Bure : pourquoi le projet d’enfouissement des déchets nucléaires est si contesté

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par Thomas Liabot

Source : https://www.lejdd.fr/Societe/bure-pourquoi-le-projet-denfouissement-des-dechets-nucleaires-est-si-conteste-3581618

22 février 2018

Nous reproduisons ci-après un article certes ancien et dépassé, mais nous engageons nos lecteurs à consulter le site cité dans Liens ci-contre ainsi que les articles que nous avons publiés sur le sujet, notamment celui de Hans Zumkeller, Le projet CIGEO d’enfouissement en profondeur des déchets nucléaires à Bure. IR

Les gendarmes ont évacué jeudi matin des opposants au site d’enfouissement des déchets nucléaires de Bure (Meuse). Retour sur les contours de ce projet décrié.
Cinq cents gendarmes ont été déployés mercredi à Bure (Meuse) pour « mettre fin à l’occupation illégale » du Bois Lejuc, épicentre de la lutte contre le projet Cigéo d’enfouissement des déchets nucléaires. Ils mettent ainsi à exécution une décision de justice prise en avril par le Tribunal de grande instance de Bar-le-Duc ordonnant l’expulsion des occupants de cette zone. « Il n’est pas question que nulle part il y ait des zones de non droit », a insisté jeudi matin le porte-parole du gouvernement Christophe Castaner. Voici ce qu’il faut savoir de ce projet.
Un chantier à 25 milliards d’euros
Le projet Cigéo d’enfouissement des déchets nucléaires à Bure (Meuse), contre lequel se battent les opposants expulsés du site par la gendarmerie jeudi, consiste à enfouir à 500 mètres sous terre des déchets nucléaires très radioactifs ou à vie longue. Après le vote en 1991 de la Loi Bataille, qui a défini un calendrier pour gérer à long terme les déchets radioactifs, plusieurs options et sites ont été étudiés.
Le site de Bure a été choisi en 1998 pour l’implantation d’un laboratoire souterrain, dont la construction a commencé deux ans après. En 2006, une loi, complétée en 2016, a retenu la solution du stockage réversible en couche géologique profonde.
Au total, ce projet va coûter 25 milliards d’euros. Le site d’enfouissement aura une durée de vie de 100 ans environ et devra être scellé autour de 2130.
80.000 m3 de déchets radioactifs à 500m de profondeur
Cigéo se prépare à accueillir 80.000 m3 de déchets : 10.000 m3 de déchets hautement radioactifs et 70.000 de déchets de moyenne activité à vie longue. Selon l’Autorité de sûreté du nucléaire (ASN), ils représentent moins de 10% de la totalité des déchets produits mais forment plus de 99% de la radioactivité totale. En clair, ce sont les déchets les plus toxiques de France, ceux qui ne peuvent être traités, qui seront enfouis. On estime que leur durée de vie avoisine les 100.000 ans.
Pour l’instant, les déchets déjà produits sont stockés sur le site d’Areva à La Hague (Manche). Désormais, ils seront vitrifiés puis insérés dans de gros cylindres métalliques sur place, où ils devront passer 40 à 50 ans afin de refroidir suffisamment pour être entreposés en sous-sol.
A partir de 2030 environ et après accord du Parlement, les premiers déchets radioactifs arriveront à Bure en train. Ils seront ensuite acheminés dans les entrailles de la terre – à 490m de profondeur – avec un funiculaire via un tunnel en pente à 12%, sur 5 km Là, chaque « colis », de 500 à 600 kg pièce, sera entreposé dans la zone de stockage, vaste de 15 km2. Les déchets les plus dangereux seront introduits dans des alvéoles courant sur 100 m dans la roche argileuse.
Des arguments pour et contre
Enfouir des déchets nucléaires radioactifs n’est « pas une solution entièrement satisfaisante » mais c’est la « moins mauvaise », avait estimé Nicolas Hulot en novembre dernier. L’industrie nucléaire « nous laisse un tragique héritage de déchets à très haute intensité de radioactivité et de durée de vie très longue », et « que cela me déplaise ou pas, ils sont là, donc il va bien falloir qu’on s’en occupe », avait-il ajouté au Sénat lors d’une séance de questions au gouvernement.
Cet été, le directeur de Cigéo, Frédéric Launeau, avait assuré sur Europe 1 que « le projet s’appuie sur la géologie » : « La strate argileuse dans laquelle seront stockés les déchets est quasi imperméable. L’enfouissement permettra d’étaler dans un temps long le retour dans la biosphère de la radioactivité. »
Les détracteurs de ce projet pointent au contraire « l’insécurité géologique » : « Nul ne peut dire comment réagira la strate argileuse », pointe par exemple Greenpeace. « On préfère nous faire croire que l’on a trouvé une solution à la gestion des déchets radioactifs en les enfouissant en profondeur. Mais ce n’est pas le cas », avait aussi critiqué Jacques Leray, porte-parole du Cedra (Collectif contre l’enfouissement des déchets radioactifs), sur Europe 1.
« En choisissant d’enfouir, on nie le problème lié au fonctionnement de l’industrie nucléaire. Et on ne fait pas confiance à l’espèce humaine, ni aux progrès de la science. La technologie peut évoluer et permettre dans plusieurs dizaines d’années de trouver une meilleure manière de traiter ce type de déchets, d’autant que l’enfouissement est irréversible », estime-t-il.
D’autant plus que courant janvier, l’Autorité de sûreté nucléaire (ASN) a demandé à Cigéo de revoir sa copie pour les déchets les plus inflammables. « Si ce sujet n’est pas traité de manière satisfaisante, le stockage de ces déchets ne sera pas autorisé par l’ASN », avait indiqué le président de cette dernière, Pierre-Franck Chevet, dans un entretien au Monde.
(avec AFP)

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Classé dans Catastrophes, Technologies

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