A Monsieur Ueli Maurer,
Président de la Confédération
Au Conseil fédéral de la
Confédération suisse
Palais fédéral
3003 Berne
Concerne : Sortie du nucléaire. Genève, ce 22 novembre 2013
Monsieur le Président de la Confédération,
Mesdames les Conseillères fédérales,
Messieurs les Conseillers fédéraux,
Nous vous remercions, Monsieur le Président de la Confédération, de votre lettre du 11 novembre répondant à notre missive du 14 septembre 2013. Nous sommes sensibles à votre affirmation selon laquelle le Conseil fédéral partage l’objectif de l’Appel de Genève II d’abandonner l’énergie nucléaire.
Il existe toutefois une différence entre notre position et celle du Conseil fédéral, c’est que nous souhaitons que cet abandon ait lieu avant que ne survienne dans nos centrales un accident nucléaire. Certes, le Conseil fédéral se veut du même avis, mais il « souhaite toutefois laisser en service les centrales existantes aussi longtemps qu’elles seront sûres » et se fie, quant à leur sécurité et à leur sûreté, à l’avis de l’Inspection fédérale de la sécurité nucléaire (IFSN).
C’est sur ce point capital que réside notre divergence. Nous sommes d’avis que dans notre monde de violence, la sûreté des centrales nucléaires n’est jamais garantie et que, au surplus, la sécurité de nos centrales est sujette à caution parce que plusieurs d’entre elles figurent parmi les plus vieilles du monde et qu’il n’est guère contesté que la sécurité des centrales décroît avec leur vieillissement du fait du bombardement neutronique prolongé de la cuve et des autres dispositifs exposés.
Nos sommes également d’avis que l’expertise scientifique institutionnalisée aussi est sujette à caution, nonobstant la compétence et l’impartialité des experts de l’IFSN, car, du fait même de leur position officielle, ces derniers ne peuvent s’empêcher d’opérer une pesée d’intérêts entre les critères de sécurité ou de sûreté et les inconvénients pour l’économie d’un abandon immédiat. Or, nous sommes d’avis qu’une telle pesée d’intérêt est fallacieuse tant le désastre inhérent à la contamination radioactive et à l’inhabitabilité d’une partie de notre pays ensuite d’un accident grave, qui pourrait survenir demain, est incommensurable avec les inconvénients incontestables d’un abandon immédiat pour l’économie.
Nous vous serions reconnaissants, Monsieur le Président, de bien vouloir faire valoir notre position au Conseil fédéral ainsi qu’aux Chambres fédérales, car nous sommes profondément convaincus qu’il y va de l’intérêt général dont le Conseil fédéral, le Conseil national et le Conseil des Etats ont la garde.
Dans cette attente, nous vous adressons, Monsieur le Président de la Confédération, Mesdames et Messieurs les Conseillers fédéraux, l’assurance de notre haute considération.
Pour l’Appel de Genève II,
Paul Bonny, Citoyen de Genève
Ivo Rens, Professeur honoraire, Université de Genève
Rémy Pagani, Conseiller administratif, Ancien Maire de Genève
Copie aux Présidents du Conseil national, du Conseil des Etats, du Conseil d’Etat de Genève, du Grand Conseil de Genève et de la Maire de Genève.