s’adresse pas à ceux d’entre vous qui êtes engagés dans la lutte contre le nucléaire, mais à ceux qui suivent ces questions de plus loin et qui sont perturbés par les annonces contradictoires le concernant. L’ambition du texte ci-dessous est de faire un point sur les polémiques actuelles, à partir de données classées par thème permettant à chacun de piocher des informations en fonction de questionnements ou de réponses à apporter face à l’argumentation des tenants du nucléaire présenté comme indispensable à la lutte contre le réchauffement climatique, immense mensonge, comme celui concernant la sortie du nucléaire en Allemagne.

Face à l’offensive médiatique pour relancer du nucléaire revenu en grâce, avons-nous perdu la bataille idéologique ?

La bataille idéologique autour du nucléaire est relancée depuis peu autour de la problématique du climat qui mobilise beaucoup de jeunes et de militants écologiques. Pour le lobby du nucléaire affronté à de multiples difficultés et au bord de la faillite, c’est inespéré et il mobilise ses réseaux pour prétendre que sa production électrique est « décarbonée », que l’arrêt du nucléaire en Allemagne s’accompagne de l’augmentation de la consommation de charbon, et que les énergies renouvelables posent trop de problèmes.

Le spectacle a de quoi déconcerter. Alors que le mouvement écologiste s’est construit dans les années 1970 en France contre l’essor de l’industrie nucléaire, nous voyons cette dernière tenter aujourd’hui d’investir nos terrains de lutte. L’offensive est générale. Elle se fait à grands coups de campagnes publicitaires avec le soutien d’élus, et d’influenceurs tels que Jancovici de Shift Project, dans le but de convaincre l’opinion publique d’accepter la construction de nouveaux réacteurs.

Le combat est particulièrement intense auprès de la Commission européenne et du Parlement européen. L’enjeu est de taille, il s’agit pour le gouvernement français d’obtenir que l’Europe classe le nucléaire comme une énergie « verte », car prétendument « décarbonée ». Pour cela E. Macron s’allie à certains Etats contestés tels que la Hongrie, la Pologne et la Tchéquie, et pour avoir leur soutien s’engage à soutenir que le gaz naturel soit aussi qualifié de « vert », et à fermer les yeux sur le charbon polonais !

Le sujet s’infiltre dans la campagne présidentielle, entre les pro nucléaire (le PC, toute la droite et l’extrème droite) et les rares anti (NPA, FI, EELV) qui n’appellent qu’à un arrêt progressif calqué sur le scénario Negawatt. L’opposition radicale appelant à l’arrêt au plus vite pour nous épargner d’avoir à subir une catastrophe atomique est donc absente des débats de la prochaine élection…. Et si deux des six scénarios présentés par le réseau de transport d’électricité RTE montrent bien que nous pourrions produire une électricité 100% renouvelable sans recourir au nucléaire, il n’est question bien sûr que de construire de nouveaux réacteurs que réclame même la Cour des Comptes !

Dans le même temps en France, les déclarations se succèdent annonçant l’imminence de la décision de construire de nouveaux EPR, et même de lancer une filière de petits réacteurs, tandis qu’en sous-main et sans attendre les autorisations officielles, EDF passe déjà ses commandes. Le fiasco des projets en cours, les difficultés financières d’EDF et d’Orano/Areva sauvés de la faillite par les contribuables n’empêchent pas nos dirigeants de foncer dans le mur….

Non le nucléaire ne sauvera pas le climat, c’est un mensonge que de le prétendre décarboné, de plus il contribue au réchauffement climatique, tout en répandant dans l’environnement de dangereux éléments radioactifs.

S’il est vrai que le fonctionnement d’un réacteur n’émet pratiquement pas de gaz carbonique, par contre tant l’amont que l’aval consomment beaucoup d’énergie fossile, nécessitent beaucoup d’extraction, et génèrent énormément de pollution : Béton et acier de la construction du réacteur, extraction du minerai d’uranium abandonnant aux populations locales démunies des stériles radioactifs, transport jusqu’à Malvesi (Narbonne) où est affiné chimiquement, enrichissement au Tricastin, élaboration des barres de combustibles à Marcoule, Romans, livraisons aux centrales, etc. .

Et en aval, une fois « usés » les combustibles sont transportés à la Hague pour y être retraités et stockés dans des piscines déjà saturées. Les plus dangereux d’entre eux devront être gérés pendant des centaines de milliers d’années avec un coût énergétique carboné incalculable et des installations gigantesques nécessitant d’énormes travaux….Ainsi la création contestée d’un immense centre de stockage souterrain (Cigéo), à Bure dans la Meuse, nécessiterait des travaux pharaoniques pendant des dizaines d’années. Enfin le démantèlement à venir des centrales nécessitera des travaux importants qui poseront des problèmes difficiles à résoudre.

Tous comptes faits prétendre que le nucléaire fournit une énergie décarbonée est un immense mensonge !

ET les centrales réchauffent leur environnement. Les centrales thermiques n’ont pas un bon rendement thermodynamique à part celles au gaz , tandis que celles à l’uranium plafonnent à un tiers, ce qui signifie que lorsqu’un réacteur fonctionne par exemple à sa puissance électrique de 950MW , il émet deux fois plus de mégawatt dissipés en chaleur qui réchauffe ou évapore de l’eau, perturbant l’environnement. Cette chaleur est inutilisable car il est beaucoup trop dangereux de mettre du nucléaire près des villes, c’est pourquoi elle ne sert qu’à développer des élevages ridicules de crocodiles….

Le nucléaire ne sauvera donc pas le climat, il en subira plutôt les conséquences,

Les centrales atomiques sont vulnérables aux événements climatiques (inondations, sécheresse), et aux séismes imprévisibles. Tandis que les renouvelables, très dispersés dans le pays, ne peuvent subir que des dégâts localisés.

L’industrie nucléaire est un danger pour les populations par les rejets réguliers, dans l’eau et l’air, de contaminants radioactifs qui affectent leur santé. Quant au risque croissant de catastrophe on en imagine mal les conséquences qui affecteraient toute l’Europe occidentale et au-delà. Par ailleurs elle génère des déchets d’extrême dangerosité qu’on ne sait pas gérer.

Enfin la société nucléarisée est incompatible avec un fonctionnement démocratique : Il y a-t-il jamais eu en France un débat national, un referendum, une décision de l’Assemblée à ce sujet ?

Pour Bernard Laponche, de Global Chance « L’énergie nucléaire ne répond pas au défi climatique ». https://www.la-croix.com/Debats/Lenergie-nucleaire-repond-pas-defi-climatique-2021-10-18-1201181087 et « Le nucléaire est la plus mauvaise méthode pour faire bouillir de l’eau » .

Voir également ce texte collectif : https://www.politis.fr/articles/2021/06/le-nucleaire-ne-sauvera-pas-le-climat-43234/, « le nucléaire ne sauvera pas le climat »

Le grand mensonge à propos de la politique énergétique controversée de l’Allemagne :
https://www.revolution-energetique.com/lallemagne-et-son-charbon-mythes-et-realites/,

Après la catastrophe de Fukushima en 2011, l’Allemagne a décrété la sortie du nucléaire et décidé de miser sur le développement des énergies renouvelables. Sur les 17 centrales existantes, onze sont déjà fermées, les six dernières le seront très prochainement. Une décision fort critiquée en France. Nos voisins germains sont accusés d’accroître leur consommation de charbon, ce qui entraînerait une augmentation de leurs émissions de CO2. Ainsi P. Thevenot porte parole d’En Marche a pu annoncer « prôner la fin du nucléaire permettra simplement de rallumer des centrales à charbon comme cela a été fait en Allemagne ».

En réalité, rien n’est plus faux. La production électrique des centrales nucléaires et au charbon ont baissé radicalement, tandis que celle des renouvelables a pris le dessus. Ainsi en 2014 le charbon contribuait pour 45% à l’électricité produite, il n’en fournit plus que 24% aujourd’hui. La part du nucléaire est passée de 27% à 11% en 2020. Mais ce sont les énergies renouvelables qui ont largement compensé cette baisse. Leur part dans la production d’électricité a atteint 44% en 2020 et le nouveau gouvernement annonce vouloir accélérer cette transition.

Il est vrai qu’une nouvelle centrale à charbon a été mise en service en 2020, mais leur nombre global a bien baissé, passant de 84 en 2010 à 63 aujourd’hui. Certes, la part de l’électricité produite par les centrales à gaz (energie fossile la moins polluante et la plus efficace) a un peu augmenté, passant de 12% à 16%, mais au final ce sont bien les énergies renouvelables qui ont couvert le recul du charbon et de l’uranium, devenant, et de loin, la source d’électricité la plus importante.

Évidemment, les émissions allemandes de gaz à effet de serre sont encore plus élevées que celles de la plupart des autres pays européens, du fait de sa tradition du charbon et de l’importance de son industrie, mais ce n’est pas la décision de sortie du nucléaire qui en est la cause, et encore moins la forte progression des renouvelables.

Notons que l’Allemagne reste le 2ème exportateur mondial d’électricité, en particulier à prix élevé vers la France aux heures de pointe. Celle-ci reste 1er exportateur d’électricité, mais à prix cassé car il s’agit de la surproduction nucléaire en heures creuses…..

Une enquête menée cette année à l’occasion des 10 ans de cette sortie du nucléaire montre que trois quarts des Allemands saluent cette décision et jugent sévèrement ses voisins français dont le risque de catastrophe de l’un de ses vieux équipements menace toute l’Europe occidentale.
https://www.francetvinfo.fr/internet/reseaux-sociaux/desintox-allemagne-la-transition-nucleaire-ne-s-est-pas-accompagnee-de-l-ouverture-de-centrales-a-charbon_4848105.html#xtor=RSS-3-%5B%5D,

Les « petits réacteurs modulaires » un mirage de plus? https://www.lemonde.fr/idees/article/2021/10/14/energie-s-ils-voient-le-jour-les-petits-reacteurs-nucleaires-modulaires-produiront-une-electricite-ruineuse_6098306_3232.html,

https://www.can-ouest.org/la-france-nucleaire-apres-les-maxi-les-mini/,

Pour les défenseurs du nucléaire, ces réacteurs de plus petite taille (ou « SMR ») seraient plus sûrs et plus facilement acceptés par la population. Pourtant, il ne s’agit pas de réacteurs « de poche » ! Avec 170 MWe, Nuward, le projet français dans les cartons, représente 40% de la puissance du réacteur 1 de Fukushima, ce qui est loin d’être dérisoire.

Si des réacteurs plus puissants sont effectivement plus difficiles à construire et à gérer, multiplier les installations de petite taille soulève d’autres problèmes : encore plus de sites nucléaires et des transports radioactifs potentiellement plus nombreux, qui accroissent la vulnérabilité du territoire français face au risque d’accident et au risque terroriste.

Et malgré leur petite taille, ces nouveaux réacteurs continueront à générer des déchets radioactifs tout aussi ingérables. Ils relâcheront des radioélément dans l’environnement et seront toujours une menace de catastrophe atomique. Enfin Ils perpétueront la pollution des mines d’uranium et la dépendance de la France envers les pays producteurs de minerais.

Leur prix est annoncé comme élevé, et le coût de leur électricité serait deux fois supérieur à celui des grands réacteurs. Les retards et surcoûts rencontrés par les deux seuls SMR actuellement connus dans le monde montrent qu’au delà de l’effet d’annonce et de mode, l’urgence climatique peut attendre…..

Cette volonté de développer les SMR apparaît comme une ultime tentative pour sauver une industrie en difficultés techniques et financières, avec l’espoir de vendre et d’exporter cette technologie. Mais leur commercialisation ne se fera pas avant une douzaine d’années ! Le coût prévisionnel par MW installé serait triple de celui de l’éolien, sans compter les dérives possibles. Y investissent néanmoins actuellement, entre autres, le constructeur de moteurs d’avions britannique Rolls-Royce, et Bill Gates !

Peut-on arrêter quasi immédiatement la production d’électricité nucléaire du pays ? La question est-elle bien posée. Prenons l’exemple d’un immeuble dont on s’aperçoit qu’il menace de s’effondrer. On l’évacue immédiatement, ou on attend d’avoir trouvé des conditions d’accueil des habitants à reloger au moins aussi bonnes que dans leur ancien logement ?.

Ne sommes-nous pas dans la même situation pour le nucléaire ? Tout le monde sait que nous sommes menacés d’une catastrophe majeure, l’État s’y est préparé, il a fixé les procédures réglementaires : L’armée est prête à assumer la gestion des flux de population à évacuer ou au contraire à bloquer chez eux ; il est déjà décidé que le seuil de radioactivité artificielle subi par la population sera multiplié par 20 (augmentant d’autant le nombre de victimes de la radioactivité); il est même prévu par l’Europe que la France pourra continuer à exporter son blé contaminé (sauvant ainsi l’agriculture industrielle du pays au détriment de la santé des consommateurs…), etc.

Tout est prêt, car tous les responsables savent que nous pouvons subir cet effondrement d’un jour à l’autre.
https://reporterre.net/Au-milieu-du-chaos-climatique-le-risque-d-un-desastre-atomique,

Alors pourquoi ne pas arrêter dès maintenant cette technologie mortifère quelles qu’en soient les conséquences et les difficultés rencontrées ?

Et nous sommes là au cœur du problème, la « grandeur de la France », la poursuite de l’armement atomique, les intérêts économiques et politiques, la quasi religion du nucléaire dont les grands prêtres sont souvent issus (formatés?) de Polytechnique-Corps des mines, concourent à imposer à la population le risque majeur d’avoir à subir cette terrifiante épreuve !

Enfin nous savons que l’Arrêt quasi immédiat du nucléaire est possible,
http://collectif-adn.fr/2019/arret-immediat-europe.html,
Les installations de production d’électricité européennes sont actuellement surdimensionnées, et nous pouvons nous appuyer provisoirement sur elles, quitte à ce que certaines consomment des énergies fossiles, le temps que nous mettions en pratique une politique de sobriété et que nous développions à notre tour suffisamment de renouvelables. Cela ne serait-il pas préférable à cette menace de catastrophe permanente que fait peser sur nous cette énergie du passé ?

Qu’avons-nous à gagner à la « concurrence » entre les catastrophes climatiques et nucléaires conduisant à un véritable négationnisme du péril nucléaire ? https://apag2.wordpress.com/2019/06/18/negationnisme-nucleaire-et-climat-concurrence-des-catastrophismes/,
On peut combattre les deux par une politique de sobriété …. dont on ne prend pas le chemin.

Macron l’a dit, « sans nucléaire civil pas de nucléaire militaire et inversement », http://collectif-adn.fr/2020/macron-au-creusot.html. Il faut se débarrasser des deux.

Les victimes du nucléaire.
La Commission Internationale de Protection contre les Radiations (CERI) a publié un rapport alarmant en 2003, https://apag2.wordpress.com/2019/11/29/et-si-le-nucleaire-etait-encore-beaucoup-plus-mortifere-quon-ne-limagine/
Il apparaît qu’une véritable épidémie de cancers, leucémies et autres pathologies s’est développée à partir des années 70 liée aux multiples explosions de bombes atomiques (plus de 2000 dans le monde) qui ont entraîné la dispersion de radioéléments sur l’ensemble de la planète. Ceux-ci ont été terriblement préjudiciables à la santé non seulement dans les zones d’essai, mais aussi partout dans le monde et l’ADN de tout le vivant a été touché. Les résultats de l’étude sont impressionnants : De 1945 à 2002, 60 millions de morts, le double de cancers, les mortalités enfantines et autres. Combien aujourd’hui ?

La France a contribué à ce carnage par ses 210 essais de bombes atomiques dans le sud-algérien et en Polynésie, elle laisse aux populations autochtones maladies et morts prématurées dont elle résiste à en reconnaître la responsabilité.

L’uranium appauvri. Mais ce n’est pas tout, la France exporte des armes équipées d’uranium (dit « appauvri »). Très lourd, habillant les têtes de projectiles, il est efficace pour transpercer les parois des blindages, des tanks, de béton. Leur explosion libère de grandes quantités d’aérosols radioactifs d’uranium qui contaminent éternellement l’environnement. C’est criminel pour les populations qui en sont victimes. http://arretsurinfo.ch/category/international/europe/france/page/6/,

Quant aux personnels qui ont à gérer l’armement nucléaire leur sort est peu enviable. D’après une étude portant sur les années de 1970 à 1996, ceux qui ont manipulé des têtes nucléaires sur la base sous-marine de Brest (presqu’île de l’Ile-Longue) n’avaient aucune protection contre la radioactivité dont les dangers leur ont été dissimulés. Un quart d’entre eux était mort à 62 ans, et il y a eu nombre de cancers parmi le autres. Les familles se battent pour que l’armée reconnaisse ses fautes. https://www.asso-henri-pezerat.org/brest/.
Qu’en est-il sur la base de Toulon ou à Valduc là où sont fabriqués les missiles ?

Face à la barbarie du nucléaire militaire, il faut appeler à signer le traité d’interdiction des armes nucléaire (TIAN ) de l’ONU déjà ratifié par plus de 50 Etats et approuvé par 122 pays. Ce traité équivalent à celui d’interdiction des armes chimiques est l’avancée la plus importante de ces dernières années car il permet à un Etat comme la France de renoncer à l’arme nucléaire sans attendre que les autres puissances nucléaires fassent de même. Nous avons à condamner la menace que représente l’armement nucléaire français, sans attendre que les autres pays fassent de même.

Peut-on au moins compter sur la protection des organismes officiels de protection contre les rayonnements ? En fait, nationaux ou internationaux, ils font tout pour cacher la gravité des dégâts humains de cette technologie et en nier le nombre de victimes. Ils ont d’abord pour rôle de protéger l’industrie de l’atome plutôt que la santé des populations. Ils vont jusqu’à prétendre que les pathologies liées aux contaminations radioactives sont dues pour l’essentiel à la « nucléophobie »! Ils obligent les populations biélorusses à vivre dans le « jardin nucléaire », en application du programme Ethos-Core, et vont jusqu’à supprimer les cures de pectines pouvant alléger les souffrances des enfants contaminés!
http://coordination-antinucleaire-sudest.net/2012/index.php?post/2016/11/07/Vivre-dans-le-jardin-nucleaire-avec-Ethos-un-crime-contre-l- humanite,

Cela montre ce qui nous attend en cas de catastrophe en France, soyons sûrs que les autorités prétendront que « la situation est sous controle » après avoir muselé les voix discordantes et neutralisé la Criirad (Commission de recherche et d’information indépendantes sur la radioactivité) pour que ne soit pas diffusées les mesures réelles de radioactivité ambiante…. htps://fr.wikipedia.org/wiki/Commission_de_recherche_et_d%27information_ind%C3%A9tpendantes_sur_la_radioactivit%C3%A9,

Il ne faut pas hésiter à qualifier les activités nucléaires aussi bien militaires que civiles de criminelles.

Et dans le monde, La fin programmée de l’énergie nucléaire ?
La nouvelle édition du « World Nuclear Industry Status Report » sur la situation du nucléaire civil dans le monde vient de sortir. Ce rapport présente chaque année un panorama du parc nucléaire mondial. Bien que maintenu à flot par la Chine, il ne couvre que 10 % de l’électricité mondiale produite, soit 2 % seulement de l’énergie totale consommée sur la planète.. Il n’est guère optimiste pour l’avenir…
https://www.worldnuclearreport.org/Energie-La-filiere-nucleaire-stagne-dans-le-monde…

Un déclin irréversible ? Tandis que le plus grand constructeur de l’histoire du nucléaire Westinghouse a fait faillite en 2017, Areva techniquement en faillite a été sauvée par l’État et restructurée, devenant Orano pour une part de ses activités.

Les réacteurs vieillissants ne sont guère remplacés, tandis que les énergies renouvelables sont de plus en plus compétitives. À la mi-2021 33 pays exploitaient 415 réacteurs nucléaires, d’âge moyen de 31 ans. Par ailleurs, en 2020, la production nucléaire a diminué de 4 %, tandis que la production électrique de l’éolien et du solaire a augmenté de 13 %.

Cela s’explique notamment par la perte rapide de compétitivité de l’énergie nucléaire : entre 2009 et 2020, les coûts du solaire ont baissé de 90 % et ceux de l’éolien de 70 %, tandis que les coûts de construction des réacteurs nucléaires ont augmenté de 33 %. Ceci explique que dans l’Union européenne, les énergies renouvelables non hydroélectriques ont généré en 2020, pour la première fois, plus d’électricité que les centrales atomiques.

Un autre symptôme du déclin prévisible de l’énergie nucléaire est le faible renouvellement du parc de réacteurs. Si tous ceux qui sont en service allaient jusqu’à la fin de leur durée de fonctionnement autorisée, 120 réacteurs supplémentaires devraient être mis en service avant la fin de 2030 pour simplement maintenir le statu quo. Cela impliquerait de doubler le rythme de construction annuel de la décennie, c’est-à-dire passer de 6 à 12 unités. Or, depuis 2016, le rythme de construction a encore ralenti : moins de 5 mises en chantier par an. La capacité nucléaire globale est donc appelée à diminuer, sauf si la Chine relancait un gros programme de construction. .


En Chine, L’espoir des nucléocrates repose sur la Chine, qui a dépassé la France en tant que deuxième producteur d’électricité nucléaire au monde. Un espoir lui aussi à modérer, la production d’électricité nucléaire en Chine n’a augmenté que de 4% en 2020, tandis que celle des renouvelables a crû de 8 %.

Très récemment la Chine a annoncé un grand programme de construction de plusieurs dizaines de réacteurs nucléaires dans l’avenir. Elle promet de devenir leader des énergies nucléaire mais aussi solaire, éolienne!

Au Japon, le nucléaire est au ralenti malgré les ambitions du gouvernement. Il y avait 54 réacteurs exploitables au moment de la catastrophe de Fukushima, tous arrêtés à ce moment là. A ce jour il n’en reste plus que 33 dont seulement sept sont actuellement en service. l’énergie nucléaire représentait près d’un tiers de la production d’électricité au Japon, elle n’est plus que de 6% actuellement et le manque a été comblé essentiellement par les centrales thermiques au charbon ou au gaz et par les énergies renouvelables..

Le gouvernement japonais rêve de faire comme la France, d’après ses plans, la part de l’énergie nucléaire devrait remonter à 22% environ d’ici à 2030 .
En fait, trois réacteurs étaient entrés en construction avant le sinistre de Fukushima et 6 autres étaient en projet, mais tout a été gelé depuis cette catastrophe. De plus, la plupart des installations qui devaient permettre au Japon de maîtriser le cycle du combustible, dont une usine de retraitement, n’ont jamais fonctionné et pourraient même être démantelées sans jamais avoir été utilisées.

La France s’accroche désespérément à une industrie du passé contrairement à ses voisins (certains n’ont jamais eu recours à cette énergie, c’est le cas de l’Autriche, du Luxembourg et du Danemark, et d’autres comme la Belgique, l’Italie et l’Espagne en sortent).

Que savons-nous de l’opinion publique du pays,

Que nous apprennent les sondages quant à l’appréciation par les citoyens de la politique énergétique du pays? Des résultats contradictoires :
La comparaison entre deux sondages réalisés par Odoxa, en 2018 et en 2021, fournit des informations assez étonnantes. Les sondés tout à fait opposés au nucléaire ne seraient plus que 7% en 2021 alors qu’ils étaient 19% en 2018. On y voit que ce sont les sympathisants de droite et d’extrême droite qui sont les plus favorables au nucléaire.

Mais 50% des sondés considèrent que le nucléaire est plutôt une menace pour l’environnement à cause de la gestion des déchets nucléaires et des risques d’accidents graves qu’il présente, alors que 47% pensent que le nucléaire est plutôt une opportunité pour l’environnement car il serait la principale source d’énergie décarbonée et non polluante contrairement au charbon ou au pétrole.

Un autre sondage contredit les résultats ci-dessus notamment sur les investissements à faire :

https://fr.boell.org/fr/2020/12/09/francais-et-allemands-attendent-un-engagement-plus-fort-de-lue-et-du-tandem-franco,

https://www.lemonde.fr/economie/article/2021/10/10/les-francais-majoritairement-pour-le-nucleaire-mais-contre-de-nouvelles-centrales_6097829_3234.html,

64 % des Français estiment qu’il faut investir prioritairement dans les énergies renouvelables. Seuls 10 % estiment qu’il faut investir en priorité dans la modernisation du parc nucléaire et la prolongation de la durée de fonctionnement des centrales.

Selon l’Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire (IRSN) 53 % des Français considèrent que cette énergie a été une bonne chose pour la France, mais ils seraient 45 % à s’opposer à la construction de nouvelles centrales.

Une large majorité de Français favorables à l’éolien ,
https://www.lemondedelenergie.com/francais-favorables-eolien-sondage/2021/10/08/,
Les Français ont en majorité une image favorable de l’énergie éolienne, et cette adhésion est encore plus marquée chez ceux vivant à moins de 10 km d’un parc éolien, selon un sondage publié cet été, commandé à Harris Interactive par l’Ademe (Agence pour la transition écologique) et le ministère de la transition écologique. Commentaire d’Arnaud Leroy, le PDG de l’Ademe « Depuis plusieurs mois, les énergies renouvelables, en particulier les éoliennes, font l’objet de vifs débats, voire sont les cibles de virulentes controverses. Ce sondage nous montre que la relation entre les Français et l’énergie éolienne n’est pas aussi polarisée qu’il n’y paraît« , relevant au contraire « une adhésion pour faire face au dérèglement climatique« .

Dans cette enquête, 73% des sondés disent avoir une bonne image de l’éolien, 27% une mauvaise image. D’une façon surprenante l’avis favorable est plus élevé chez 80% des personnes possédant une résidence à moins de 10 km d’un champ éolien, et chez 88% de moins de 35 ans. Notons que les associations qui se soulèvent contre les projets d’éolien son souvent animées par des anciens du CEA ou d’EDF…..

Près de 9 personnes sur 10 considèrent que le développement des énergies renouvelables en France est nécessaire face au dérèglement climatique. Mais il faudrait que l’État comme nos voisins espagnols et allemands impose des systèmes solaires sur les bâtiments neufs !

Quant à la polémique « éolien ou nucléaire » le gestionnaire du réseau électrique RTE a planché sur le mix entièrement décarboné du futur, et a proposé cet automne six scénarios pour une électricité zéro carbone en 2050, allant du 100% énergies renouvelables à une puissante relance du programme nucléaire français. Mais bien sûr c’est la relance du nucléaire que choisit le pouvoir!
https://www.liberation.fr/economie/eolien-ou-nucleaire-six-scenarios-pour-une-electricite-zero-carbone-en-2050-20210608_EIGRA7GZKJHAHNQSZ4GTQOF4EA/.

Bilan électrique français, que retenir de 2020 ?

Le Réseau de Transport d’Electricité (RTE) vient de publier son bilan électrique pour 2020 :
https://assets.rte-france.com/prod/public/2021-03/Bilan%20electrique%202020.pdf

Par rapport à 2019 la consommation d’électricité a diminué de 5 %. Elle avait déjà diminué de 1 % l’année précédente, avant le covid. La consommation électrique de l’activité industrielle a baissé, drastiquement de 10 %, tandis que celle du secteur résidentiel est restée plutôt stable à 38 % de la consommation totale, elle est donc relativement stable depuis 2010.

La production d’électricité d’origine nucléaire est en baisse, à 67% de la production totale d’électricité en France. Cette baisse n’est pas due à la fermeture de la centrale de Fessenheim qui aurait dû être arrêtée de toutes façons pour d’importantes révisions, mais par une moins bonne disponibilité des centrales.

Les renouvelables ont couvert 25,5 % de la consommation, dont l’hydraulique 13 %, et l’éolien devenant la 3ième source d’électricité 7,9 %. Le solaire quant à lui est à 2,5 %.

Les centrales thermiques, tous fossiles confondus, en fournissant 7,5 %, dont principalement le gaz à 6,9 %. Cela permet à EDF de prétendre à la fourniture d’électricité décarbonée à 92 % …. Dans la mesure où l’électronucléaire est effectivement décarboné…

Précisons enfin que la France a exporté 2 fois plus d’électricité qu’elle en a importé, sauf que les ventes ont lieu plutôt en heures creuses à prix cassé (le nucléaire fonctionnant en base), et les achats aux heures de pointe au prix fort ! La fiabilité financière d’EDF est ébranlée. Les agences de notation ont dégradé en juin 2020 sa note notamment en raison d’une « disponibilité des réacteurs nucléaires plus faible que prévu ». Quant à la filiale britannique d’EDF, EDF Energy, elle a été rétrogradée à une catégorie très inférieure.

Parcours parmi les multiples difficultés de l’industrie nucléaire française.

– C’est un mode de production d’électricité dont le faible rendement thermodynamique (à peine plus de 30%) conduit à des pertes de chaleur considérables. Compter sur une industrie ayant d’aussi piètres performances, pour atténuer le réchauffement climatique en faisant mine d’ignorer qu’elle en est un des facteurs importants, est à tout le moins déraisonnable. De plus le nucléaire continue à produire des désordres sanitaires, environnementaux, économiques et politiques, en plus des catastrophes majeures.

Pour ces raisons la contribution de l’énergie nucléaire à l’approvisionnement énergétique mondial n’est que de l’ordre de 2%, et ne peut pas vraiment augmenter.

Que faire des combustibles usés qui s’accumulent ? Il n’existe pas de solution à la gestion des combustibles nucléaires usés et des déchets radioactifs, ni en France ni ailleurs. Lancer un nouveau parc nécessiterait de redimensionner l’usine de retraitement de La Hague, de prévoir de nouveaux sites d’entreposage et d’avoir la garantie que le centre d’enfouissement des déchets radioactifs Cigéo soit mis en service un jour. Sur ce dernier point, le 23 novembre, l’Autorité environnementale a souligné un manque d’information sur les coûts environnementaux et économiques de ces différentes installations.

Les piscines d’entreposage des combustibles usés sont bientôt saturées. Les parades envisagées par EDF et Orano, sont la construction d’une nouvelle piscine à la Hague, un moxage accru des réacteurs de 900 MWe et un entreposage à sec des combustibles usés. Cela explique sans doute pourquoi EDF cherche à acheter des terrains autour des centrales nucléaires existantes.

La Hague. L’usine de retraitement de déchets radioactifs de la Hague est l’un des centres atomiques les plus polluants en fonctionnement « normal ». Selon l’association Robin des bois, la Hague polluerait autant qu’une porcherie industrielle de 100 000 porcs. Chaque année, elle rejette 2 000 tonnes de nitrates directement dans la Manche issues de l’acide nitrique utilisé pour dissoudre les combustibles irradiés et pour séparer le plutonium, l’uranium et les produits de fission.… »
https://yonnelautre.fr/spip.php?article3603#forum160607,

S’y ajoute d’après le Groupe radioécologie du Nord Cotentin 100 tonnes de nitrite, 2 900 tonnes de phosphore, les métaux lourds tels que plomb et mercure, sans compter évidemment les innombrables rejets de substances radioactives qui contaminent la Manche…..

De plus l’un des 2 évaporateurs concentrateurs de produits de fission de La Hague, dont les équipements vieillissent, a atteint un niveau de corrosion qui le fragilise. L’arrêt  de cet évaporateur entraînera une diminution embarrassante de la capacité de retraitement.

A l’usine Melox de Marcoule qui fabrique le combustible MOX (mélange d’oxydes d’uranium et de plutonium) destiné aux réacteurs de moyenne puissance, les difficultés ne manquent pas avec un nouveau procédé de production. EDF à dû alors réduire le nombre d’assemblages MOX fabriqués, ce qui entraîne une moindre consommation du plutonium qui s’accumule à La Hague (le plutonium destiné au départ à la bombe est la pire substance jamais élaborée par l’humanité, par sa terrible toxicité aussi bien chimique que radioactive ; et sa durée de vie est éternelle à notre échelle).

Les centrales du Bugey et du Tricastin sont désormais les plus anciennes de France, depuis la fermeture de celle de Fessenheim. Elles approchent des cinquante ans et n’ont jamais été conçue pour cette durée. Elles vieillissent mal, elles subissent de multiples dysfonctionnements inquiétants, et il est avéré que les coeurs de celles du Tricastin sont fissurées !

Au Tricastin justement, un scandale a éclaté en novembre dernier, un cadre de l’entreprise a révélé la dissimulation des incidents de sûreté. Il a déposé plainte contre EDF, accusant sa hiérarchie de l’avoir « placardisé » pour avoir dénoncé une « politique de dissimulation » d’incidents de sûreté. Cela nous autorise à nous poser des questions sur le rôle de l’autorité de sûreté du nucléaire (ASN),
https://www.linfo.buzz/centrale-nucleaire-de-tricastin-des-dissimulations-en-cascade/,

La filière EPR en question. La France montre de graves signes de déclin technologique et industriels, notamment avec son incapacité à terminer la construction d’un EPR en Finlande, et celui de Flamanville en Normandie, dont les coûts et les délais du contrat initial ont été multipliés par quatre! Le premier EPR, mis en fonctionnement à Taïshan en Chine en 2018, est aujourd’hui à l’arrêt, suite à une grave défaillance qui paraît due à un défaut générique qui concernerait toute la filière.

Sous traitance danger. EDF sous-traite désormais 80% de la maintenance de ses centrales, malgré une précarisation sans cesse dénoncée. Les « nomades du nucléaire » mal payés, exposés aux rayonnements, mal formés, pressés par le temps réduit d’intervention ne peuvent garantir un travail de qualité garantissant la sûreté des réacteurs.

Démantèlement, la France ne maitrise toujours pas le démantelement d’une centrale nucléaire, alors que la question devient d’actualité. La centrale de Brennilis en Bretagne, mise à l’arrêt en 1985 devait être une vitrine des capacités de démantèlement. 35 ans plus tard, elle n’est toujours pas démantelée.

EDF en quasi faillite. EDF est lourdement endettée à hauteur d’une cinquantaine de milliards d’euros, auquel s’ajoute 100 milliards d’euros pour le rafistolage des réacteurs de plus de 40 ans, ainsi que 35 milliards d’euros du projet d’enfouissement des déchets nucléaires CIGEO à Bure. Pour les 6 nouveaux EPR à la sûreté au rabais , il faudrait trouver au minimum 60 milliards. La Cour des Comptes a jugé en 2020 qu’ EDF n’en avait pas les moyens. Quant au chantier d’Hinkley Point en Angleterre, il prend le chemin du fiasco de Flamanville avec retards, malfaçons et inflation des coûts.

En conclusion, le grand et dangereux mensonge,

L’État a engagé une grande campagne de promotion du nucléaire au nom de la lutte contre le bouleversement climatique. Son but est bien sûr de préparer l’opinion aux décisions de construire de nouvelles centrales atomiques.

Nous affirmons que cette campagne s’appuie sur un énorme mensonge, celui de la production propre et décarbonée d’électricité nucléaire. En effet tout l’amont et l’aval du fonctionnement d’un réacteur impliquent d’énormes consommations de matériaux, d’énergies fossiles, entrainant d’importantes contaminations radioactives et pollutions de toutes sortes.

Par ailleurs, face à l’urgence climatique, comment prétendre construire rapidement de nouveaux réacteurs quand on sait le fiasco de ceux en construction en Finlande et à Flamanville, et que l’un des deux seuls en fonctionnement en Chine a été mis à l’arrêt révélant déja un grave défaut générique qui remet en cause la fiabilité de la filière.

Comme dans les pays voisins, il faut appeler à l’arrêt du nucléaire, et à la promotion de la sobriété énergétique en même temps que des énergies renouvelables. A l’inverse les décisions de l’Etat, enrobées de beaux discours, nous engagent vers une société gourmande en électricité et en énergie. La surenchère dans le soutien au nucléaire de la majeure partie des candidat.e.s à la présidentielle, Emmanuel Macron compris, est tout simplement lamentable. Les générations futures méritent mieux que ces propositions d’un autre âge.

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Collection Stratégies Energétiques, Biosphère et Société (SEBES).

Rectification

Créée en 1990 par l’Association pour l’Appel de Genève (APAG), cette Collection a été dirigée dès 1995 par la Fondation Stratégies Energétiques, Biosphère et Société (FBS) issue de l’APAG. Depuis lors, elle a toujours été dirigée collectivement par le Conseil de ladite Fondation in corpore.
Contrairement à l’annonce que l’on trouve sur le Web, jamais cette Collection des Editions Georg n’a été dirigée par M. Hervé Lethier (*), Consultant international ès environnements. Ce dernier n’a pris aucune part, directement ou indirectement, à la direction ou au contenu de cette Collection ni d’aucune de ses publications.

Professeur Ivo Rens, Faculté de droit, Université de Genève, 22 novembre 2021.

Ivo Rens et Philippe Lebreton éd., Le soleil pour un développement durable, Georg, Genève 1995177 pages. http://www.akademia.ch/sebes/

Ivo Rens et Joel Jakubec éd.  Le droit international face à l’éthique et à la politique de l’environnement, Georg, Genève 1996270 pages. http://www.akademia.ch/sebes/

Ivo Rens et Joel Jakubec éd., Radioprotection et droit nucléaire, Georg, Genève, 1998411 pages. http://www.akademia.ch/sebes/

Jean-Paul Bozonnet et Joel Jakubec éd.,  L’écologisme à l’aube du XXIe siècle, de la rupture à la banalisation ? Georg, Genève, 2000. 254 pages.

Joel Jakubec éd., Le développement durable, un bilan multisectoriel provisoire, Georg, Genève, 2004.126 pages.

Benoît Lambert, Cyclopolis, ville nouvelle, contribution à l’écologie politique, Georg, Genève, 2005. 285 pages.

Jacques Grinevald, La Biosphère de l’Anthropocène – climat et pétrole, la double menace – repères transdiciplinaires (1824-2007), Georg, Genève, 2007. 293 pages.

Ivo Rens, Entretiens sur l’écologie, de la science au politique, Georg, Genève, 2017. 227 pages.

Font en outre partie de SEBES les publications suivantes accessibles en ligne sur le site des Classiques des sciences sociales http://classiques.uqac.ca

Ivo Rens éd.,Le nucléaire contre l’effet de serre? Gazette de l’APAG (**), Genève 1990. 64 pages.

Ivo Rens et Philippe Lebreton éd., La radioactivité et le vivant,Gazette de l’APAG(**), Genève 1991. 128 pages.

Ivo Rens éd.,Utilisation rationnelle de l’énergie I, Gazette de l’APAG (**), Genève 1992 108 pages.

Ivo Rens éd.,Utilisation rationnelle de l’énergie II, Gazette de l’APAG (**), Genève 1993119 pages.

Ivo Rens éd.,  Explosion démographique contre développement durable,Genève, 1994154 pages.

Philippe Lebreton, Le futur a-t-il un avenir?  Pour une responsabilité socio-écologique, Le sang de la Terre, Paris, 2012. 378 pages.

(*) Président de la Fondation Biosphère et Société depuis 2018.

(**) Titre d’une publication périodique de l’APAG qui préexistait à SEBES.

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Stratégies Énergétiques, Biosphère et Société

Collection dirigée par Hervé Lethier


Lancée en 1990 par un groupe d’universitaires suisses et français, Stratégies énergétiques, Biosphère et Société (SEBES) était une revue, en principe annuelle. En 1996, SEBES s’est transformée en une collection des Editions Georg. La série SEBES est parrainée par la Fondation Biosphère et Société, à Genève.
    La collection est dirigée par M. Hervé Lethier, consultant international, Philippe Lebreton, professeur émérite de biologie végétale, Université Claude Bernard Lyon 1, Ivo Rens, professeur honoraire de la Faculté de droit de l’Université de Genève.

Site de la Fondation Biosphère et Société

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NON à la construction de nouveaux réacteurs nucléaires en France

Pétition lancée par l’Observatoire du nucléaire

Adressée à : tous les citoyens de France et d’Europe

Pétition lancée par l’Observatoire du nucléaire

Adressée à : tous les citoyens de France et d’Europe

Le fiasco des chantiers de construction des réacteurs EPR est total : Areva (qui a depuis fait faillite, en partie du fait de cet échec) et EDF ont respectivement commencé leurs chantiers en 2005 et 2008, les réacteurs devaient entrer en service en 2009 et 2012 or, à ce jour, ils ne sont pas terminés et présentent de graves malfaçons. De plus, annoncé au prix unitaire de 2,8 milliards (1), un EPR coûte en réalité pratiquement 20 milliards selon la Cour des comptes.

De fait, le lancement de nouveaux chantiers de réacteurs EPR ne pourrait que se solder par un désastre industriel et financier, achevant de ruiner EDF… et la France.

Bien sûr, EDF prétend être en mesure de tirer les enseignements des fiascos en cours pour ne pas connaître les mêmes mésaventures. Mais c’est déjà ce que disait EDF à propos du chantier de Finlande : on allait voir la différence à Flamanville… or c’est le même désastre.

Deux EPR ont ensuite été construits par les Chinois à Taïshan (Chine), avec certes un retard moins important mais se comptant néanmoins en années. Mais ce ne sont pas les Chinois qui vont venir faire des EPR en France où EDF a perdu toute maîtrise de ce genre de chantiers.

Et, surtout, la centrale de Taïshan connait de graves problèmes : le réacteur numéro 2 a dû être arrêté en juillet 2021 à cause de fuites radioactives importantes (2) : il apparait que c’est la conception même de l’EPR qui est en cause.

Si jamais les EPR de Finlande et de Flamanville entrent un jour en service, ainsi que d’éventuels autres EPR, il est certain qu’ils rencontreront les mêmes graves problèmes.

Pour mémoire, la cuve de l’EPR de Flamanville est défectueuse mais, suite à de terribles pressions de la part d’EDF, l’Autorité de sûreté nucléaire a fini par la valider en bafouant ses propres préconisations (3). Or, en cas de rupture de la cuve, aucune parade n’est possible et ce sera une catastrophe comparable à celles de Tchernobyl et Fukushima, avec la contamination de la France et d’une bonne partie de l’Europe.

Alors que l’on peut encore lire ici ou là que la France est « à la pointe de la technologie nucléaire » et qu’elle fait preuve d’un « savoir-faire que le monde entier nous envie », il faut rappeler que EDF et Areva ne se sont pas seulement ridiculisées sur les chantiers d’EPR mais aussi avec un des pires scandales industriels au monde : la fabrication de milliers de pièces défectueuses dans les usines Areva du Creusot, accompagnée de la falsification de milliers de documents de sûreté. (4)

Notons à ce sujet que cela fait plus de cinq ans que la justice a été saisie et qu’elle ne semble pas pressée de faire la vérité dans cette affaire pourtant de la plus grande gravité. (5)

Aujourd’hui encore, EDF trompe l’Autorité de sûreté nucléaire avec « une politique de dissimulation des incidents », dénoncée par un courageux cadre lanceur d’alerte (6).

A l’opposé d’une légende entretenue par les supporters de l’atome, l’Autorité de sûreté nucléaire français n’est absolument pas « la plus stricte et la plus compétente du monde », bien au contraire : ce n’est pas elle qui a découvert la défectuosité de la cuve de l’EPR (7) et elle en est réduite à attendre les révélations des lanceurs d’alerte.

Notons enfin que, contrairement à ce qui est prétendu ces temps-ci, le nucléaire ne peut absolument pas « sauver le climat » : la part du nucléaire dans l’électricité mondiale s’est effondrée de 17,1% en 2001 à 10,4% à ce jour, alors que la part des énergies renouvelables, en plein essor, en est déjà à 25,5% : plus du double du nucléaire ! (8)

Pour toutes ces raisons et bien d’autres (risques de catastrophe, aucune solution pour les déchets radioactifs, rejets massifs de produits radioactifs et chimiques des centrales dans les rivières, etc), nous affirmons qu’il ne faut surtout pas construire de nouveaux réacteurs nucléaires en France et, au contraire, fermer dès que possible les réacteurs actuels, de plus en plus délabrés et dangereux. Le nucléaire est une énergie du siècle dernier, choisissons plutôt l’avenir !

Stéphane Lhomme, Directeur de l’Observatoire du nucléaire

http://www.observatoire-du-nucleaire.org

(1) et non 3,3 milliards comme écrit ici ou là, cf :

http://www.observatoire-du-nucleaire.org/spip.php?article41

http://www.observatoire-du-nucleaire.org/IMG/pdf/edf-promo-epr-2005.pdf

(2) https://www.20minutes.fr/monde/3094279-20210730-chine-reacteur-finalement-mis-arret-apres-incident-epr-taishan

(3) http://www.observatoire-du-nucleaire.org/spip.php?article341

(4) https://www.lepoint.fr/environnement/areva-le-creusot-des-anomalies-s-apparentent-a-des-falsifications-25-10-2016-2078544_1927.php

(5) https://www.connaissancedesenergies.org/afp/areva-lobservatoire-du-nucleaire-depose-plainte-pour-faux-et-mise-en-danger-dautrui-160504

(6) https://www.francetvinfo.fr/societe/nucleaire/centrale-nucleaire-du-tricastin-un-cadre-denonce-une-politique-de-dissimulation-des-incidents-et-porte-plainte-contre-edf_4842217.html

(7) http://www.observatoire-du-nucleaire.org/spip.php?article336

(8) https://www.connaissancedesenergies.org/sites/default/files/pdf-pt-vue/KeyWorldEnergyStatistics2021.pdf, page 30

Auteur : Stéphane Lhomme

https://www.leslignesbougent.org/petitions/non-a-la-construction-de-nouveaux-reacteurs-nucleaires-en-france-4879/

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Les solutions écologiques françaises

Source : Le Temps, quotidien, Genève, 13 octobre 2021.

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