Pour une sortie immédiate du nucléaire

JEUDI 19 SEPTEMBRE 2013

La ville d’Odaka La ville d’Odaka, située à environ 25km de Fukushima Daïchi, a été complètement évacuée de ses quinze mille habitants en mars 2011 après la fusion partielle des cœurs de trois réacteurs de la centrale nucléaire et le rejet de grandes quantités de radioactivité.

Jean-Patrick Di Silvestro

APPEL DE GENEVE II • Une démarche citoyenne demande aux autorités suisses la fermeture des centrales nucléaires suisses, avant qu’un accident ne se produise.

Une série de personnes issues de la société civile, d’élus politiques et d’académiciens ont lancé hier un appel pour une sortie immédiate du nucléaire. Cette démarche s’inscrit dans la droite ligne d’un premier Appel de Genève datant de 1978 et qui visait à contrer la filière surgénératrice (voir ci-contre).
Le texte de l’Appel de Genève II (reproduit ci-dessous) plaide pour une sortie immédiate du nucléaire. Il est adressé aux autorités fédérales, cantonales et communales. Son contenu a été présenté hier à la presse.
Pour les initiateurs de cette mobilisation, la position du Conseil fédéral – visant à une sortie à terme de la filière électronucléaire – est jugée insuffisante, voire dilatoire. «Avec le nucléaire, en cas d’accident, l’ampleur du dommage est telle que l’esprit humain peine à en appréhender les conséquences», relève Ivo Rens, un des initiateurs du premier Appel de Genève.
Ainsi, la gravité de Tchernobyl a été sous-évaluée. Pendant des années, il a été affirmé que le bilan était de trente-six victimes. L’Académie des sciences de New York a pourtant validé les études estimant que le bilan sera au final plus proche du million de morts au niveau européen, souligne M. Rens. Et contrairement à une rupture de barrage, par exemple, «un accident nucléaire rend définitivement inhabitables des régions, voire des pays entiers», détaille-t-il.

Déclencheur
La catastrophe de Fukushima, qui a commencé le 11 mars 2011, a été le déclencheur de cette volonté de remettre la question du risque technologique majeur sur le tapis. «On ne peut plus attendre, comme le propose Mme Doris Leuthard», observe Pierre Lehmann, ingénieur et physicien, lui aussi une des chevilles ouvrières du premier Appel de Genève. «Personne ne peut garantir qu’un accident ne se produira pas, assure-t-il. Si une avarie se produit à Mühleberg, il faudrait évacuer la ville de Berne. Qui en est capable aujourd’hui?»
De fait, selon le journaliste Robert James Parsons, qui est en train de traduire le texte de l’appel en anglais, la question a sérieusement été envisagée pour Tokyo en 2011, le vent ayant rabattu le nuage radioactif sur cette mégapole. Mais les autorités y auraient renoncé vu la taille de l’agglomération (13 millions d’habitants).
Au Japon, toutes les centrales ont été arrêtées car présentant des défauts au niveau de la sûreté, constate Pierre Vanek, de Contratom. «Cela montre donc bien qu’une sortie du nucléaire était possible, mais il aurait été souhaitable qu’elle s’opère avant la catastrophe.»

Non résolu car insoluble
Pierre Lehmann pointe également le problème des déchets, toujours pas résolu car insoluble. «On parle de durées de l’ordre de mille siècles pour que ces déchets deviennent inoffensifs. Pour lui, la seule solution consisterait à fermer les centrales et à stocker in situ les déchets déjà produits. «Ce seront des mausolées pour le futur, pour rappeler à nos descendants le danger qu’il y a à prendre des risques qu’on ne sait pas gérer.»
L’Appel de Genève II est signé par des personnalités provenant de milieux divers, de gauche comme de droite. «Nous ne voulons pas nous inscrire dans les clivages politiques», souligne M.  Rens. On trouve parmi les premiers signataires, l’ancienne présidente de la Confédération, Micheline Calmy-Rey. La lettre d’accompagnement à l’attention des autorités suisses est cosignée par le conseiller administratif de la Ville de Genève, Rémy Pagani. I

L’Association pour l’appel de Genève II
a été formellement constituée. Elle dispose depuis hier d’un blog sur lequel il est possible de s’informer, voire d’adhérer
à l’association en signant l’appel. apag2.wordpress.com

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