par xxx
décembre 2021
– A la mi-octobre 2021, le président de notre République vient d’annoncer un programme électro-nucléaire quantitativement et qualitativement délirant, le « Plan France 2030 », qui nous impose un patchwork énergétique dont les éléments semblent tirés d’un chapeau par un clown ignare et hors sol, car rien de ce qu’il faudrait connaître pour maîtriser la question n’est enseigné sur les bancs de l’ENA ou pris en considération dans les couloirs des Banques.
– Une telle ignorance ou incompréhension simultanées de l’ENERGIE étant partagées par le Français dit moyen, Emmanuel Macron (et son entourage nucléophile) va pourtant convaincre aisément l’opinion publique, vu la manière dont on a longtemps enseigné cette discipline dans nos collèges et dans nos lycées. Quant aux échecs plus que patents, financiers et chronologiques, avec dans les deux cas multiplication par le vieux nombre pi (dit encore coefficient de McNamara, conseiller de John Kennedy) de notre filière des EPR, ils sont passés sous silence (ou aux profits et pertes ?). On propose, ou plutôt on impose le remplacement des deux plus vieilles centrales de Fessenheim ou de Bugey par des EPR, dont six ont été fourgués à l’Angleterre, où EdF a raflé la mise avec ses RPE (= Réacteur Pressurisé Européen, sic !). Pourtant, au 31 juin 2019, la dette brute de EdF s’élevait à 63,5 milliards d’€uros, dont on se contente de verser aux banques les intérêts annuels, à défaut du capital ; mais ça peut durer longtemps, car l’Etat (c’est à dire le contribuable) sera toujours solvable.
– En ce qui concerne la sûreté électro-nucléaire, deux organismes co-existent, la SFEN (Société française d’électro-nucléaire), dotée d’une très habile porte-parole, selon laquelle le kWh français est le moins coûteux au Monde, en négligeant les émissions de gaz carbonique par les engins de travaux au niveau des mines uranifères, au Niger et au Kazakhstan, et en oubliant le problème de l’enfouissement et de la maintenance de déchets radioactifs pendant des milliers d’années. Le second organisme est l’ASN (Autorité de sûreté nucléaire), dont l’avis, contrairement au celui du précédent, est juridiquement incontournable, si bien que son constat des fissures dans des cuves de réacteurs forgés par Framatome Creusot (Saône-et-Loire) a pesé très lourd dans le calendrier électro-nucléaire de notre pays, le plus important de la planète, notamment à Flamanville mais aussi en Finlande.
– Dans ce dernier pays, où le réacteur Olkiluoto 3, géré par AREVA, organisme financé à 86 % par l’Etat français et le CEA (Commissariat à l’Energie Atomique), dont Siemens s’est désengagé, le chantier a débuté en 2005 et devait se terminer en 2009, pour un coût de 3 milliards d’€uros. Retardée à plusieurs reprises, la fin des travaux est aujourd’hui envisagée pour janvier 2022 (?). Des indemnités seront versées à la Finlande, payées par la COFACE, organisme abondé par les finances publiques, en fin de compte (sic !) par les citoyens…
– Mais c’est bien dans l’espoir de masquer les fissures (présidentielles, présentielles, virtuelles ou réelles), que le « Plan France 2030 » passe de la peinture en créant le concept des « mini-réacteurs », soit disant peu coûteux, plus rapides à construire et moins polluants en cas de problèmes : ce sont les SMR (Small modular reactor), « réacteurs modulaires de nouvelle génération », « mini-centrales » fabriquées en usine puis implantées çà et là en fonction de la demande. D’où un moindre coût et plus de souplesse espérés, puisque 3 fois moins puissantes que les EPR, meilleure acceptabilité sociétale et rayon plus faible d’impact, de pollution ou de contestation en cas d’accident…
– A ce point, on ne peut conclure que par un traitement « politique ». Mais le pessimisme s’accroît encore : face à un Emmanuel Macron, à une Marine Le Pen et un Eric Zemmour, sans parler d’une Gauche et d’une Droite unanimement pro-nucléaires, comment exprimer notre cri d’alarme ? En fait, notre société court droit à l’abîme car le seul espoir, celui de la sobriété réfléchie, sera refusé par quasiment tous, qui n’accepteront pas le moindre changement de comportement individuel ou collectif. La démarche est néanmoins nécessaire pour éviter le suicide de notre espèce, pourtant présumée sapiens…
– Voltaire (Candide, et candide) avait vu juste: avant de disparaître, vox clamentis in deserto, contentons-nous au mieux de « cultiver notre jardin », si possible sans glyphosate.